La saison de Johann Zarco est étrange. Alors qu’il était
plutôt bien parti, le Français connaît une fin d’année délicate,
marquée par des qualifications et des départs plus que moyens.
Ensemble, analysons cet épisode difficile.
I) Un phénomène réel
Bien que la vitesse de Zarco ne soit pas mise en cause, nous ne
pouvons pas nier que ses résultats, notamment lors des cinq
dernières courses, sont mitigés. Les statistiques sont claires. Du
Grand Prix du Qatar au Grand Prix d’Autriche, Johann repartait avec
12,5 points en moyenne lorsqu’il ne chutait pas.
Par ailleurs, il est bon de mentionner qu’il est tombé à trois
reprises durant cette période, et une fois impliqué dans un
accrochage à Misano. De ce point de vue, le pilote Pramac est dans
la moyenne.
Depuis Aragón, il ne tourne plus qu’à 8,2 points par
course. L’écart est impressionnant. Le problème est
peut-être plus large que ce que l’on imagine. En effet, il est aisé
de constater que les départs ne sont pas son point fort. Mais cela
va plus loin : Les débuts de course, en général, lui portent
préjudice et ont tendance à amoindrir ses chances de podium.
La raison, lui seul la connaît. Certes, on est au
courant de ses problèmes d’adaptation et des défauts de sa machine
2022 à l’extinction des feux (Australie et
Sepang), mais nous pouvons noter une vraie
difficulté à gérer les entames.
Nous soupçonnons également un manque d’agressivité, dans le
doute de commettre une erreur. Rappelons que le Français
s’est vu, parfois injustement, il est vrai, pénalisé ou rappelé à
l’ordre pour ses dépassements osés notamment sur la période
2017-2020. Il est difficile d’attaquer pleinement sur une machine
en laquelle on a pas 100 % confiance. Comme il le
confiait après Phillip Island, il manque de naturel et cela
influence énormément la performance.
Le problème, c’est qu’il ne faut pas que cette difficulté à
surmonter une moto pas parfaitement adaptée à son style joue sur
l’assurance, un élément central dans la quête de performance.
Zarco peine souvent avec les situations tendues depuis son
arrivée en MotoGP. Son langage corporel laisse parfois
entrevoir un homme très déçu, totalement abattu après une chute ou
un résultat en demi-teinte.
Rien de grave pour le moment, nombreux sont les pilotes à
connaître de mauvaises passes. Mais il ne faudrait pas que
Johann perde son incisivité qui le caractérisait. Le développement
de ses courses est toujours excellent, et c’est précisément ce qui
lui permet de retomber sur ses pattes le dimanche après-midi.
II) Sa saison se jouera à Valence
L’ultime manche du championnat du monde revêt une importance
capitale pour Zarco. Et ce sur plusieurs niveaux. Premièrement, à
l’échelle de la confiance. Il est important de bien finir l’année
afin d’arriver en totale maîtrise lors des essais d’après course.
De plus, cela pourrait renverser son
momentum, repartir sur une nouvelle base en quelque
sorte.
Deuxièmement, du point de vue du championnat. Sans
se mentir, la saison de Johann est plus décevante que
satisfaisante. Le double champion du monde Moto2 en est,
actuellement, à 8,7 points de moyenne contre
9,6 l’an dernier. Ce n’est pas négligeable. Sur le
plan analytique, nombreuses sont les opportunités manquées,
d’ailleurs souvent pour les raisons explicitées précédemment
(Mandalika, Silverstone et
Buriram en particulier). Il pointe actuellement
septième du championnat, alors qu’il avait réalisé une cinquième
place en 2021.
Cependant, rien n’est joué. En effet, 23 points
le séparent de
Jack Miller, cinquième. Inutile de vous préciser
qu’aller chercher l’Australien est quasi mission impossible, mais
Brad Binder, à seulement deux points devant, est à
portée.
Sans parler de considérations financières dont nous n’avons pas
connaissance, gagner une place à Valence est toujours important,
d’autant plus que c’est réellement accessible. Johann compte de
bons résultats sur le circuit Ricardo Tormo,
notamment en catégories inférieures. Il y est en difficulté
sur la Ducati, c’est vrai, mais Binder n’est pas beaucoup plus à
l’aise.
Zarco bénéficie d’un meilleur package ; le
circuit correspond bien à la Desmosedici, mais surtout d’une plus
grande vitesse que son vis-à-vis. S’il réalise un début de course
correct, il y a de très fortes chances pour qu’il figure devant le
Sud-Africain à l’arrivée, potentiellement synonyme de gain de
place. Rappelons que Binder a terminé quatrième ou mieux
seulement trois fois cette saison, contre six pour Zarco ; ce
dernier peut définitivement aller chercher les places qui
comptent.
Conclusion :
Selon nous, ou tout du moins l’auteur de cet article, qui ne
reflète pas l’avis du reste de la rédaction, Johann va aller
chercher cette sixième place au général, plus importante pour la
confiance que pour la position en elle même – vous l’aurez compris.
En étant plus vite, sur un tourniquet comme Valence, Zarco devrait
avoir le rythme pour jouer le top 5, un territoire peu familier
pour Brad Binder. Bien sûr, la KTM étant la monture la plus
imprévisible du plateau, nous ne sommes pas à l’abri d’un
exploit.
Nul doute que Johann, en grand compétiteur, a cette place dans le
viseur. Il devra se frayer un chemin devant très tôt dans la
course, et c’est aussi la parfaite occasion d’envoyer un message
fort à tout le plateau s’il y parvient.
Que pensez-vous de la saison de Zarco ? Dites-le-nous
en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport