Parlons MotoGP : L’homme qui ne s’arrêtait jamais

Marc Márquez, champion du monde MotoGP à six reprises, est sous le feu des projecteurs depuis le Grand Prix d’Allemagne. Si tout a plus ou moins été dit ou constaté à son sujet, nous devions revenir sur son cas. Car oui, nous avons changé d’avis sur un point ; comme d’habitude, une analyse s’impose.

 

La faim justifie les moyens

 

Après le Grand Prix de France, nous avions publié un épisode de Parlons MotoGP traitant du cas Márquez. L’analyse, que vous pouvez trouver en cliquant ici, à bien vieilli puisqu’il nous a donné raison. En effet, il ne peut pas gagner en forçant de cette manière, surtout contre une aussi forte opposition – sans doute la plus difficile à vaincre depuis son arrivée en MotoGP lors de la saison 2013.

Pour faire référence à cet écrit, nous ne le comprenons pas plus qu’avant, mais en omettant cela, en masquant la pure dimension de la performance et des résultats, nous ne pouvons cacher le fait qu’il nous a impressionné en Allemagne, puis aux Pays-Bas, ce qui n’était pas le cas auparavant. Marc Márquez a faim, plus que quiconque dans l’histoire.

 

 

Voir un pilote à ce point borné est tout à fait stupéfiant, presque beau. Une image nous a particulièrement bluffé ; au Sachsenring, lors des qualifications, Márquez chute de l’avant dans le dernier virage. L’Espagnol ne prend même pas le temps de regarder sa RC213V s’échouer dans le bac, et profite de l’élan pour se relever, se retourner, et traverser la piste en courant pour reprendre le mulet.

Marc Márquez est dans l’erreur, car, de toute évidence, son approche est très peu efficace, les statistiques nous le prouvent (aucun point marqué le dimanche en 2023). Mais il est tellement dans l’erreur et continue dans cette voie que ça le rend spectaculaire. En ce sens, sa seule présence sur un circuit rend service au MotoGP car on sait qu’il va se passer quelque chose. Sans doute pas quelque chose de très intelligent (demandez à Enea Bastianini), mais une image, un éclat de génie, ou une simple chute va en découler.

Nous n’avons jamais vu une légende du sport avoir faim à ce point là si tard dans sa carrière, à chuter comme s’il devait se faire une place. Depuis 2020, Marc Márquez a eu l’occasion de prendre sa retraite à cinq reprises, à tout le moins. Cela n’aurait choqué personne au vu des volumes, et du volume des volumes. Mais il est encore là, à chuter, à chasser la vitesse pure qui l’habitait autrefois. Cela entraîne le point suivant.

 

Pas fini de le voir en MotoGP

 

Il y a peu, nous pensions qu’il était à une grosse chute ou deux de prendre sa retraite. Mais après avoir vu les derniers Grands Prix, nous nous ravisons.

À Assen, il déclarait qu’il était peut-être au point le plus bas de sa carrière. Certes, en partie à cause des blessures (touché aux côtes et à bien d’autres endroits), mais aussi et surtout à cause des performances abyssales de sa machine. La RC213V 2023 est l’une des pires MotoGP de l’histoire, car elle fait douter les pilotes – nous y reviendrons pendant l’été.

 

 

Sa déclaration doit interpeler. Cela signifie donc qu’il est dans une moins bonne situation qu’en 2011, alors touché par un problème aux yeux, qu’en 2020, à deux doigts de devoir mettre un terme à sa carrière contre son gré, et qu’en 2021, avec tous les problèmes que l’on connaît (blessures en tous genres et diplopie). Marc Márquez privilégie donc les résultats plutôt que la santé. De ce fait, pourquoi arrêterait-il maintenant ? Cela ne ferait aucun sens. Pourquoi avoir autant galéré, et galérer encore, si ce n’est pour un jour revenir au plus haut niveau ? N’aurait-il pas stoppé il y a bien longtemps de cela s’il était à une ou deux chutes d’une blessure trop grave ?

Par le fait, nous changeons d’avis. Nous pensons qu’il est là pour un bon paquet d’années encore, qu’elles soient complètes ou entrecoupées de pauses. Cependant, nous n’arrivons toujours pas à comprendre pourquoi il désire tant revenir, ou par extension, quand s’arrêtera-t-il pour de bon. Décidera-t-il qu’il est tant de s’en aller quand il gagnera de nouveau une course ? Ou bien, quand il sera champion du monde pour la neuvième fois ? Mais la différence entre un huitième et neuvième titre justifie-t-elle autant de sacrifices ? Nous n’avons pas la réponse à ces questions.

Qu’en pensez-vous ? Dites-le nous en commentaires !

 

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport