Quand on pense aux principaux acteurs de ce
championnat, le nom de Johann Zarco ne sort pas
instantanément. Pourtant, le Français évolue à un excellent niveau,
et devrait être dans les mêmes conversations qu’Aleix
Espargaró et Francesco Bagnaia. Analysons
tout cela ensemble, et ce en trois points distincts.
I) Une saison exceptionnelle ?
Johann Zarco pointe actuellement troisième du classement général, à
37 points d’Espargaró. En termes de points, il
s’agit tout simplement de sa deuxième meilleure performance après
2021, et seulement 18 points séparent les deux
totaux après 11 manches. De plus, il compte déjà quatre podiums,
soit autant que l’an dernier, ainsi qu’une pole position réalisée
au Portugal. Cela peut ne pas paraître incroyable mais seuls
Fabio Quartararo et Aleix
Espargaró comptent plus d’apparition sur la boîte.
Mais le plus impressionnant est ailleurs. L’an dernier, à
mi-saison, la tendance semblait s’être inversée entre
Jorge Martín et Johann Zarco,
au vu de la rapidité et de la capacité d’adaptation du rookie. On
s’attendait, naturellement, à voir l’écart s’accroître en faveur de
l’Espagnol mais il n’en est rien. Zarco domine assez largement
Martín, et ce dans presque tous les domaines.
Tout d’abord, en comparant les totaux de points. Zarco dispose de
37 points d’avance malgré deux chutes. Certes,
Martín compte cinq résultats blanc, mais les statistiques avancées
sont toujours en faveur du Cannois. S’il est vrai que
« Martinator » mène le duel
3-2, Johann roule 1’’284 plus
vite en moyenne lors des cinq manches où les deux ont vu les
points. Cela signifie que ses performances sont plus remarquables
quand il est mis en opposition avec son coéquipier sur la piste.
Ajoutez à cela une meilleure régularité et vous obtenez une nette
domination.
En qualification, même phénomène. Zarco mène les
duels du samedi 6 à 5, alors que Martín est
assurément l’un des plus rapides sur un tour. Une superbe
performance.
II) Pourquoi n’en parle-t-on pas plus ?
Outre sa personnalité, il y a une raison. En effet, une autre
statistique montre que sa compétitivité – son rang sur la
grille si l’on omet les chutes – est inférieure à celle de
Pecco Bagnaia et de Enea
Bastianini. En d’autres termes, quand ces derniers
franchissent la ligne, ils ont plus de chance de terminer devant
Zarco que derrière. D’ailleurs, les deux autres pilotes Ducati ont
glané trois victoires chacun contre aucune pour Johann, qui est
d’ailleurs le pilote avec le plus de podiums sans succès de toute
l’histoire (15, contre 12 pour Colin Edwards).
En moyenne, Johann ramène 12,6 points par course
quand il voit l’arrivée, contre 15,14 pour Bagnaia
et 13,12 pour Bastianini. Martín est derrière, à
11,6. Alors certes, la régularité joue énormément
et compte dans l’appréciation d’un pilote. Mais étrangement, il
sera toujours mieux vu de faire une saison avec plus de coups
d’éclats que de constance. C’est l’une des injustices de notre
sport, le cas
Bradley Smith en est le parfait exemple. Assurément,
Johann pâtit de ce « manque de
brillance » mais n’en reste pas moins un pilote
exceptionnel pour autant, capable de créer des grands moments à
l’image de son dépassement sur Espargaró dans le
Waterfall, au Sachsenring.
Seul petit bémol : sa vitesse en course. S’il
est souvent sur un bon rythme, il n’arrive que trop rarement à
prendre l’avantage sur la longueur. Il ne dispose pas de
meilleurs tours en course, contre deux l’an
dernier à ce moment de la saison. Bien sûr, les départs sont
toujours un frein mais il y travaille et nul doute que ce léger
défaut sera corrigé d’ici peu. C’est tout ce qu’on lui
souhaite.
Que pensez-vous de la première partie de saison de Zarco ?
Dites nous tout en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport