Nous poursuivons notre rétrospective de la saison de
chaque pilote, du dernier jusqu’à Pecco Bagnaia. Pour
apprécier la performance de nos héros, regarder leur place au
général ne suffit pas. Ainsi, nous allons nous pencher sur les
dynamiques, le contexte, les qualifications, l’attente que le
pilote en question suscitait pour juger sa campagne. Hier, c’était
la saison de
Jorge Martín qui était à l’honneur.
Vous pouvez retrouver l’article correspondant en cliquant sur cette
phrase en surbrillance.
Pour rappel, cet avis reste subjectif, et ne reflète que la
pensée de son auteur.
I) Année amère
Pour sa sixième campagne en catégorie reine, Johann
Zarco n’a pas brillé. S’il a régressé par rapport à
l’année dernière, c’est surtout la fin de saison qui pose question.
Ceci est un problème récurrent dans sa carrière au plus haut
niveau. En effet, depuis 2017, il compte 12 podiums avant la trêve
de mi-saison, contre trois sur la deuxième partie de l’année. Mais
au-delà de cette simple anecdote, la dernière manche à Valence
était particulièrement douloureuse. Avant l’ultime rendez-vous,
nous avions présenté les différents enjeux liés à Johann
Zarco. Il jouait gros, et pouvait potentiellement
s’emparer de la sixième place du général. Mais une course
cauchemardesque ponctuée par une chute mit fin à ses espoirs. Pire
encore, le pire scénario se produisit, puisque
Álex Rins s’imposa et s’empara de
« sa » position.
Zarco échoue donc en 8e place. Ce triste événement n’est finalement
pas si surprenant au vu de sa moyenne sur les dernières manches. Le
problème, c’est que nous attendions beaucoup de Johann, qui devait,
à bien des égards, jouer le rôle de l’outsider. Rarement avait-on
vu un essoufflement aussi important au cours d’une même saison.
Certes, l’irrégularité de son coéquipier Jorge
Martín le place devant au championnat, mais l’Espagnol n’a
pas été moins bon, pour ne pas dire meilleur.
Tout d’abord, Zarco n’a pas été beaucoup plus
régulier : Cinq abandons (dont l’accrochage confus de
Misano), soit son plus grand total en MotoGP à égalité avec la
maudite saison 2019. Ensuite, quand les deux franchissaient la
ligne, Martín était plus souvent devant (six fois contre quatre).
Les exploits individuels et performances pures sont aussi du côté
de l’Espagnol : Ils sont égaux en termes de podiums (quatre chacun)
et de meilleurs tours en course (deux de chaque côté), mais le
« Martinator » a plus de pole (cinq contre deux).
La différence était assez marquée avant le Grand Prix des Pays-Bas,
mais finalement, seulement trois points séparent les deux
larrons.
II) Mauvais départ
Vous l’aurez compris, le bilan comptable ne joue pas en sa faveur.
Mais ce n’est pas tout, car le verdict de la piste n’est pas
beaucoup plus rassurant. Bien sûr, comment ne pas évoquer les
départs. C’est assurément le point faible de Johann : Nous n’avons
pas le souvenir de si mauvais départs pour un pilote aussi fort
dans l’histoire des Grands Prix. En fin d’année, ils intervenaient
à chaque course ou presque. Mais de mémoire, Zarco ne
souffrait pas de ce problème par le passé. C’est comme si
la dimension psychologique avait pris le dessus sur cet exercice
primordial. D’ailleurs, son langage corporel est assurément l’un
des moins inspirés de toute la grille. Le Français n’inspire pas la
confiance dans ses propos, et l’on comprenait aisément toute la
difficulté qu’il avait à faire fonctionner cette Desmosedici GP22,
pas faite pour lui. Cette fracture entre lui et sa monture s’est
notamment illustrée en interview au sortir du GP d’Australie, où il
déclarait manquer de naturel au guidon (8e mais avec le meilleur
tour en course, ce qui est paradoxal).
Pour finir, nous ne pouvons passer à côté du Grand Prix de
Grande-Bretagne, qui représentait, sans l’ombre d’un
doute, sa meilleure chance de victoire en MotoGP. Parti de la pole,
il chuta seul en tête dans les premières boucles. C’est une image
qui rappelle Le Mans 2018, où, dans une situation
similaire (pression de la première victoire avec la pole sur un
circuit favorable pour la machine), il avait montré trop de
fébrilité. Par ailleurs, il est le pilote avec le plus de
pole positions (8) et de podiums
(15) à n’avoir jamais remporté une course en MotoGP.
Conclusion :
Alors, bien entendu, nous exprimons ici notre déception car nous
attendions une saison bien meilleure au vu de son immense talent.
Zarco reste l’un des plus rapides de sa
génération, et dispose d’énormément de qualités au guidon.
Bien qu’il ait perdu de son explosivité caractéristique des années
Yamaha, il reste prétendant au podium à chaque sortie, sur le sec
ou le mouillé. Ses rythmes sont parmi les meilleurs, et quand il
remonte les places une à une, impossible de le freiner
(Mandalika, Buriram ou même
Sepang). C’est plus l’absence de progression –
voire la régression – dans certains domaines qui fait naître ce
sentiment de déception, plutôt que la potentielle non-expression de
son niveau intrinsèque que nous connaissions déjà.
Qu’avez-vous pensé de sa saison ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport