À l’occasion du Grand Prix d’Italie, nous ne pouvions
pas passer à côté de l’exceptionnelle édition 2004. Dix-neuf ans
plus tard – jour pour jour, il s’agit toujours de la course la plus
courte de tous les temps. Voici le récit d’une manche pas comme les
autres au sein d’une saison tout aussi historique.
Le 6 juin 2004, les pilotes MotoGP se mettent en rang sur la grille
de départ. Le circuit
est déjà mythique. En plein cœur de la Toscane, le
Mugello fait vibrer les fans depuis la fin des années 1970. Une
nouvelle idole est là pour satisfaire les tifosi :
Valentino Rossi. « The Doctor » troqua sa
Honda Repsol pour une Yamaha officielle mais rien n’y
fait. Dès le premier Grand Prix en Afrique du Sud, il
s’imposa au guidon de la YZR-M1, en faisant un énorme pied de nez à
son rival Max Biaggi. Malgré cet exploit, Rossi était un
peu en dedans à Jerez et au Mans.
Sete Gibernau s’est imposé sur les terres andalouses, et a même
réitéré en Sarthe. Le pilote Honda Gresini affiche un niveau
impressionnant, tout comme Biaggi, deuxième du général en n’ayant
pas quitté le podium. Rossi, lui, est troisième après deux
quatrièmes places consécutives malgré une pole à Jerez et sa
victoire retentissante à Welkom. Telles étaient les
positions en débarquant en Italie.
Le samedi, les vifs encouragements des fans ne suffisent pas ;
Sete Gibernau poursuit sa marche en avant et réalise la
pole position. Mais Rossi est un homme du dimanche, et nul
doute que Sete comme Max savent que la tâche sera ardue. Alors que
le Fratelli d’Italia retentit en l’honneur de la victoire de
Roberto Locatelli en 125cc, Valentino Rossi sait
aussi qu’il devra faire fort pour vaincre les Honda,
globalement plus performantes que sa machine
d’Iwata.
Dès l’extinction des feux, les pilotes se mettent en jambe.
Sete Gibernau part fort, et prend le meilleur tour en
course très tôt. À mesure que les boucles passent, un
groupe se forme en tête. Il est composé des deux Honda
Pons (sponsorisées par Camel) pilotées par Max
Biaggi et Makoto
Tamada, de Sete Gibernau et de sa
RC211V Gresini financée par la Movistar, et bien
sûr, de Valentino Rossi.
La bataille est âpre, les pilotes se rendent coup pour coup avec un
très grand Tamada
– il faut le souligner. Aucun ne veut lâcher ; le quatuor nous
offre une joute sensationnelle. Tantôt Rossi est décroché, tantôt
il revient et mène. Impossible de prédire qui s’imposera. Dans le
même temps, la terre entière est choquée par l’accident de
Shinya Nakano sur Kawasaki. Sur la ligne
droite principale, il chute à haute vitesse mais s’en sort
miraculeusement.
Puis, 17 tours après l’entame, les drapeaux rouges sont brandis.
Étrange. On annonce de la pluie ; rare en Toscane,
elle a pourtant déjà perturbé le plateau quelques années
auparavant. Pourtant, à l’écran, difficile de distinguer
les quelques gouttes. Nous sommes loin de l’orage violent
Indonésien, soyez-en sûr. Mais tous se plient au règlement, lèvent
la main, et coupent. La direction de course annonce un
nouveau départ, pour six tours seulement ! Les pilotes
s’élanceront dans les positions qu’ils tenaient au moment du
drapeau rouge. De ce fait, Valentino Rossi est le nouveau poleman
de ce Sprint avant l’heure.
Dans les stands, l’agitation règne. Chausse-t-on les
slicks, ou plutôt les pneus pluie ? Assurément, le
crachin frappe le circuit mais la piste a l’air sèche, seulement,
un peu grasse. Dès lors, plusieurs stratégies se mettent en place,
en sachant que les pilotes bénéficieront de deux tours de chauffe
et d’une possibilité de changer de gommes sur la grille.
« The Doctor » et Max Biaggi restent en slicks,
tandis que Sete Gibernau, lui, opte pour les
intermédiaires.
Après s’être essayés à la piste, tous ceux qui avaient fait le
choix des rainurés reviennent sur leur décision ; les pneus
lisses sont de mise. Lors du deuxième départ, on assiste à
l’émergence d’un paquet mené par ce bon vieux Norrick
Abe, pilote Tech3. Puis, c’est la Ducati
satellite de Rubén Xaus qui prend la tête.
Bizarre. Mais pas autant que le rythme de Troy
Bayliss, sur la Desmosedici officielle, qui donne
l’impression de voler sur la piste ! Dans Savelli, il
rappelle à Rubén Xaus pourquoi il est un pilote d’usine et pas
lui. Alors que la bruine redouble d’intensité, le missile
« Baylisstic » s’échappe. Mais malheureusement pour lui,
Dame Nature fait cesser tout crachin. L’Australien
perd l’avantage, tandis que Valentino Rossi, en héros, dépose toute
la concurrence à mesure que la piste sèche.
En l’espace de quelques virages, le déjà quintuple champion du
monde des Grands Prix prend le large. Sete Gibernau se réveille,
mais tardivement. Les deux franchissent la ligne dans cet ordre, et
collent plus d’une seconde à Max Biaggi, troisième. Au
total, tout cela n’aura duré que 12 minutes !
Bayliss, remarquable, est quatrième.
Cette course est importante à plusieurs égards. Au delà de
la simple victoire à la maison, c’est la première fois que
Valentino Rossi bat Sete Gibernau en face à face lors de cette
saison 2004. Cela entraîna la création d’une dynamique
positive, car Rossi enchaîna avec deux autres succès en Catalogne
et aux Pays-Bas. Gibernau, à chaque fois, fut deuxième, soit son
classement au général à la fin de l’année.
Les Honda boys n’y purent rien ; Rossi était le plus
fort, et il devint sextuple champion du monde après une fin
d’exercice marquée par une régularité dont lui seul a le secret.
Connaissiez-vous l’histoire du Grand Prix d’Italie
2004 ? Dites-le nous en commentaires !
Pour voir la course en entier, disponible sur la chaîne YouTube du
MotoGP, cliquez sur cette phrase en surbrillance.
Photo de couverture : Yamaha Community