Parlons MotoGP : Le rookie dont personne ne parle

La saison 2025 approche à grands pas ! Jusqu’au 27 février, soit la veille de la manche d’ouverture en Thaïlande, Parlons MotoGP va se concentrer sur chacun des pilotes engagés en catégorie reine. Nous allons évoquer l’attente qu’ils génèrent, leurs capacités, et, pour finir, livrer un petit pronostic. Aujourd’hui, il est temps d’évoquer le futur de Somkiat Chantra, pilote Honda LCR en MotoGP… et rookie !

Hier, nous sommes revenus sur le cas d’Alex Marquez dans un article que je vous invite à retrouver en cliquant ici.

 

L’interrogation

 

On ne va pas se mentir : tout le monde s’est posé la même question au moment de l’annonce. Pourquoi Somkiat Chantra rejoint le MotoGP ? Pilote bon mais sans plus en Moto2 – notamment au vu de la concurrence –, il n’a terminé que 12e de la saison 2023, sans gagner la moindre course, ni monter sur le moindre podium. La vraie raison, nous la connaissons tous, en réalité. Somkiat est Thaïlandais, un marché énorme pour le MotoGP. Après le départ de Takaaki Nakagami, le sponsor-titre de la deuxième Honda LCR Idemitsu voulait un asiatique pour promouvoir les talents locaux. Certains pourraient crier à l’injustice car le peuple aime la notion de mérite, mais ces phénomènes géopolitiques font partie intégrante de l’histoire des sports mécaniques.

 

 

En revanche, on peut déjà féliciter Somkiat d’avoir relevé le défi, car la tâche s’annonce extrêmement difficile. Je pense qu’il n’y a pas de pire contexte pour débuter sa carrière en MotoGP que ce guidon LCR. D’ailleurs, il est rare que des pilotes qui terminent aussi loin une saison en classe intermédiaire soient recrutés en MotoGP. Pour vous, j’ai été cherché le dernier 12e en Moto2 promu l’année d’après : il s’agissait d’Iker Lecuona, 12e également en 2019. Et malheureusement pour l’Espagnol, ça ne s’est pas très bien passé.

 

Qui est-il ?

 

Bon, c’est bien beau, mais qu’a-t-il fait en mondial jusqu’à maintenant ? Eh bien, plus que Lecuona en son temps, c’est certain. S’il a connu une saison 2024 en demi-teinte, notamment marquée par une blessure, son exercice 2023 était beaucoup plus convaincant et a dû peser dans les discussions au moment de sa nomination. Il a terminé sixième du championnat avec une véritable démonstration au Japon, sur les terres du pétrolier Idemitsu pour qui il courrait déjà dans le junior team Honda. Il s’agissait là de sa deuxième victoire après une première en Indonésie lors de la saison 2022, autre gros marché d’Asie du sud-est.

Ce n’est pas un mauvais pilote, loin de là. Au guidon, il est doté d’une grosse personnalité, souvent à l’attaque. Cela signifie qu’il chute fréquemment et c’est un problème. Somkiat Chantra est souvent blessé, ce qu’il faudra surveiller avec la plus grande attention en 2025. Sur six campagnes réalisées depuis le début de sa carrière en Championnat du monde, Chantra n’en a fait que trois pleines. C’est peu, et la brutalité des MotoGP actuelles me fait peur pour lui.

 

Le pronostic

 

 

Il n’y a pas beaucoup plus d’éléments à étayer concernant son profil, car nous n’avons encore rien vu de lui. Assez discret en Moto2, il lui faudra imposer son sourire et son style au plus haut niveau. Le problème, c’est qu’il débute avec un matériel bien moins bon que celui d’Iker Lecuona en 2020. Honda est dans une phase difficile de son existence, à tel point qu’il est peut-être encore trop tôt pour parler de restructuration. Ainsi, même si la RC213V s’améliore, il n’aura pas pu prendre la mesure de la philosophie qu’incarnait la précédente création des ingénieurs. Somkiat prend le train en route, et sans expérience, c’est ardu. Quand je vois comment Alex Marquez, champion du monde Moto2 2019, a eu du mal avec la Honda RC213V sur ses trois premières saisons en MotoGP alors qu’elle était supérieure à celle d’aujourd’hui, je me pose des questions. Luca Marini, pourtant expérimenté, n’a marqué que quelques points en découvrant la version la plus récente, et le double champion du monde Joan Mir s’y casse les dents.

Il ne faudra pas lâcher, physiquement comme mentalement. En attendant, voici mon triste pronostic le concernant, qui n’est même pas contre lui : 22e, ou dernier du classement, avec la possibilité de voir la première campagne sans aucun point marqué depuis Tom Lüthi en 2018. J’espère de tout cœur me tromper car d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours bien aimé Chantra. Plus qu’à me faire mentir.

Qu’imaginez-vous pour Somkiat Chantra en 2025 ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport