Pendant plus d’une saison et demie, Franco Morbidelli a
été au centre de toutes les interrogations. L’Italien,
vice-champion du monde 2020, n’arrivait plus à performer depuis sa
blessure en 2021 alors qu’il confirmait être revenu à 100 %. Chez
Yamaha, les critiques allaient bon train et à raison : L’officiel
ne « faisait pas le job ». Alors qu’on pensait
qu’il était impossible pour un pilote d’usine de faire pire, Joan
Mir est arrivé chez Honda Repsol. Accrochez-vous.
I) C’est encore plus grave que ça en a l’air
« Avant, c’était mort, maintenant, c’est
pire ». Cette citation résume parfaitement
le début de saison de Joan Mir avec Honda. La situation comptable
est absolument catastrophique (aucun point marqué en Sprint, une
11e place au Grand Prix du Portugal), mais le contexte est
encore plus inquiétant.
Premièrement, Joan Mir a toujours misé sur sa régularité dans la
performance. De toute évidence, c’est raté. Même
sur une Suzuki GSX-RR dans le coup, il n’a jamais brillé de par sa
vitesse intrinsèque ce qui le pénalise encore davantage dans l’ère
des Sprints.
Deuxièmement, on craignait qu’il se fasse écraser par son
coéquipier Marc Márquez mais en réalité, le
champion du monde 2020 ne fait pas mieux même quand il est seul
sous l’auvent Honda.
Troisièmement, le nombre de chutes est
hallucinant, du jamais vu ou presque au plus haut
niveau. L’Espagnol s’est présenté sept fois au départ et
n’a terminé qu’à deux reprises, lors du Grand Prix du Portugal et
pendant le Sprint à Austin ! Cerise sur le gâteau, il
s’est blessé en Argentine après un énième volume.
Nous vous avons dégoté une statistique incroyable pour illustrer ce
phénomène. En course (Sprint et Grand Prix), Joan Mir n’a
complété que 51 tours en sept départs, sur 114
possibles.
II) Y a-t-il seulement un motif
d’espoir ?
Honnêtement, et même si nous ne voulons pas descendre des pilotes
de Grand Prix, la situation semble (déjà) inextricable. Il faudrait
un miracle non pas pour qu’il joue le top 5, mais pour qu’il soit
aussi performant qu’Álex
Rins, ce qui en dit long !
L’adaptation à la RC213V est compliquée, oui, mais Rins y est
arrivé avec brio chez LCR Honda, formation censée être en dessous
dans la hiérarchie. Même Takaaki Nakagami, pilote
plus qu’anecdotique depuis quelques années, est encore largement
devant alors qu’il aurait dû être remplacé par Ai
Ogura dès 2023 !
Le pire, c’est qu’il n’y a aucune progression de réalisée
et même, il régresse. À Jerez, où il terminait 5e en 2021
et 6e en 2022, il s’est qualifié 20e derrière Stefan Bradl. Il est
tombé au bout de sept tours pendant le Sprint, et après seulement
une boucle réalisée lors du Grand Prix.
Cela nous fait mal de le dire, mais il s’agit, en prenant en compte
le contexte, de la pire performance d’un pilote officiel au
XXIe siècle. Joan Mir pointe à la 20e position au
championnat et n’a plus marqué le moindre point depuis le 26 mars.
Au général, cela le place derrière Dani Pedrosa ou
Marc Márquez (qui n’a terminé qu’un Sprint), et à
égalité avec Michele Pirro, un seul GP disputé à 36 ans. Ce
n’est pas fini : Il a seulement deux points de plus que Jonas
Folger, lui qui n’avait plus touché le guidon d’une MotoGP depuis Aragón 2017, quand
Mir était en Moto3 !
III) Comment rebondir
Nous vous le disons depuis l’année dernière ;
nous sommes extrêmement pessimistes quant au cas Joan
Mir. C’est la première fois que nous vous confessons
ceci mais nous ne voyons littéralement aucune issue pour
lui.
Le scénario où il se met à trouver le réglage magique pour enfin
aller vite, ce qu’il n’a jamais réussi à faire au guidon de
la GSX-RR pendant quatre ans, alors que Marc
Márquez revient, dos au mur, sur une moto déjà compliquée,
et le tout après une blessure paraît réellement improbable.
Tellement de paramètres doivent être réunis, qu’un retour
de Franco Morbidelli sur le devant de la scène paraît moins
incertain. Nous espérons de tout cœur qu’il nous fasse
mentir.
Peut-être fera t-il quelques percées plus tard dans la saison,
quand il prendra confiance en sa machine. Mais cela sera-t-il
suffisant pour continuer l’aventure au plus haut niveau s’il chute
encore autant ? Nous ne le pensons pas, en priant que
nous nous trompions.
Imaginez-vous un retour au sommet pour Joan Mir ?
Dites-le nous en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport