Il n’y a pas si longtemps encore, on pensait que KTM était le constructeur le plus proche de Ducati, mais six mois plus tard, à mon sens, leur bilan est un poil décevant. Incarnée par Brad Binder, la firme de Mattighofen rivalisait largement avec Aprilia, et s’offrait parfois de magnifiques résultats. Un an plus tard, il semblerait que ça soit bien plus difficile. La victoire est aujourd’hui plus loin que jamais.
Des chiffres peu significatifs
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Côté statistiques, il est difficile de se rendre compte de la dégringolade. L’année dernière, après neuf manches, KTM totalisait 172 points au classement constructeur, contre 165 au même moment en 2024. Oui mais voilà : GasGas n’est pas comptabilisée comme une marque à part entière, ce qui signifie que les résultats de Pedro Acosta pour Tech3 entrent en jeu. C’est tout à fait normal, mais malgré cette addition non négligeable, le bilan est tout de même moins bon.
Toute la différence est là : l’équipe Tech3 a déjà un meilleur total que l’an passé alors que nous n’avons pas disputé la première moitié de saison. En revanche, l’équipe KTM officielle est en difficulté. Alors qu’elle comptait 221 points après le Grand Prix de Grande-Bretagne 2023, elle n’a ramassé que 143 unités à l’heure où ces lignes sont écrites.
Une différence de taille
Chez KTM, et j’entends par là chez Tech3 également, deux pilotes sous-performent considérablement. Augusto Fernandez, 17e, et Jack Miller, 16e, n’y sont plus du tout. En 2023, ils étaient capables, par moments, de s’illustrer, même si l’Australien n’arrivait pas à maintenir un bon niveau de performance sur un Grand Prix entier. Mais en 2024, l’un comme l’autre ne progressent plus. Une double cinquième place de Miller au Portgual – l’un de ses circuits favoris – n’a pu atténuer sa situation désespérée. D’ailleurs, aucun des deux n’a été prolongé ; ils sont actuellement en train de chercher des guidons ailleurs.
Pour les deux favoris Binder et Acosta, c’est un peu mieux. Le rookie a d’abord été impressionnant mais tend à s’engluer récemment. Brad Binder a troqué son explosivité de 2023 pour la régularité de 2022, mais sans laisser au vestiaire ses dépassements aussi hasardeux les uns que les autres. Alors qu’il jouait encore la victoire sur la fin de saison dernière, il se contente de quelques top 6 depuis le deuxième Grand Prix de cet exercice. Il n’est plus le meilleur pilote de la marque à l’heure actuelle.
Aprilia est passé devant
Quand on s’éloigne des stats, la physionomie des courses montre une différence encore plus importante. Ce qui devait arriver arriva. Aprilia, le deuxième concurrent européen de Ducati, est désormais passé devant dans la hiérarchie. Le package KTM ne permet plus de se battre pour les lauriers, et ce phénomène ne fait que s’amplifier au fil des courses. Depuis le Grand Prix du Qatar, où Binder a terminé en deuxième position, jamais une KTM n’a été en mesure de s’imposer alors que c’était légion en 2023. Rappelez-vous de Jerez, de la Thaïlande et de bien d’autres manches.
Aprilia en a profité pour devenir le principal concurrent de Ducati alors que son début d’exercice n’était pas exceptionnel non plus ! Certes, Maverick Vinales s’est imposé mais Sprints compris, Aprilia comptait trois victoires après neuf manches en 2023 contre deux (dont un GP en moins) désormais. Aleix Espargaro n’y est plus tellement et a été ralenti par une vilaine blessure à Assen, ce qui l’obligea à manquer deux courses. Malgré ça, la firme de Noale compte dix points de plus que KTM au classement constructeurs, et l’équipe d’usine colle 64 unités à sa rivale autrichienne. En Allemagne, Acosta, meilleure KTM, terminait à 14 secondes de la victoire ; c’était 16 à Assen pour Binder et plus de sept à Acosta au Mugello. Clairement, c’est la firme du vieux continent qui progresse le moins car ces écarts sont beaucoup plus importants que sur le début d’année.
Que faire ?
Tous les symptômes semblent venir de la moto, qui, pour tous, ne permet plus de jouer les avant-postes. Si ce n’était que Binder ou Miller, alors, nous pourrions peut-être mettre ceci sur le compte d’une légère baisse de forme. Mais même Pedro Acosta est beaucoup plus loin alors que l’on connaît sa capacité d’apprentissage, et qu’il est censé plus progresser que les autres. Binder n’est pas mauvais et se maintient, mais il fait aussi face à la meilleure adversité depuis qu’il évolue sur la RC16. Jamais il n’avait eu à faire à un pilote de la trempe du jeune prodige sous le auvent de Mattighofen depuis son arrivée en 2020. En revanche, les contre-performances à répétition d’Augusto Fernandez, et même, de Jack Miller – dans une plus grande mesure au vu de son statut, n’aident pas, c’est certain. De ce fait, comment ne pas être déçu de ce bilan ?
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Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : KTM