En cette trêve estivale, l’heure est au bilan. Après avoir traité du cas Honda côté marques, penchons-nous sur le bon élève, le premier de la classe, celui qui a toujours la réponse. Ducati n’a laissé que des miettes à ses adversaires ; la domination du constructeur italien est totalement folle. Il n’y a rien à faire pour ralentir le phénomène.
Un bilan à peine croyable
L’étude des chiffres est formelle. Pour retrouver de pareilles statistiques, il faut remonter à la domination de MV Agusta à la fin des années 1960, ou à la limite, aux grandes heures de Honda dans les années 1990. Ducati a la main mise sur le championnat du monde motocycliste, et ça n’est pas prêt de s’arrêter.
Le bilan est comparable à celui de 2023 à l’heure où ces lignes sont écrites, et à mon sens, un peu meilleur. Tout d’abord, le classement constructeur. Ducati a 315 points ; le plus proche poursuivant, Aprilia, 175. C’est 94 % de tous les points disponibles, et n’allez pas croire que c’est en raison de la supériorité numérique. Certes, elle peut aider en cas de défaillance des ténors mais pour l’instant, ça n’est jamais arrivé. Pour rappel, les points du classement constructeur sont attribués en fonction du résultat du mieux placé des pilotes d’une marque. Et seulement trois employés ont ramené des points pour Ducati : Jorge Martin, Pecco Bagnaia et Enea Bastianini – le temps d’un Grand Prix seulement, aux USA. Idem pour Aprilia avec Maverick Vinales, Aleix Espargaro et Miguel Oliveira.
Une seule victoire dominicale a échappé aux hommes de Borgo Panigale, à Austin. L’an passé, ils en avaient perdu deux, aux États-Unis également, ainsi qu’en Grande-Bretagne. Trois Sprints ont été laissés à Aprilia, c’est un de plus qu’en 2023. Globalement, nous sommes sur des chiffres similaires (315 points contre 317 la saison passée), mais avec un détail supplémentaire.
L’arrivée de Marc Marquez chez Gresini Racing permit l’émergence d’un quatuor impressionnant, avec les deux pilotes d’usine et Jorge Martin. Ainsi, le podium ne leur échappe plus. Il fut un temps, avoir trois motos sur la boîte était un exploit, une prouesse célébrée jusque dans le pays d’origine de l’entreprise. Aujourd’hui, c’est monnaie courante. Ducati est sur une série de six courses avec trois pilotes aux trois premières places, c’est hallucinant. Et encore, ça va plus loin : elles ont monopolisé le top 5 en Allemagne et en Espagne. La Desmosedici est imprenable.
Cela se confirme à l’analyse du classement équipes, qui, pour le coup, avantage les huit machines sur la grille. Trois teams Ducati sont aux trois premières places, ce qui assoit leur domination extrême sur le reste de la grille.
Une nouvelle ère en 2025 ?
L’annonce de Pramac, véritable séisme en MotoGP, rebat les cartes. Mais la hiérarchie changera-t-elle pour autant ? En effet, on voit beaucoup de monde affirmer que la maîtrise de Ducati en sera altérée. Je n’y crois pas du tout. Premièrement, Pramac a beau être un client de premier ordre, satellite historique de Ducati, l’équipe dépend entièrement du matériel qu’on lui donne. Deuxièmement, j’ai du mal à concevoir une refonte totale des projets concurrents à trois ans de changer de réglementation. Troisièmement, Ducati a tellement d’avance qu’une GP23 – celle de Marc Marquez – est quand même devant toutes les nouveautés d’Aprilia, de Yamaha, de Honda et de KTM.
Il n’y a qu’à regarder les courses. Ducati mène largement, les écarts sont faramineux. Au Sachsenring, par exemple, la première concurrente (la RS-GP24 de Miguel Oliveira) est sixième à 10 secondes, et encore, Jorge Martin est tombé dans les derniers instants ! Il faudrait que les autres travaillent deux fois plus, pour rattraper le retard initial, mais aussi contenir l’avancée des progrès de Ducati, qui ne cesse de s’améliorer. De plus, l’arrivée de Marc Marquez au sein de l’écurie officielle ne fait que renforcer les rangs d’une équipe déjà au top. C’est pour cette raison, selon moi, qu’avoir six Ducati au lieu de huit ne changera rien du tout si ce n’est, peut-être, pour une course ou deux dans la saison. La bataille pour le podium, en revanche, sera sans doute plus belle.
Est-ce grave ?
Ce phénomène n’est pas nouveau, et je n’y vois pas d’inconvénient. Au contraire, je trouve que Ducati est assez joueur, car ils permettent à Pramac Racing de bénéficier de motos très performantes qui peuvent jouer le titre jusqu’à la dernière course, alors qu’ils pourraient légitimement tuer toute compétition dans l’œuf. Nous avons des belles courses et un très beau championnat, alors, pas de quoi se plaindre. Ducati gère parfaitement sa domination et nous offre un grand spectacle, qui souligne seulement les défaillances des constructeurs historiques.
Que pensez-vous de cette domination sans partage ? Dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport