Francesco Bagnaia, actuel 4e du championnat du
monde MotoGP, réalise une performance difficile à appréhender.
Analysons son étrange début de saison à travers différents
enseignements.
I) Il n’est pas si irrégulier que ça.
En 2021, Bagnaia réalisa une grande fin de saison,
avec quatre victoires et cinq poles sur les six dernières courses.
Quarta’, solide leader, avait pu anticiper cette
remontée et contenir l’Italien. Mais la tendance avait
changée ; Bagnaia était désormais favori au
titre mondial 2022. Tout ne s’est pas passé comme prévu –
inutile
de revenir là dessus – mais à mi-saison, il est
toujours l’un des meilleurs « performers » du plateau.
Quatre poles et trois victoires sur les six dernières courses,
après une entame difficile notamment en raison de la machine.
Alors certes, il est aisé de pointer ses chutes,
afin de démontrer qu’il ne s’agit pas d’un si grand talent.
Reprenons ses quatre abandons dans le détail, auxquels la simple
lecture du classement général ne rend pas justice. Au Qatar,
Bagnaia était en grande peine avec sa machine. Dans la course, il
commet une erreur, certes, mais réalisée en se battant contre son
matériel. En toute logique, cela ne devrait plus arriver cette
saison, maintenant que le package Ducati 2022 s’est affiné.
En France, il part à la faute après s’être fait malmener par
Bastianini. Ici, l’on peut justement accuser la
pression, point sur lequel nous reviendrons dans la deuxième
partie, demain, à la même heure. L’Allemagne ? Une
bévue inexplicable. Ne parlons pas de la Catalogne, où
Pecco fut taclé par Takaaki Nakagami au premier
virage. Sur quatre mésaventures, deux ne devraient plus se
présenter de nouveau, à moins d’un « coup de pas de
bol » ou d’une subite perte de compétitivité de
Ducati. Cela nous laisse avec deux erreurs imputables au pilote
uniquement, en 11 Grands Prix. Parler d’irrégularité est un peu
fort vous ne trouvez pas ? Bagnaia n’est pas plus irrégulier qu’un
Bastianini, qu’un Miller ou que
tous les autres, à l’exception de Zarco, Quarta’ et Aleix
Espargaró, qui le précèdent au général.
II) Il est le seul à pouvoir battre
Quartararo
Venons-en au fait. Parmi tous les pilotes du plateau, seul
Bagnaia dispose de cette vitesse, de cette force de dissuasion pour
venir à bout du français. D’une part, sa machine est sans
le moindre doute la meilleure du plateau, voire l’une des
meilleures de l’histoire récente. Ducati est sur les bases d’une
année fantastique, et mène actuellement le championnat
constructeurs devant Yamaha. La GP22 est bonne sur tous les
type de tracés, dans toutes les conditions, sur un tour comme sur
22.
D’autre part, Pecco est redoutable. Sa principale
qualité est son rythme, insoutenable lors de ses jours heureux. Ce
trait n’est pas sans rappeler Jorge Lorenzo, qui était sans
conteste le meilleur pilote du monde quand tout allait dans son
sens. Attention : Quartararo est exceptionnel lui aussi, et
domine l’Italien même si l’on enlève les chutes de l’équation.
Cependant, il faut rappeler que la saison de Pecco n’a
véritablement débutée qu’en Espagne, quand Ducati a mis le doigt
sur le problème.
Depuis, c’est chute ou victoire, pas d’entre deux. Cette
performance anachronique fait penser à la saison de
Kevin Schwantz en 1989 et prouve tout de même que les
« hauts » de Bagnaia sont quasiment
intouchables, et c’est une bonne chose : il est toujours plus
facile de corriger un problème de régularité, quand bien même assez
galvaudé dans ce cas précis (voir point n°1), qu’un manque de
vitesse. Cela signifie que la marge de progression est encore plus
grande pour un pilote comme lui, qui « n’a
qu’à » moins tomber, plutôt qu’un Aleix
Espargaró ou un Joan Mir, qui semblent
avoir montré le maximum en termes de performance.
Par ailleurs, nombreux sont les pilotes avec le profil de Bagnaia
(beaucoup de chutes en début de carrière mais vitesse folle
d’entrée, performances en qualifications) à avoir nettement
progressé par la suite (Lorenzo, Stoner, Schwantz, même
Márquez dans une moindre mesure).
C’est tout pour aujourd’hui ! Demain, nous reviendrons sur deux
autres points concernant « GoFree ». Dites-nous ce que vous
pensez de sa saison en commentaires ! Par ailleurs, cet
article ne reflète que la pensée de son auteur.
Photo de couverture : Michelin Motorsport