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Pecco Bagnaia leçon

Nouvelle course, et nouvelle leçon de Pecco Bagnaia. Aucun des grands adversaires de l’Italien n’eut de réponses pour parer ses deux efforts consécutifs. Avec quatre victoires pour lui et trois pour tous les autres réunis, il semble en mesure de prendre la saison à son compte ; paradoxalement, son total de points relativement faible lui permet de conserver le rôle d’outsider dans lequel il excelle tant.

 

À la Lorenzo

 

Il s’agissait d’un week-end quasi-parfait pour Pecco. Et je n’ai pas grand-chose à redire sur sa performance en elle-même, qui se passe de commentaires. Très fort en qualifications, il manque la pole mais peut se satisfaire d’une séance réussie de bout en bout, intelligente qui plus est, sachant que beaucoup désiraient son aspiration. Ensuite, le Sprint, là aussi, imparable tout du long, à partir d’un très bon envol. Et finalement, la course dominicale, avec un départ dont lui seul a le secret. Malgré une pénalité justifiée mais dure – la direction de course s’est encore illustrée par son irrégularité en Italie, il a pu exploser à l’extinction des feux, se placer parfaitement dans le premier virage, et ressortir comme une balle pour aller piquer Jorge Martin à l’intérieur du n°2. À partir de là, il n’y avait plus rien à faire.

J’avais réellement l’impression de voir Jorge Lorenzo sur la moto. En plus d’être bleue, la Desmosedici GP24 ne bougeait pas d’un poil – hormis dans les dernières boucles, enregistrait des temps similaires à chaque tour (dont trois consécutifs identiques au dixième près), avec, toujours, cet écart de sept ou huit dixièmes parfaitement maintenu. Et forcément, ce cadre, le Mugello, si grand et si impressionnant, où Jorge Lorenzo a tant sévi. Encore une fois, il prouve qu’il est l’un des meilleurs pilotes de l’histoire motocycliste, car seuls les géants peuvent traverser un week-end sans être inquiétés par personne d’autres qu’eux mêmes. Il a donné l’impression que la pénalité pouvait le reléguer en 16e place sur la grille, que le résultat eut été le même.

 

Pecco Bagnaia leçon

Devant. Photo : Michelin Motorsport

 

Serein

 

Je pense réellement qu’il était un ton au-dessus de tout le monde sur ses terres. La preuve en est : dans l’antépénultième tour, il a un poil faibli et a vu Jorge Martin se rapprocher à trois dixièmes. Le « Martinator » n’allait pas plus vite, c’est Bagnaia qui s’était sans doute raté quelque peu. En temps normal, laisser espérer celui qui poursuit, qui plus est quand c’est Jorge Martin, c’est se tirer une balle dans le pied. C’est comme saigner aux abords d’un requin. Il a offert de l’espoir, et c’est souvent plus fort que toutes les notions de pilotage réunies. Mais malgré cet écart, il lui fallut un tour pour reprendre quatre dixièmes et définitivement larguer l’Espagnol. Cela montre qu’il en avait encore sous le pied si jamais l’un de ses poursuivants venait à le rattraper dans les derniers instants.

 

Forza Italia

 

En cette Fête de la République italienne, Pecco Bagnaia a incarné les siens. J’ai remarqué, tout au long du week-end, qu’il générait une ferveur sans faille. Je ne l’avais jamais noté auparavant, mais il semblerait que son peuple le reconnaisse finalement comme l’un de ses dignes représentants, dans la lignée directe de Valentino Rossi. Cela ne m’avait pas autant frappé sur les autres manches disputées sur le territoire – aussi car il y avait visuellement beaucoup plus de monde que les autres années sur les collines toscanes. Pecco Bagnaia est en communion avec la foule, célèbre avec eux, s’affirme, même, sur le podium et lors de sa célébration d’après course. D’ailleurs, celle-ci était pour le moins étonnante. En hommage au groupe Kiss, Bagnaia s’est grimé en rockstar alors que son personnage et son pilotage représentent tout l’inverse. Faut-il y voir là des signes d’émancipation ? C’est trop tôt pour le dire, mais le charisme est ce qui lui manque ; c’est une manière d’en gagner. Après tout, il lui suffirait d’assumer son talent.

 

Pecco Bagnaia leçon

Le Fratelli d’Italia à l’issue du Sprint était magnifique. Photo : Michelin Motorsport

 

Un immense Mugello

 

J’ai été ravi de revoir le Mugello en fusion, comme à la bonne vieille époque. Bien sûr, les sifflets au moment des chutes sont parfaitement inexcusables, mais ne diffèrent pas d’un pays à l’autre. Les imbéciles n’ont pas de nationalité. J’ai tout de même apprécié la prise de parole de Pecco Bagnaia, qui s’est mouillé pour faire cesser cela. Mais bon, on ne peut pas faire boire l’âne qui n’a pas soif.

 

 

Les deux manches étaient belles, mais bien sûr, au vu de la physionomie de celles-ci, je savais déjà à quoi m’attendre en traînant sur les réseaux sociaux après l’arrivée. Bon nombre se plaignaient d’une course « de Formule 1 », « ennuyante », « plate ». Déjà, je soupçonne ceux qui font référence aux monoplaces de ne pas regarder ledit championnat, car ils y découvriraient l’ennui, le vrai, l’authentique. Ensuite, retrouver ces commentaires ne fut pas une surprise car la majorité d’entre eux – qui représentent, soit dit en passant, la minorité bruyante – existent car c’est Bagnaia qui s’est imposé. On a eu un beau Grand Prix, certes dominé, mais pas moins intéressant. C’est une manière de minimiser la victoire de Pecco que de dire qu’il était chiant, et c’est simple à vérifier. Ces gens n’avaient pas ce discours au Portugal cette saison, que je n’ai pas trouvé plus excitant avant la chute de Bagnaia et Marquez, ou bon nombre de victoires de Fabio Quartararo en 2021 et 2022 par exemple.

Il faut dire que le MotoGP nous a tellement habitué à des joutes magnifiques ces dernières années qu’on en oublierait le passé, où les courses comme celles-ci étaient monnaie courante. Et certainement pas moins appréciées du public en leur temps.

Ce n’était sans doute pas le GP de l’année, mais un beau spectacle avec d’importants rebondissements dans la dynamique de ceux qui animent la saison. Qu’en avez-vous pensé ? Dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Juste, magnifique. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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