Parlons MotoGP : L’arme la plus puissante des frères Marquez

Cet article sera un peu différent des autres. En effet, vous avez l’habitude de lire mes avis tranchés et mes certitudes, parfois heureusement débunkées par la réalité. Cependant, aujourd’hui, je vous pose une question à laquelle je n’ai pas la réponse : que penser d’une possible alliance stratégique des frères Marquez en MotoGP ? Il y a le pour et le contre, et les deux s’entendent. D’abord, je vais brièvement vous présenter le problème. Ensuite, nous débattrons.

 

Pourquoi ça me trotte dans la tête

 

Le sujet m’est apparu après le Grand Prix d’Argentine, il y a bientôt quinze jours. Marc Marquez, interrogé sur la gestion des pneus, n’a pas caché l’existence d’une sorte d’alliance stratégique avec son frère Alex, établie avant le départ. Marc avait donné des indications sur l’usure pneumatique à Alex, et des consignes si celui-ci se retrouvait devant – ce qui est arrivé.

 

 

Je comprends que ça puisse poser problème, pour plusieurs raisons. L’individualité fait, en partie, la beauté de notre sport. J’aime le MotoGP pour ses duels en un-contre-un, ses fortes personnalités et l’aspect simple de la discipline. Si des groupes de pilotes commencent à se former et que deux entités aussi fortes que les frères Marquez s’aident, c’est mauvais pour le spectacle et pas forcément fair play.

 

Pourquoi c’est dangereux

 

Une telle alliance peut faire peur car elle est sans limite. Bien sûr, Alex Marquez aussi veut gagner des courses mais il paraît très content de finir deuxième depuis le début de saison. D’ailleurs, il a déclaré qu’il ne visait pas le titre mondial après le Grand Prix de Thaïlande, alors qu’il bat Pecco Bagnaia à plate couture depuis quatre courses. Je pense qu’aucun homme sur terre ne serait plus heureux qu’Alex Marquez si Marc venait à remporter son neuvième titre mondial en 2025.

Cela ouvre donc la porte à des stratégies communes plus ou moins évidentes, et plus ou moins forcées. On sait combien la gestion pneumatique est importante de nos jours ; nul doute qu’à deux, c’est plus facile d’y remédier. Si cela tend à s’accentuer, ceci pourrait parfaitement se traduire en une domination assez ennuyeuse pour le spectateur, qui ne prend objectivement pas beaucoup de plaisir depuis le début de cette saison. Je n’ose imaginer ce qui se passerait si Alex et Marc s’aidaient, se protégeaient et s’envolaient à deux sur toutes les manches de cet exercice.

 

 

Dernier point non négligeable : ils ne sont pas coéquipiers. Un tel comportement serait normal sous le même auvent, mais même si les écuries privées Ducati sont proches de l’usine, ça reste deux entités différentes.

De plus, il existe un risque de riposte de la concurrence. Admettons que les Marquez enchaînent les 1-2 pendant encore trois-quatre courses. Qui peut nous certifier que les italiens menés par Pecco Bagnaia ne feront pas de même, scindant ainsi la catégorie en plusieurs groupes indépendants ? Après la collaboration inter-équipes, peut-on imaginer une collaboration inter-marques ? Pour l’instant, ce n’est absolument pas le cas mais je vous invite à regarder les célébrations des deux frères en Thaïlande et en Argentine. Les deux ne fêtent qu’entre eux, ou presque, et l’on a quasiment pas vu Morbidelli à leurs côtés.

 

Pourquoi il faut relativiser

 

Les arguments « contre » détaillés ci-dessus sont, à mon sens, assez pertinents. Cependant, une autre vision existe : après tout, est-ce si grave ?

Premièrement, si Marc Marquez est à sa place, je pense qu’Alex Marquez sur-performe pas mal en ce moment. Le double champion du monde est un grand pilote, mais je doute de sa capacité à rester devant Pecco Bagnaia à mesure que la saison avancera. Une alliance est bien moins gênante si l’un des deux est englué dans le top 10 pendant que l’autre joue devant.

Ensuite, les deux sont frères, ce qui explique les célébrations explicites que certains ont souligné. Ce lien du sang, mine de rien, justifie pas mal l’entente entre les deux. Il devient ainsi difficile de leur reprocher tant c’est authentique et inintéressé. D’autant plus qu’Alex Marquez, en Argentine, n’a pas totalement suivi ce que lui avait conseillé son frère, preuve de son désir de victoire.

D’autres pilotes avant eux avaient des amis dans le paddock, et qui sait si ces relations n’ont pas contribué à des succès auparavant ? Ici, c’est particulièrement visible parce qu’ils sont frères, justement. Libre aux autres de nouer de telles alliances, après tout ! Que pouvons-nous faire pour empêcher deux frangins de se filer des tuyaux ? Rien du tout !

 

Conclusion

 

Je suis un peu partagé sur cette question. D’un côté, ce n’est pas si grave, parce que je pense que la situation d’Alex est assez exceptionnelle et peu durable. Et puis, ils sont frères, ça fait de belles histoires. De l’autre, je ne peux m’empêcher de penser à la dimension spectaculaire de notre sport favori si les deux continuent de dominer. On ne peut rien y faire, je l’entends, mais espérons que ça ne devienne pas trop évident à l’avenir.

Plus que jamais, je suis curieux de savoir ce que vous en pensez, alors, dites-le-moi en commentaires !

 

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport