Cela ne vous aura pas échappé : Le Mooney VR46 Racing
Team est en grande forme en ce début de saison, plus encore que
Prima Pramac Racing. D’ailleurs, à l’heure où nous écrivons ces
lignes, Marco Bezzecchi est toujours leader du classement général
et sa formation première au classement équipes. Hormis cette simple
constatation, n’assiste-t-on pas là à un changement dans la
hiérarchie Ducati ? Analyse.
I) Pourquoi la situation est intéressante
Il faut surveiller l’écart de performance entre les deux écuries.
Tout d’abord, car jusqu’à maintenant, Prima Pramac
Racing était considérée comme « l’équipe
sœur » pour reprendre les mots de Davide
Tardozzi, prononcés sur la grille du Grand Prix de
Catalogne 2022. En gros, cela signifie que les Ducati
teintées de violet sont égales aux officielles, ou au moins,
considérées comme telles. Cela représente plusieurs avantages non
négligeables : Si promotion au sein du team d’usine il doit y
avoir, on ira d’abord regarder du côté de cette équipe plutôt
qu’une autre. Notons aussi les dernières améliorations, dont les
pilotes Pramac bénéficient contrairement aux autres formations
utilisant la Desmosedici GP22, destinée à ne plus évoluer de
manière significative.
Podium hangover 🍩 @Luca_Marini_97 #mooneyvr46racingteam @motogp #lm10 #vr46 pic.twitter.com/Jd1FedrCvv
— Mooney VR46 Racing Team (@VR46RacingTeam) April 17, 2023
Mais force est de constater que depuis l’an passé et l’excellente
saison d’Enea Bastianini chez
Gresini, on assiste à un phénomène particulier,
Prima Pramac perd de sa superbe, et ceci ce confirme en ce début de
saison 2023, d’où cet article.
II) État des lieux
Cette saison, Gresini est plus discret même si Álex
Márquez était en pole sur le sol argentin. Il n’est pas
possible de mettre l’œuvre de Fausto et la VR46 sur le même pied
d’égalité, car la première ne jouit pas des résultats de deux
pilotes rapides. Fabio Di Giannantonio, malgré la
qualité de son package, est toujours en retrait. Et sauf
immense surprise, la saison 2023 d’Álex Márquez ne devrait pas être
aussi impressionnante que l’exercice 2022 de
« Bestia ».
Mooney VR46 Racing Team dispose de deux pilotes
compétitifs, complémentaires bien que différents, qui
peuvent briller le samedi et le dimanche. C’est exactement ce qu’il
s’est passé en ce début d’année. Bien que les manches pré-Jerez ne
sont pas tellement significatives pour l’issue du championnat
(d’après les dernières saisons), il faut reconnaître que la paire
d’Italiens est satisfaisante.
Bezzecchi est désormais vainqueur en MotoGP, et Luca
Marini, qui a subi ses deux premières chutes en catégorie
reine sur les collines de Portimão, a trouvé quelque chose à Austin
pour décrocher son premier podium. Clairement, il faudra compter
sur eux comme nous vous l’annoncions avant l’entame.
III) Le statut de Prima Pramac remis en
cause ?
Oui, VR46 marche bien. L’équipe est bien huilée
malgré l’étonnante absence de Valentino Rossi, et pèse
considérablement sur le général. Le duo est bien constitué et cela
est très prometteur. Maintenant, quid de
Pramac ?
La situation est plus délicate. Tout d’abord, bénéficient-ils
encore des dernières améliorations ? Certainement, mais les
plus perspicaces d’entre vous ont remarqué que la paire Prima
Pramac n’utilise pas le carénage 2023 (et les fameux
downwash ducts), contrairement à Mooney
VR46 tout comme Gresini. Peut-être est-ce une préférence
des deux pilotes ? Difficile à dire, mais cette
remarque est intéressante.
Ensuite, concentrons nous sur les pilotes et leurs performances.
Johann Zarco connaît un début de saison correct,
dans ses standards. Rappelons que le Français est toujours très
fort au début et a tendance à s’essouffler sur la fin. Nous avons
vu de nombreux observateurs féliciter son dernier tour d’anthologie
au Portugal, et à raison, mais il faut aussi rappeler qu’il
finissait deuxième depuis la pole position un an avant sur le même
tracé.
Comme souvent avec nos frenchies, ne nous emballons pas
trop vite. Puis, en Argentine, il est encore
auteur d’une course remarquable mais là aussi, déjà vue en
Thaïlande l’an passé. Actuellement 5e du
classement général, il effectue une bonne entame, mais pas de quoi
s’étonner, il est dans ses (très bons) standards,
là où il doit être au vu de son niveau et de son matériel.
Concernant Jorge Martín, c’est plus difficile.
L’Espagnol tombe trop pour espérer quoi que ce soit. Vous avez
raison :
nous n’en avons pas tenu compte à l’étude du cas
Bagnaia. Mais il y a une différence de taille entre
les deux larrons : quand Pecco ne tombe pas, il est devant. En
revanche, le « Martinator » a de vrais
coups de mou et n’a parfois pas le rythme pour jouer le top 5.
Son profil explosif, tant attendu pendant les
Sprints, n’a même pas été mis à profit pour le
moment. Deux fois sur le podium le samedi soir, il n’a jamais été
en mesure de franchement rivaliser avec le vainqueur même s’il ne
termine pas si loin au Portugal. Bagnaia lui a fait la
leçon le reléguant à une seconde à mi-épreuve.
Bref, les deux pilotes sont toujours forts, mais ne sont plus les
« hommes du moment ». Luca Marini et
Marco Bezzecchi incarnent la fraîcheur, la
jeunesse, la fougue maîtrisée et le bon sens. Assurément, s’ils
continuent comme ça, ils seront préférés à la paire Prima Pramac en
cas de place libre au sein de l’équipe d’usine.
Et c’est la formation toute entière qui doit faire attention.
Pourront-ils justifier des résultats en demi-teinte auprès
de Ducati ? Déjà l’an dernier, la saison n’était pas
fameuse, alors attention à ne pas se faire devancer par un autre
client Ducati en 2023.
Ceci dit, il faut tout de même noter que la GP23 devrait évoluer
d’ici peu et que globalement, il est encore tôt pour tirer des
conclusions. Mais les problèmes évoqués précédemment
(essoufflement de Johann en deuxième partie de saison et
inconstance de Martín) sont des faits qui durent depuis
longtemps déjà, que des améliorations ne sont pas sûres de
gommer.
Qu’en pensez-vous ? Assiste-t-on a un
changement au sein de la hiérarchie Ducati ?
Donnez-nous votre avis en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport