Rarement la hiérarchie des constructeurs en MotoGP
n’avait été si bouleversée. Ducati domine les débats, mais
la bataille pour la deuxième place au classement s’annonce plus
disputée que jamais. Et si KTM venait bousculer l’ordre
établi ? Ensemble, analysons pourquoi cela est
possible en plusieurs points.
I) Un recrutement intelligent
KTM dispose de deux équipes sur le plateau (en
comptant Tech3 GasGas), un avantage non
négligeable. Fait rare, en un hiver, trois nouveaux pilotes sont
arrivés, et selon nous, chacune des nouvelles recrues est un choix
pertinent. À commencer par Jack Miller. En
provenance de Ducati usine, Miller pourra sans aucun doute faire
parler son expérience afin d’aider l’équipe à progresser. S’il est
déraisonnable d’attendre de lui de nombreuses victoires et une
proactivité digne des meilleurs, la firme de Mattighofen espérera
qu’il « fasse le job » en piste, comme
il a pu le faire en 2022.
Son rôle hybride de pilote n°2 capable de ponctuellement jouer la
gagne le rend intéressant. À ce titre, et bien que
nous pensons que dans l’absolu, Oliveira reste un meilleur pilote,
KTM gagne au change car le profil de l’Australien est plus
adapté au projet.
La performance brute dépendra surtout de Brad Binder.
Après avoir réalisé une campagne magnifique, on le sent prêt à
passer un cap et à jouer plus régulièrement des podiums. Nous
parlons ici d’un pilote qui peut rivaliser avec Fabio
Quartararo et Pecco Bagnaia, la vitesse
en moins. S’il met à profit les courses sprint, et qu’il arrive à
se hisser régulièrement sur la boîte, même sans trop de victoires,
nul doute qu’il sera dans la course au titre.
Le retour de Pol Espargaró n’est pas
inintéressant. En effet, l’Espagnol aura à cœur de gommer l’échec
Honda Repsol, et sera très motivé pour réaliser
quelques exploits. Attention à lui le samedi, sa vitesse sur un
tour n’est plus à prouver, et son explosivité peut le propulser
tout en haut lors des courses sprint. Quant à
Augusto Fernández, c’est la grande inconnue.
Cependant, et contre l’avis général, nous pensons qu’il est le
meilleur rookie en MotoGP depuis la cuvée 2021
(Bastianini et Martín). Son
profil très mature dans l’approche et ses fulgurances
exceptionnelles (Silverstone 2022) peuvent le rendre dangereux.
II) KTM a le vent en poupe
Red Bull KTM Factory Racing, dans sa forme longue,
a enregistré une progression sans précédent en 2022.
On connaît la détermination et l’esprit de compétition qui règne au
sein de la firme autrichienne, et ce depuis des
décennies . Avec seulement deux machines performantes
(de fait), elle a réussi à accrocher la quatrième place au
classement constructeurs, mais plus intéressant encore, la deuxième
au classement équipes, en soufflant la place à Aprilia dans les
derniers instants. En 2022, l’équipe officielle a marqué 92
points de plus qu’en 2021.
III) Un contexte particulier
C’est surtout l’absence de concurrence, ou plutôt l’état de la
grille qui nous pousse à une telle conclusion. En effet, à
part Ducati, quelle équipe peut se vanter d’être aussi solide et
prometteuse ? Suzuki n’est plus, et il est difficile
d’imaginer Honda au même niveau, à part bien sûr Marc
Márquez qui sera rapide, quoi qu’il en soit. Yamaha peut
se relever, mais encore une fois, l’absence de team satellite ainsi
que le cas Franco Morbidelli n’est en rien
rassurant. La lumière peut seulement venir de
Fabio. Comme nous l’avons vu cette année, il n’est pas
infaillible.
Il reste Aprilia, qui, comme KTM, a marqué des progrès énormes.
La fin de saison catastrophique et la suppression des
concessions nous font dire qu’il sera difficile de réitérer
l’exploit de 2022. De plus, la firme de Noale ne peut compter sur
un pilote du calibre de Brad Binder.
Maverick Viñales est en capacité de réaliser
quelques exploits, mais difficile de l’imaginer retrouver sa forme
de 2017, qui, elle même, n’était pas caractérisée par la
régularité. Aleix Espargaró était encore dans le
coup, mais à déjà 33 ans dans un environnement toujours plus jeune,
peut-il continuer sur ce rythme tout en portant le projet ?
Difficile à dire. De toute manière, Aleix n’avait pas la vitesse
nécessaire pour jouer tout devant sur la campagne passée. À
l’heure où nous écrivons ces lignes, KTM a l’avantage.
Que pensez-vous des ambitions de la marque autrichienne ?
Êtes-vous optimistes pour 2023 ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport