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Moto3

Depuis le début de saison, nous portons une attention toute particulière au championnat du monde Moto3. Logiquement, tous ceux qui suivent le MotoGP ne s’intéressent pas forcément aux plus petites catégories et c’est parfaitement compréhensible ; les week-ends sont déjà suffisamment courts. Alors pourquoi ne pas consacrer une analyse à ces guerriers, qui méritent aussi qu’on parle d’eux. Après tout, ce sont les futures stars de demain. Décelons-nous une nouvelle légende ? Voici la réponse !

I) Les forces en présence ont évolué

Premier point que nous avons constaté : les machines Honda régressent aussi en Moto3. Cela est parfaitement remarquable depuis plusieurs années ; il faut remonter à Lorenzo Dalla Porta en 2019 pour voir une machine ailée triompher au classement général. Depuis, KTM (GASGAS en 2022) rafle tout, et domine même sur des circuits autrefois favorables aux 250cc japonais.

Cela appuie nos conclusions tirées dans un article dédié à la dégringolade des constructeurs nippons, que vous pouvez retrouver en cliquant sur cette phrase en surbrillance.

 

Moto3

KTM toujours au top. José Antonio Rueda devant David Alonso, deux rookies en feu. Photo : Red Bull KTM Ajo


II) Daniel Holgado en patron

Sur les 29 pilotes engagés, un seul sort réellement du lot. Daniel Holgado, pilote Red Bull KTM Tech3, déjà vainqueur par deux fois en 2023. Le jeune espagnol de 18 ans est champion CEV Moto3 2021, et déjà, mène le championnat du monde depuis l’entame.

Il n’est pas un rookie ; l’année dernière, il avait réalisé une saison entière chez Ajo, achevée en 10e place. Il avait déjà effectué une pole position à Spielberg et était monté sur le podium à Aragon. Aujourd’hui, plus rien à voir. Holgado impressionne par sa maturité au guidon. Peu importe les conditions, il est toujours dans le bon groupe et surtout, ne prend jamais de risques inconsidérés. Il peut lâcher du lest en bataille mais aussi, quand il le faut, enfoncer le clou exactement comme il l’a fait au Mans, où il a mené du premier au dernier tour.

La régularité dans la performance est sans conteste son point fort, bien qu’il possède aussi de la vitesse en réserve. C’est une grande qualité qui manque à trop de pilotes : en qualifications, Daniel Holgado est toujours bien placé et n’est jamais contraint à une remontée exceptionnelle le dimanche.

Alors, bien sûr, il serait idiot de lui prédire un avenir doré dès maintenant, d’autant plus qu’il est moins flamboyant que d’anciens champions. Toujours est-il qu’il est solide, fort en toutes circonstances et bien chapeauté par Tech3, qui court après un titre pilote depuis l’an 2000. À suivre.

III) La flèche

D’autres, en revanche, misent sur leur vitesse intrinsèque et sont absolument impressionnants. C’est le cas d’Ayumu Sasaki, sur Husqvarna, trois fois poleman en cinq rendez-vous seulement ! Cependant, il peine à convertir l’essai et a déjà goûté au bitume à deux reprises. Mais il est toujours plus difficile de rouler vite que d’être régulier, donc il faut garder un œil sur lui.

IV) Une catégorie de jeunes (espagnols) ?

C’est une simple remarque comme une autre, mais il n’y a plus de spécialistes. Il y a quelques années, nous voyions souvent les mêmes têtes concourir pendant plusieurs années ; désormais, l’accession au Moto2 en cas de bons résultats est plus systématique. Hormis Romano Fenati et Tatsuki Suzuki, tous sont jeunes, frais, prometteurs, explosifs. Nous pensons à Diogo Moreira, le Brésilien, mais aussi à David Muñoz.

Qu’on le veuille ou non, certains de ces pilotes seront en MotoGP dans quelques années. Et nous avons aussi constaté la régression des Italiens ; le premier au général n’est autre que Stefano Nepa, 11e, et aucun autre ne figure dans le top 15 ! Ne parlons même pas des Français. Certes, nous mangeons bien depuis quelques années avec Fabio Quartararo et Johann Zarco mais quand ceux-ci seront moins performant, il ne faudra pas compter sur les petites catégories pour compenser.

Lorenzo Fellon est blessé depuis longtemps et actuellement remplacé par Andrea Migno, qui, d’ailleurs, est loin d’être ridicule. Globalement, le jeune Lorenzo peinait dans la catégorie et nous avons de grands doutes quant à son avenir, puisse-t-il nous faire mentir.

Finalement, les Espagnols dominent plus que jamais alors que l’Italie revenait bien sur ces dernières années, notamment grâce aux efforts de Valentino Rossi, désormais concentrés sur le MotoGP.

V) Un futur crack ?

Comme souvent, Aki Ajo dispose de KTM aiguisées au possible. Les qualités de management du Finlandais sont hors de ce monde, et l’on ne compte plus ses succès. Cette saison, il dispose de deux pilotes rapides, dont un pourrait bien faire parler de lui.

Non, il ne s’agit pas de Deniz Öncü, le Turc que l’on annonçait si prometteur il y a quelque temps. Il est flamboyant mais encore trop brouillon. C’est étrange, car il est toujours très rapide en essais mais une fois les feux éteints, ce n’est plus le même. À Jerez, il avait dominé le rendez-vous avant de s’écrouler le dimanche, cumulant les erreurs et devant même effectuer un long lap. Comme tous les autres, il est encore jeune ; attendons encore avant de tirer quelconques conclusions.

 

Moto3

Couteau entre les dents. Photo : Red Bull KTM Ajo

 

Nous voulions évoquer son coéquipier, le jeune José Antonio Rueda. Retenez bien ce nom. Le sévillan de 17 ans a réalisé l’impensable en 2022 ; remporter la Red Bull Rookies Cup ainsi que le FIM CEV Moto3 World Junior Championship. Cela n’avait jamais été réalisé auparavant.

Directement signé chez Ajo pour sa première année complète, il réalise un début de saison empreint d’une justesse remarquable, comparable à celle d’Augusto Fernández en MotoGP. Il apprend, finit régulièrement dans le top 10 sans chuter et a montré de très belles choses sur le circuit de Jerez. Si ce n’était pour une course ratée en Argentine – sous la pluie, nombre de ces pilotes n’ont jamais eu l’occasion de courir dans de telles conditions à ce niveau – il pourrait facilement prétendre au top 5 du championnat.

Actuellement 9e du classement, il est juste derrière le Colombien David Alonso (GASGAS Aspar Team) dans la course au titre de meilleur rookie de l’année.

Voici nos observations concernant ce début d’année Moto3 ! Nous n’avons pas tout évoqué, mais prenons juste une phrase pour féliciter Iván Ortolá, lui aussi très prometteur et vainqueur de la manche américaine après s’être fait une énorme frayeur au départ. Assurément, il sera prétendant au titre.

Avez-vous noté d’autres éléments en ce début de saison Moto3 ? Dites-le nous en commentaires !

 

Iván Ortolá, déjà vainqueur de deux courses sur cinq, est à ne pas manquer. Photo : Angeluss MTA Team

Photo de couverture : Tech3 Racing

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