Nous poursuivons notre rétrospective de la saison de
chaque pilote, du dernier jusqu’à Pecco Bagnaia. Pour
apprécier la performance de nos héros, regarder leur place au
général ne suffit pas. Ainsi, nous allons nous pencher sur les
dynamiques, le contexte, les qualifications, l’attente que le
pilote en question suscitait pour juger sa campagne. Hier, c’était
la saison de
Johann Zarco qui était à l’honneur.
Vous pouvez retrouver l’article correspondant en cliquant sur cette
phrase en surbrillance.
Pour rappel, cet avis reste subjectif, et ne reflète que la
pensée de son auteur.
I) Du très bon Rins
L’ex pilote Suzuki a connu une année 2022 étrangement similaire à
celle de
Miguel Oliveira. En effet, les deux ont remporté deux
Grands Prix chacun. Malgré son statut de pilote officiel, il était
difficile d’attendre l’Espagnol à ce niveau, surtout après sa
saison 2021 ratée.
Dès le début de l’année, il se montre très convaincant, tout comme
sa monture, plutôt bien née. Il inscrit rapidement deux podiums, en
Argentine et aux États-Unis, avant de connaître un passage à vide
plus que douloureux. Comme pour son coéquipier
Joan Mir, l’annonce du retrait de Suzuki impacte
considérablement sa bonne forme. Un problème de pression
pneumatique à Jerez, puis trois abandons consécutifs, ainsi qu’une
énorme chute causée par le départ non maîtrisé de
Takaaki Nakagami à Barcelone.
Blessé, il est contraint de manquer le Grand Prix
d’Allemagne. Alors qu’on pensait sa saison irrattrapable,
Rins répondit de la meilleure des manières. Tout d’abord, en
parvenant à gagner de la régularité dans la performance, puis en se
montrant vraiment menaçant, comme à Silverstone.
L’écart avec Mir, qui réalisait dans le même temps sa pire campagne
en carrière, ne fit que croître. Rins était de nouveau proactif et
surtout, chutait moins. Il se rate en Thaïlande, certes,
mais rebondit en Australie grâce à une performance
d’outre tombe.
Son déhanché caractéristique et sa parfaite confiance en sa machine
donnaient l’impression qu’il flottait au dessus de la piste,
notamment dans les deux premiers virages. Il remporte ainsi l’une
des plus belles courses de l’année. Une solide performance à Sepang
lui a permis de conserver sa motivation, pour se
montrer encore plus solide à Valence. Il ne laissa
aucune miette pour la dernière sortie de la Suzuki
GSX-RR. Une prestation émouvante, bien que logiquement
éclipsée par le sacre de Pecco Bagnaia. Sa position finale ainsi
que la chute de Johann Zarco lui permirent de
faire un grand bond au classement général. Deux victoires, deux
podiums et une 7e place alors qu’il n’était pas attendu : une
année plus que correcte.
II) Quel dommage
Malheureusement, impossible de pleinement apprécier cet effort
tardif, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, nous savions
que Rins était capable de tels résultats. Comme il l’a prouvé par
le passé, il fait partie de ce petit groupe de pilotes à posséder
ce « petit truc en plus », un soupçon
d’âme supplémentaire. Comme les Marc Márquez et
autres Viñales, il est capable de transformer une
occasion dangereuse en performance géniale. Quand on rapporte cette
donnée à son classement final, c’est presque une déception de le
voir « seulement » 7e.
Alors oui, la réussite n’était pas de son côté cette
année. Mais ce n’est pas la première fois qu’il nous
laisse avec cette sensation étrange, à la limite du gâchis. Le voir
occasionnellement sur la plus haute marche du podium après des
courses empreintes de sa maestria ne fait qu’amplifier ce
sentiment désagréable. Une statistique illustre bien ce phénomène,
et montre qu’il n’est définitivement pas à sa place. Rins est le
deuxième pilote avec le plus de victoires en carrière
(17) à ne pas avoir été sacré en Grands Prix
motos, à égalité avec Miguel Oliveira et derrière
Ralf Waldmann.
Deuxièmement, car sa signature chez LCR Honda
était actée depuis belle lurette. Au vu de la calamiteuse forme
actuelle de Honda, c’est un crève-cœur que de l’imaginer galérer en
13e place, bloqué par une moto mais aussi par un environnement
particulièrement déprimant. Rendez-vous compte, l’homme qui a
triomphé à Valence ne va peut-être plus jamais monter sur le
podium, alors qu’il a seulement 27 ans.
Conclusion :
Le bilan est sensiblement le même que celui de
Oliveira. Álex n’a pas franchi de cap dans un ambiance
singulière mais avec deux victoires, impossible de dire que son
année est ratée. Un réveil tardif mais payant, qui conclut la belle
aventure Suzuki en Grands Prix. Les images de sa célébration font
mal, car nous doutons sérieusement qu’il puisse revenir au plus
haut niveau après son passage chez LCR. Comparé au reste du
plateau, c’est une campagne plutôt réussie, mais si l’on
rapporte ses résultats à son potentiel, difficile de se réjouir
plus que cela. Nous lui souhaitons le meilleur pour la
suite de sa carrière.
Qu’avez-vous pensé de sa saison ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport