C’est l’heure du bilan. Comme chaque année depuis trois ans, Parlons MotoGP se lance dans une entreprise assez importante : dresser le bilan de chaque pilote à l’issue de la saison 2024, aujourd’hui, au tour de Maverick Vinales. Une bonne partie de l’hiver durant, nous allons remonter le classement à l’envers, jusqu’à parler en détail de la campagne du champion du monde. Vous êtes prêts ? C’est parti !
Hier, nous sommes revenus sur le cas d’Alex Marquez ; cliquez ici pour retrouver l’article correspondant.
Un exploit à ne pas sous-estimer
De mon vivant, je crois ne jamais avoir moins compris un pilote que Maverick Vinales. Ce champion du monde Moto3, et plus largement, cet homme, incarne l’une des plus grandes énigmes de l’histoire motocycliste. Depuis son arrivée en Grands Prix et surtout son passage chez Yamaha début 2017, Maverick est l’un des meilleurs… mais rarement. L’Espagnol, capable de mener, d’imprimer un rythme, est également capable de s’effondrer à mi-course, de ne jamais rentrer dans un week-end, de finir troisième un dimanche, et quatorzième la semaine d’après. C’est proprement incompréhensible, sans même parler de ses différents pétages de câbles qui ont rythmé sa carrière dès son plus jeune âge.
On pourrait croire que ça dépend d’une moto, d’un contexte. Mais c’est comme ça depuis 2017 en MotoGP, et 2024 ne fait pas exception à la règle. Tout commençait parfaitement pour le « Maverick », que personne n’avait vu venir. L’Aprilia RS-GP24, redoutable en début de saison, n’a été que sublimée par son indéniable mais frustrant talent. D’une dixième place au Qatar – sur un circuit qu’il apprécie pourtant –, il s’est retrouvé à jouer la victoire au Portugal. Après avoir brillamment remporté le Sprint, une défaillance mécanique lui coûta un podium certain dans les derniers instants de la course dominicale.
Puis, aux États-Unis, l’inexplicable frappa de nouveau. Sur le circuit d’Austin, qui l’avait trahi en 2017 après un excellent début de saison, Maverick Vinales remporta les deux courses d’une main de maître. Il sut se défaire de ses adversaires dans une joute de très haut niveau le dimanche, et l’on ne pouvait que le congratuler. À cet instant, il pointait troisième du championnat du monde, prêt à battre Ducati et à jouer la victoire chaque week-end. Mais malheureusement, personne n’a pensé cela car on ne connaît que trop bien son profil.
J’interromps le récit de sa saison un court instant pour le féliciter encore. Il s’agit de l’une des trois défaites de Ducati en Sprint cette saison, et la seule défaite de Ducati sur un Grand Prix en vingt manches. Je sais pertinemment qu’il n’est pas tant apprécié, mais il faut rendre à César ce qui lui appartient. Vinales a été énorme à Austin, alors que les autres Aprilia n’y furent pas particulièrement performantes.
Une chute prévisible mais qui fait mal
Reprenons. Après ce succès retentissant, Vinales disparut. Comme trop souvent au fil d’une année. Sans Aleix Espargaro pour le gêner, ce dernier étant à quelques mois de la retraite, il n’a pas vraiment su s’imposer comme un clair leader chez Aprilia. Ceci mena, inévitablement, à son éviction indirecte par la firme de Noale, qui préféra, logiquement et légitimement je le crois, Marco Bezzecchi et/ou Jorge Martin. Alors, il ne s’est pas totalement effacé, car il a tout de même enregistré deux autres troisièmes places en Sprint, au Mans et à Assen, deux de ses meilleurs tracés en carrière. Hormis cela, le bilan est maigre, trop maigre.
Sa fin de saison – particulièrement sa tournée outre-mer – était totalement ratée, en plus d’être empreinte d’une certaine amertume vis-à-vis de son employeur. Même si la manière dont Vinales a été considéré au moment d’évoquer son propre remplacement est discutable, l’Espagnol ne devrait pas oublier le geste d’Aprilia après qu’il se soit fait virer de chez Yamaha. Encore une fois, son comportement posait question, en interview comme sur la piste. Il ne semblait plus se donner à fond, et prétendait ne plus vouloir aider Aprilia à avancer alors que la marque, sur la fin, peinait considérablement.
En résulte une septième place au classement général avec 190 points pour quatre résultats blancs, et pas d’autres podiums en GP après son triomphe à Austin. Malgré un début de saison canon et un contexte que je qualifierais de favorable, il fait moins bien que l’année précédente alors qu’il y avait un Sprint en plus. Certains de ses résultats hors du top 10 (comme cette 13e place en Allemagne) lui coûtent cher, trop cher.
Conclusion
C’est à la fois une déception, et à la fois pas, car on s’attendait tous à ce genre de saison. Vinales n’incarne plus l’espoir, la fougue de la jeunesse qui pouvait excuser, parfois, certains comportements. À 29 ans déjà, Maverick n’impressionne plus, et une victoire, aussi belle soit-elle, ne bernera personne quant à la pertinence de ses efforts cette saison. C’était du Vinales tout craché.
Je suis curieux de savoir ce que vous avez pensé de Maverick Vinales en 2024, alors, dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport