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Espagne champions

Pecco Bagnaia est l’arbre qui cache la forêt. Si l’on peut penser que l’Italie est correctement représentée dans les championnats MotoGP, ce n’est rien à côté de l’Espagne, qui n’a pas fini de faire naître des champions aussi talentueux les uns que les autres. Beaucoup n’ont pas idée de ce qui nous attend sur les dix prochaines années, alors que celles-ci ont un déjà avant-goût catalan. Une analyse sur la nouvelle vague qui arrive s’impose.

 

L’Espagne et les autres

 

Grâce aux efforts de Pecco Bagnaia, Marco Bezzecchi et Enea Bastianini, l’Italie n’est pas ridicule ces dernières années. Mais au-delà de la victoire, une nouvelle génération dorée formée en péninsule ibérique s’apprête à débarquer au plus haut niveau ; et ça va faire très mal. Pour vous donner une idée, c’est encore plus important que la première vague du milieu des années 2000, qui avait déjà rendu plus d’un spectateur allergique à la Marcha Real.

Ceci ne s’observe pas tout à fait en catégorie reine, je vous l’accorde. D’abord, parce que Pecco Bagnaia domine, mais aussi parce que les italiens – et particulièrement ceux formés par Valentino Rossi par le biais de l’Académie – font de la résistance. Mais depuis quelques années, The Doctor et ses troupes ont délaissé les catégories inférieures pour se consacrer au MotoGP, avec succès d’ailleurs. Ainsi, il n’y a plus réellement de place pour la formation de jeunes italiens, totalement absents du haut des tablettes en Moto3 par exemple. Inutile de parler du vide Français, qui ne peut compter que sur ses héros Johann Zarco et Fabio Quartararo – lui aussi aux forts accents hispaniques – pour briller. Cela laisse une place folle à l’Espagne, encore plus grande qu’avant.

 

Espagne champions

Après Bagnaia, l’Espagne va faire très mal. Photo : Michelin Motorsport

 

Sans cesse, des nouveaux talents

 

À l’étude du contingent espagnol, plusieurs éléments se démarquent. Ce pays dispose d’une particularité assez rare, car il combine quantité et qualité. La quantité d’abord. Ce n’est pas un secret, les espagnols sont sur-représentés (dix en Moto3 contre six Italiens) depuis longtemps maintenant. Le MotoGP a toujours été imprimé d’une forte influence de cette contrée, et c’est aussi pourquoi la passion y est aussi grande.

Mais la qualité m’impressionne encore plus. C’est comme si, chaque année en Moto3, un nouveau talent générationnel débarquait, un de ceux qui peuvent changer l’histoire motocycliste. Cette tradition de l’excellence ne date pas d’hier. Dani Pedrosa et Jorge Lorenzo étaient deux des premiers golden boys, mais mine de rien, ils se faisaient plus rares après 2010. Aujourd’hui, à chaque début d’exercice dans la plus petite classe, on présente un crack. Et ils ne se ratent presque jamais.

Récemment, ça a débuté par Pedro Acosta, en 2021. Inutile de vous rappeler le palmarès du bonhomme, qui est aujourd’hui meilleur pilote KTM en MotoGP en tant que rookie. Puis, en 2023, David Alonso s’est révélé. D’accord, il est Colombien, mais né à Madrid, détenteur de la double nationalité et bien issu de la formation espagnole avec une saison en CEV ainsi qu’une introduction par l’équipe de Jorge « Aspar » Martinez, largement responsable du succès du pays depuis plusieurs décennies.

 

Espagne champions

Alonso Lopez, un vrai profil de crack encore à peaufiner. Photo : Speed Up

 

En 2023, toujours, on parlait aussi de José Antonio Rueda (photo de couverture). Il était le premier à avoir remporté le championnat du monde JuinorGP et la MotoGP Red Bull Rookies Cup dans la même année ! Aujourd’hui, il est toujours très fort même si une crise d’appendicite a considérablement altéré son début de saison.

Ce qui était un exploit est devenu la norme en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. En 2024, on nous présentait désormais le génie Angel Piqueras, lui aussi victorieux des deux prestigieux championnat en 2023. Avec son n°36 jaune fluo sur une Honda Leopard, impossible de ne pas avoir des flashbacks de Joan Mir. Et bien sûr, il est déjà monté sur le podium au bout de trois courses et a réalisé sa première pole à Assen.

Vous pensez que c’est fini, mais pas du tout. Aki Ajo, habitué des pépites au même titre qu’Aspar, a dégoté le jeune Xabi Zurutuza en provenance directe du pays basque. Cependant, il n’avait pas 18 ans pour le Grand Prix du Qatar, qui est désormais l’âge minimum pour s’inscrire au départ de sa première saison en GP, sauf si certaines conditions sont remplies. Qu’à cela ne tienne ! Il a pris son premier départ à Austin, et peine depuis, d’accord, mais n’en reste pas moins très prometteur.

Les autres nations n’ont pas autant de talents bruts qui crèvent l’écran. Regardez Fermin Aldeguer et Alonso Lopez, en Moto2, dont les parcours sortaient des sentiers battus.

 

Le futur dominé

 

Lorsqu’on se penche sur ce qui arrive dans les années à venir, c’est encore plus impressionnant. Le championnat du monde JuniorGP, qui n’a pas vu de non-espagnol titré depuis Dennis Foggia en 2017, est actuellement dominé par quatre d’entre eux, Alvaro Carpe en tête. Avec six jeunes loups, c’est aussi le pays le mieux représenté, évidemment. Même constat en MotoGP Red Bull Rookies Cup, où Can Oncu, grâce à ses efforts datés de 2018, est encore le dernier non-hispanique titré. Trois Espagnols figurent dans le top 4, avec, pour la seule exception, un Argentin du nom de Valentin Perrone en troisième position. Le dernier de ce quatuor n’est autre que le jeune Maximo Quiles, prodige de 16 ans et qui s’entraîne régulièrement avec Marc Marquez. Ça promet.

 

À son tour, Pedro Acosta pourra inspirer. Photo : Tech3

 

Conclusion

 

Il est toujours difficile d’expliquer pourquoi le sport moto prend autant en Espagne, mais aujourd’hui, ça fait partie de la culture sportive d’un pays extrêmement fort dans toutes les disciplines, et pour lequel sa formation est souvent primée. L’Espagne est synonyme d’excellence ; ajoutez à cela l’inspiration que représente actuellement Marc Marquez pour la jeune génération et vous obtenez une sorte de cercle vertueux, favorisé par l’accent espagnol naturel du championnat du monde. Grâce à ses plus importants acteurs, Carmelo Ezpeleta en tête, bien sûr, mais aussi par ses artisans à l’image de Jorge Martinez, lui qui ne cesse de nourrir la grandeur de sa contrée d’origine.

Aviez-vous vu venir cette nouvelle vague d’Espagnols aussi talentueux les uns que les autres ? Dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Photo de couverture : Red Bull KTM Ajo

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