Parlons MotoGP : Jorge Martín a peut-être (déjà) raté sa chance…

La saison 2024 démarre aujourd’hui ! Jusqu’au premier Grand Prix de la Saison, Parlons MotoGP essayera de détailler au mieux les attentes qui entourent tous les pilotes, au tour de Jorge Martín. Ceci s’accompagnera d’un petit pronostic, et bien sûr, vous êtes invités à donner le vôtre en commentaires. Hier, nous poursuivions cette série avec Brad Binder, dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici.

 

Singularité

 

L’année dernière, Jorge Martín a été flamboyant. Sur la fin de saison, il nous a laissé penser, l’espace de quelques manches, qu’il pouvait rivaliser avec Pecco Bagnaia dans la course au titre, ce qui est exceptionnel compte tenu de son statut de pilote satellite. Nous sommes largement revenus sur son exercice 2023, et il est temps de se pencher sur celui qui se profile.

La situation est assez complexe. D’un côté, il dispose toujours de l’une des meilleures machines de tous les temps, la Desmosedici ; le millésime 2024 à l’air absolument démentiel, et il ne fait aucun doute qu’elle jouera devant quoi qu’il arrive. Je ne vois pas son coéquipier Franco Morbidelli lui prendre des points, car les deux n’évoluent pas dans la même dimension. En plus, j’imagine l’écart entre la GP24 et la GP23 plus grand que celui qui séparait la GP23 de la GP22, et donc, Marco Bezzecchi et Fabio Di Giannantonio (même, dans l’absolu, Marc Marquez) qui pourraient s’avérer moins dangereux. Enea Bastianini peut opposer une belle résistance au « Martinator », car leurs plafonds ne sont pas si éloignés ; les deux ont posé autant de problèmes à Pecco Bagnaia lorsqu’ils étaient au top de leur forme.

 

 

Qu’est ce que cela signifie ? De mon point de vue, que Jorge Martin va avoir plus de place pour se développer en tant que pilote, et qu’il sera moins sous la pression d’autres adversaires dotés de machines moins performantes. Au vu de cette première partie, la dynamique semble être très positive. Sauf qu’elle ne l’est pas totalement.

En 2022, déjà, l’accès au guidon d’usine lui fut refusé – justement selon moi – pour profiter à « Bestia ». Soit. Mais en 2023, il ne pouvait pas faire beaucoup mieux pour mériter cette place de titulaire indiscutable au sein de la meilleure équipe du monde. Il a progressé courant 2023, c’est une certitude, mais il était attendu à ce niveau après une fin d’exercice 2022 tonitruante. Qu’il réalise ses prouesses n’a choqué personne, c’est un crack. Et après ? Est-il au niveau de Bagnaia ? Non, l’Italien est largement au-dessus de lui, et était même meilleur sur la fin de saison 2023 si l’on se fie aux statistiques. Sur la piste, Pecco est quasi-intouchable tandis que Jorge Martin conserve quelques lacunes comme la régularité dans la performance.

La question qui découle de cette analyse est simple. Que doit-il viser en 2024 ? La couronne ? La deuxième place du général ? Cela serait un déclassement par rapport à l’an dernier. Il est perdant dans tous les cas, sauf s’il gagne. Tout résultat autre que le titre représenterait un échec sur le plan de la progression, et ce championnat, il est plus loin qu’on ne le pense. Cette saison 2023 particulière avec un Pecco fort mais moins triomphant sur la fin est trompeuse, et a propulsé le Martinator dans un rôle qui n’est sans doute pas la sien, mais, en même temps, à la bonne position.

 

 

Pour reprendre le titre de cet article, Jorge Martin est passé à côté d’une chance qui n’arrive pas souvent dans une vie, comme surclassé par le destin. Il n’était peut-être pas le plus légitime pour remporter le gros lot, mais il était dans cette position, et il n’y est pas arrivé. De telles fenêtres, dans une carrière, sont rares.

 

Le pronostic

 

Selon moi, Jorge se heurte à un problème. Il est fait pour jouer devant, c’est une certitude. Mais il n’est pas taillé, encore, pour disputer le titre. Bien entendu, il peut progresser de manière exponentielle car il est extrêmement jeune, et doté de ce génie dont sont faits les plus grands. Mais la marche entre lui et Bagnaia est simplement trop haute.

 

 

Je pense d’ailleurs qu’il va s’améliorer en 2024, en terminant plus régulièrement dans des positions intéressantes, mais aussi, qu’il sera bien plus loin de Bagnaia. Cela pourrait l’amener à s’écharper de la 2e à la 4e position du général, à la bataille avec un Bastianini, pourquoi pas. Quoi qu’il en soit, rien qui ne représenterait une « amélioration » nette, une progression dans la hiérarchie. À l’heure où ces lignes sont écrites, il n’est encore qu’un excellent outsider qui s’est retrouvé en bataille pour la couronne, et pas un favori moins régulier.

Et vous, que voyez-vous pour le Martinator en 2024 ? Dites-le moi en commentaires !

 

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport