Jorge Lorenzo MotoGP

Jorge Lorenzo n’a jamais quitté le MotoGP. Il évolue chez Pramac Ducati, avec le n°89. Ce week-end, Jorge Martin nous a offert une prestation de haute volée, qui ne ressemblait pas à ce qu’il avait l’habitude de nous proposer. Il est le grand gagnant de cette deuxième manche, loin devant un Pecco Bagnaia trop audacieux, un Marc Marquez pressé, et tous les autres. Analyse d’une victoire stupéfiante.

 

À la Bagnaia

 

Il était difficile de prévoir que Jorge Martin allait remporter le Grand Prix. Jusqu’ici, le développement de son week-end de course n’avait pas été optimal, au vu de ses standards. À l’issue du Practice, le « Martinator » pointait quatrième, certes, mais à deux dixièmes du leader Enea Bastianini, alors qu’on sait qu’il possède une vitesse intrinsèque plus foudroyante.

Puis, en qualifications. Ici, grosse surprise. Lui qui, d’habitude, démontre avec une sorte de géniale facilité son talent inné pour aller chercher un très gros chrono dès le premier run, a fait une erreur assez grossière – car récurrente ; à savoir, sortir allègrement sur la partie verte dans le dernier virage. Il n’avait donc plus qu’une chance lors de la deuxième salve. Et là encore, dans le coup – il reste Jorge Martin – mais jamais vraiment menaçant sur l’ensemble du tour. Cela permit à Enea Bastianini et Maverick Vinales de lui passer devant, chose plus qu’inhabituelle. Soit. Les qualifications se jouent sur des détails, et sans doute que sa séance aurait pu se dérouler autrement s’il avait validé ce premier tour, au moins sur l’aspect mental.

 

 

La véritable différence s’est faite sur le Sprint. Depuis la mi-2023, il est le roi incontesté de cette nouvelle discipline grâce à sa capacité de projection phénoménale. Et cette fois, il fut invisible. Même, sans solutions, face à un « Top Gun » décidément trop fort pour la concurrence. Marc Marquez aussi profita de rarissimes erreurs de sa part.

Et pourtant. Dimanche, il n’y avait rien à dire. Il a mené, largement, du premier au dernier virage, comme l’aurait fait Jorge Lorenzo en son temps. Seul lui et Bagnaia parviennent à invoquer l’héritage et la grandeur de « Por Fuera » une fois les feux éteints ; voici ses enfants spirituels. C’est plutôt rare qu’il s’impose sans prendre la pole position ; la dernière occurrence remonte au Grand Prix d’Allemagne 2023 – cette sublime joute, et avant cela, au Grand Prix de Valence 2020 en Moto2. Avant le départ, seulement 26,7 % de ses victoires en carrière (4/15) avaient été acquises en ne s’élançant pas de la pole position. Il passe désormais à 31 %.

 

Jorge Lorenzo MotoGP

Flawless. Photo : Michelin Motorsport

 

Chapeau

 

Étant donné qu’il a mené tout du long, il n’y a pas grand-chose à dire hormis « chapeau ». On peut noter, tout de même, l’importance que revêtait ce Grand Prix pour lui. Au Portugal, il n’avait jamais connu beaucoup de succès. D’abord, une triste 6e position en Moto2 lors de la saison 2020, alors qu’il faisait partie des prétendants au titre cette année-là. Puis, en 2021, pour sa première en MotoGP, il s’était gravement blessé. Les huit fractures provoquèrent une absence longue de quatre courses. En 2022, il ne vit pas l’arrivée, exactement comme en 2023, découpé par Marc Marquez dans les premiers instants. De toute évidence, cette blessure de 2021 lui trottait dans la tête, comme on peut le voir sur sa dernière publication Instagram. Il s’est vengé de la plus belle des manières.

 

Il a gagné au loto

 

L’histoire se dressait contre lui, et pourtant, il a provoqué sa chance. Et quelle chance. Le « Martinator » réalise une opération exceptionnelle au classement général, l’une des meilleures effectuées par un pilote ces dernières années. Premièrement, il porte un coup au foie à Pecco Bagnaia qui n’a jamais été en mesure de le contenir, du vendredi au dimanche. Deuxièmement, il ne laisse pas à Marc Marquez la joie d’être le principal outsider sur Ducati. Un an après, Jorge incarne toujours le poison le plus venimeux émanant des équipes satellites.

 

Jorge Lorenzo MotoGP

Jorge Martin pourrait bien avoir une nouvelle chance cette saison. Photo : Michelin Motorsport

 

Troisièmement, il fait mieux qu’Enea Bastianini, son véritable nemesis – et pas Bagnaia, celui qui lui avait pris « sa » place au sein de l’équipe d’usine à la fin 2022, et qui l’occupe toujours d’ailleurs. Quatrièmement, il met à distance la menace Aprilia – bien réelle, car Vinales a subi un problème mécanique et Aleix Espargaro est passé à côté de son rendez-vous portugais. Cinquièmement, la chute de Brad Binder en Sprint lui offre un matelas de points considérable sur ce dernier.

À l’heure où ces lignes sont écrites, il compte déjà 18 points d’avance sur Binder, 21 sur Bastianini, et 23 sur Bagnaia. Au bout de deux courses, c’est énorme. Cette saison, il commence fort, d’entrée. C’est exactement ce qui lui avait manqué lors de l’exercice précédent, là où il avait végété plus bas dans le classement avant de se réveiller à mi-saison. S’il poursuit sur cette lancée, Martin pourrait faire mal, très mal.

Qu’avez-vous pensé de Jorge Martin ce week-end ? Dites-le moi en commentaires !

 

La machine est en marche. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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