Bagnaia est l’une des stars du plateau, mais a connu une
entame difficile. Tentons d’analyser sa saison
particulière mais riche en enseignements.
Cet épisode fait suite à celui d’hier, trouvable ici
même.
III) C’est l’un des meilleurs en qualifications depuis plus
d’une décennie
L’ère de l’ECU unique fourni par Marelli
a considérablement resserré le niveau du plateau
MotoGP. Désormais, il est plus rare de voir des
pilotes écraser les courses comme Rossi dans les années 2000.
Certes, cela n’a pas empêché Márquez de réaliser ce type de saison
en 2019, mais c’est aussi pourquoi il fait partie des cinq plus
grands pilotes de tous les temps. Pour les qualifications, c’est
exactement pareil. Pourtant, Francesco Bagnaia excelle dans ce
domaine. Après 11 courses, il compte
quatre poles, soit autant que
Zarco, Aleix Espargaró et
Quartararo réunis. Il colle 7-3
en qualifs à son coéquipier Miller, loin d’être le plus mauvais
dans cet exercice.
Au delà des chiffres, le style avec lequel l’Italien scelle les
qualifications est impressionnant. À Jerez, il assomme la
concurrence avec un temps d’une autre planète lors de son deuxième
tour lancé seulement. Au Sachsenring, il bat
record sur record lors des essais puis prend à nouveau la première
position. Souvent seul lors de ces essais, il est chirurgical et ne
commet pas d’erreurs. Être fort en qualification est primordial
pour être champion du monde, bien qu’il existe de rares
exceptions. D’ailleurs, c’est souvent la marque des
grands, en plus de confirmer la bonne alchimie entre l’homme et sa
machine. Si son total est toujours inférieur à celui
d’« El Diablo » (10 contre
16 en catégorie reine), la tendance est à l’avantage de
l’Italien dans ce domaine.
IV) Bagnaia est en proie à la pression mais reste fort
mentalement
Car oui, il y a une différence. S’il est évident que Pecco
subit la pression en course, ce fait est devenu un motif
d’attaque courant à son égard.
Nous avions déjà évoqué, à travers une statistique
affolante, sa tendance à craquer en situation tendue.
Mais l’année 2022 nous en apprend plus.
Tout d’abord, Jerez. Avec Fabio à quelques longueurs, Bagnaia a
parfaitement géré le coup et n’a jamais faibli, jusqu’au dernier
tour : l’exemple type d’une belle performance de gestion. Mais
cette capacité à revenir très rapidement à son top niveau est
encore plus fascinante. Constatez plutôt.
L’an passé, Francesco avait commis une erreur au Mugello,
alors en tête. Chuter sans blessure n’est jamais
grave ; c’est se relever qui compte. À ce moment là, étudiez
le langage corporel dudit pilote ; de son énervement dans le
bac à graviers à son retour au box. Vous y trouverez des
indices insoupçonnés, qui en disent long sur la mentalité et l’état
de celle-ci. Fabio est saisissant dans ce domaine, lui qui
plaisantait avec Espargaró après l’avoir mis dehors.
Bagnaia n’est pas encore à ce niveau, mais s’en
approche, et cela se traduit dans les résultats. Revenons
au Mugello. En 2021, l’élève de la VR46 avait mis cinq
Grands Prix à retrouver le podium, non sans peiner sur des pistes
favorables à la Desmosedici. Idem en ce début d’année, quand tout
semblait perdu après quatre courses marquées par un net déficit de
performance. Mais pourtant, Bagnaia a rebondi en
Espagne. Puis, quand il est tombé en bagarre avec
Bastianini, il a semblé retomber dans ses travers.
La réponse ? Une nouvelle victoire en Italie.
Est venu le temps de la chute en Catalogne ; cette fois, c’est
sûr : si la malchance s’y met, Bagnaia ne tiendra
pas. Deux semaines après, victoire à Assen avec Bezzecchi
dans la seconde.
Cela démontre une mentalité exemplaire. Pour
remporter un titre mondial, c’est la bonne approche. Alors certes,
la pression du moment agit encore sur lui, mais il est en bonne
voie. En conclusion, nous stipulerons simplement que
Bagnaia est un immense danger pour les futures années, encore trop
sous-côté par les observateurs. Mais cela passera par un
travail sur lui même, à réaliser dans un environnement adapté.
Nous reparlerons ultérieurement de ce dernier
paramètre.
Que pensez-vous de sa première partie de saison ? Dites-nous
ça en commentaires, sous cette publication ou sur Facebook !
Bien entendu, cet article ne reflète que la pensée de son
auteur.
Photo de couverture : Michelin Motorsport