La saison 2015 a été légendaire ; cette
bataille entre les trois titans n’a pas fini de faire couler de
l’encre. Pour autant, l’exercice 2022 possède de sérieux atouts. En
route pour une petite analyse de ce championnat, et
pourquoi il pourrait entrer dans l’histoire.
Bien entendu, le spectacle n’est qu’une question de point de vue.
Cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et libre à vous
d’en discuter en commentaires. Tous seront lus et
discutés.
Qu’est ce qu’un championnat mythique ?
Il est nécessaire de retrouver des marqueurs historiques forts pour
qualifier un championnat de cette façon. En
MotoGP, tous les championnats les plus marquants,
à travers l’histoire, répondent à des caractéristiques précises,
comme le suspens par exemple. Il est important d’avoir un
championnat serré, dans l’idéal jusqu’au bout, mais pas
seulement.
De même, le spectacle en piste doit être au rendez-vous. Plus que
les dépassements, c’est le déroulement dramatique qui prime, les
images fortes, parfois tristes. Une grande saison, c’est des
clichés inoubliables, des émotions fortes, de l’injustice aussi.
Bref, c’est tout ce qui se fait de mieux et de pire dans le sport,
mais à la sauce MotoGP. Bien entendu, d’autres marqueurs peuvent
être retrouvés, comme le niveau intrinsèque des pilotes ;
à gagner sans péril, on triomphe sans gloire.
Le championnat 2022 a-t-il des chances d’entrer dans la
légende ?
Assurément, et ce pour de multiples raisons.
Tout d’abord, il est le théâtre d’une véritable rupture, un
changement radical dans la physionomie du plateau. Les firmes
Japonaises ne dominent plus. Le Grand Prix d’Assen confirme une
tendance réelle, débutée vers 2017 et le déclin de Yamaha en tant
que constructeur. Aucune machine nipponne dans le top 4 à
l’arrivée. Ça n’était plus arrivé depuis le Grand Prix des
Nations 1972, il faut se rendre compte de la portée
historique de cette statistique. De plus, aucune moto frappée des
trois diapasons n’a terminé dans les points, ce qui était le cas
pour Honda au Sachsenring ! Pour la firme ailée, il faut
remonter au Grand
Prix de France 1982 à Nogaro, remporté par
Michel Frutschi sur Sanvenero. Et
encore, les favoris avaient boycotté la course. Ce changement de
main rend la saison remarquable, sans même parler de l’annonce
tonitruante de Suzuki, qui quittera les paddocks fin 2022.
Mais ce n’est pas tout. Nous avons déjà eu un bon nombre de moments
forts. À commencer par la victoire
de Bastianini au Qatar, dimanche que nous ne sommes
pas prêts d’oublier. Cette victoire revêt d’un intérêt historique
majeur et d’une beauté colossale tout comme l’hommage à
Fausto Gresini. Le réveil d’Aleix
Espargaró, mal aimé, fait plaisir à voir. Il renaît et
gagne enfin sur une Aprilia qu’il a lui même fait évoluer depuis
2016. Cette histoire est folle et sera contée longtemps après
l’épilogue à Valence, peu importe l’issue du championnat.
La forme de Quartararo fait plaisir à voir, lui
qui est plus serein, sûr et fort que jamais. Nous sommes peut-être
en train de voir évoluer la future face des Grands Prix, comme
l’ont été Valentino Rossi et Marc Márquez avant lui, sans même
parler de niveau, juste d’image. Márquez,
parlons-en. Lui qui continuait le combat en bête meurtrie
avant de devoir jeter l’éponge au Mugello, pour
peut-être effectuer un deuxième comeback légendaire. Une triste
image qui restera et qui pourrait le devenir d’autant plus si
l’Espagnol ne remontait plus sur une RCV.
Tout ceci fait de 2022 une année marquante, sans doute plus
que les saisons précédentes.
Que lui manque-t-il ?
Nous sommes gâtés pour l’instant mais nous pourrions l’être encore
plus. Bien sûr, pas de plaintes ici mais juste des suggestions, au
cas où les dieux de la course liraient ces mots.
Des beaux duels. Pour l’instant, nous n’avons pas eu l’occasion de
voir une explication Quartararo – Bagnaia avec un
dénouement dans le dernier virage, où les deux pilotes donnent
tout, face à face, ne pensant qu’à vaincre. Le genre de lutte
épique devant laquelle on s’assoit, sans dire un mot, tout en
connaissant la portée de ce que l’on s’apprête à contempler.
Un championnat serré serait rêvé, mais semble plus compliqué.
« El Diablo » domine, malgré l’écart
assez mince de 21 points qui ne reflète pas son niveau de pilotage
depuis le début de saison. Allez, une petite course flag-to-flag en
Autriche ? Arrêtons-nous là, nous en demandons sûrement
trop.
Et vous, que pensez-vous de cette saison
2022 ?
Photo de couverture : Michelin Motorsport