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Jorge Martín

Ça y est ! Jorge Martín s’est enfin imposé dans une course MotoGP ! Certes, ça n’était « qu’un » Sprint, mais tout de même, il n’avait plus fini en tête depuis le Grand Prix de Styrie 2020, il y a bientôt trois ans. Après une saison 2022 achevée de manière tonitruante mais sans victoires, il semblait un peu en dedans au début de l’année 2023. Un mélange de maladresse et de manque de rythme le ralentissait considérablement mais au Mans, ces problèmes semblent s’être effacés. Alors, le « Martinator » est-il définitivement de retour ?

I) Est-il seulement parti ?

Nous parlons de retour alors que dans les faits, il ne termine jamais très loin de la tête de course, et ne score pas moins que sur la fin 2022. Mais nous avions remarqué un changement subtil depuis l’entame au Portugal. Alors que les Sprints semblaient être dessinés pour lui, il n’a pas pris ce nouveau format à son avantage et s’est laissé distancer au général par des pilotes intrinsèquement moins rapides que lui.

Pourtant, la vélocité prime plus que jamais dans cette nouvelle ère. Mais force est de constater que Marco Bezzecchi, Brad Binder et surtout Pecco Bagnaia ont été significativement plus explosifs sur courte distance et même, en qualifications. Rappelons que le « Martinator » avait terminé la saison passée sur trois pole position consécutives, dont une hors de ce monde à Sepang. Cette année, il n’a toujours pas ouvert son compteur alors qu’il a eu de bonnes opportunités. Peut-être était-ce le temps d’adaptation à la GP23, mais par le passé, il a toujours rapidement pris la mesure de sa nouvelle machine (pole dès le deuxième Grand Prix de sa carrière en 2020, puis deux poles au Qatar et aux USA en 2022).

 

Jorge Martín

Quelle prestance. Photo : Michelin Motorsport



Finalement, nous évoquons un retour car Jorge Martín ne représentait plus l’outsider en chef, ou, en français, « celui qu’on attend pas mais un peu quand même ». Vous savez, ce pilote capable de réaliser une percée le dimanche, de monter sur le podium après une âpre bataille, d’effectuer un dépassement ou une action mémorable. Au Mans, il a retrouvé ce statut.

II) Un weekend à 32 points avec la manière

Jorge Martín a été très bon et au-delà de ça, très juste. Seul petit bémol, sa vitesse sur un tour, toujours pas foudroyante. Il n’a jamais vraiment pris part à la course pour la pole, encore une fois dominée par un Pecco Bagnaia impérial. L’an passé, Jorge était au moins au niveau de l’Italien en qualifications, si ce n’est au dessus, mais en 2023, l’écart s’est creusé en faveur du champion du monde en titre.

Puis, pendant le Sprint, nous avons observé un Jorge Martín serein qui réalise une course « à la Pecco », s’échappant loin en tête après avoir effectué quelques dépassements intelligents. D’ailleurs, il faut souligner sa qualité d’élimination. Au vu de son profil très explosif, on pourrait croire qu’il s’appuie trop souvent pour s’affranchir d’un adversaire à l’image de Marco Bezzecchi ou Brad Binder, ou, comme Marc Márquez, qu’il ne laisse pas le choix à l’adversaire, qu’il impose sa volonté par la force au risque de chuter. La preuve en image, avec un dépassement de Marc aux S-Bleus, où l’on voit clairement que Martín ralentit plutôt que de risquer le blockpass au point de corde. Nous ne saurons jamais, mais nous sommes presque sûrs que la situation aurait été tout autre si les rôles étaient inversés.

 

 

Martín reste propre, posé, et ne se précipite pas. D’ailleurs, c’est sa patience qui a été récompensée le dimanche après avoir doublé Marc Márquez. Derrière le n°93, l’Espagnol a pris son temps, a même laissé de la marge par moments – peut-être pour garder la température du pneu avant dans la fenêtre d’utilisation – jusqu’à dépasser son vis-à-vis. Comme vous pouvez le constater ci-dessous, il était déjà devant au moment de la chute et sa position sur la piste indiquait ce qu’il allait tenter ici.

 

 


N’oublions pas que sa course est un comeback en soi : après avoir écarté au Garage Vert, il dut cravacher pour revenir parmi le groupe de tête. Très bel effort.

III) Déclic ?

Après sa victoire du samedi, Jorge Martín confia qu’il avait senti un déclic en roulant seul en tête, là, sur le circuit Bugatti. Comme libéré, sa performance du dimanche laisse sous entendre qu’il disait vrai mais il faut faire attention avec ces enflammades, et ce pour deux raisons que nous allons exposer.

Premièrement, car il a toujours été un pilote on/off. On le sait pertinemment, il chute souvent, et parfois, n’est même pas dans le coup pour jouer le podium. À ce stade, il serait très ambitieux de le voir à ce niveau tous les weekends. Oui, sa marge de progression est importante et c’est pourquoi nous lui collons toujours le statut d’outsider, et pas de favori. Le Grand Prix de France ne nous a pas fait changer d’avis.

 

Photo : Michelin Motorsport



Deuxièmement, car notre analyse post-Austin est valide. Mooney VR46 Racing Team détient encore ce rôle d’équipe satellite surprise, malgré le double podium de Pramac au Mans. Pour la deuxième fois de l’histoire, trois motos engagées par des privés sont sur le podium et comme en Argentine, c’est une Desmosedici noire et jaune pilotée par Marco Bezzecchi qui est devant. Martín, aussi bon fut-il, termina tout de même loin de « Bez » alors que l’on imaginait les rôles inversés avant le début de saison. Tant que Marco sera à ce niveau, Jorge Martín aura du mal à redevenir « l’homme du moment ».

Même si nous avons de bons motifs d’espoir, ne nous emballons pas concernant son cas. Et vous, qu’en pensez-vous. Croyez-vous en ce fameux déclic ? Dites-le nous en commentaires !

 

Photo : Michelin Motorsport

 

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