Après une saison 2022 difficile, Joan Mir peut-il
rebondir sur la capricieuse Honda RC213V ? Alors que
la saison 2023 approche à grands pas, nous vous présentons dix
sujets à surveiller tout au long de l’année. Cela peut concerner
des pilotes, des équipes ou d’autres thématiques, avec, à chaque
fois, un avis relativement tranché : Ici, on se
mouille. Bien sûr, vous êtes invités à dire ce que vous en
pensez en commentaires.
Hier, nous sommes revenus sur le cas d’Álex Márquez, une
analyse que vous pouvez retrouver en cliquant sur cette phrase en
surbrillance.
Pressenti chez Honda Repsol peu après la terrible annonce de
Suzuki, Joan Mir est enfin prêt à débuter sa 5e
saison au plus haut niveau. Le champion du monde 2020 le
sait : le défi est immense, au regard des performances de ses
prédécesseurs depuis le départ de Dani Pedrosa fin
2018. Mais tout d’abord, pourquoi lui en
particulier ?
À vrai dire, nous ne connaissons pas les motivations de
cette sélection, et encore à l’heure actuelle, nous questionnons la
pertinence de cette nomination. Sa nationalité a peut-être
joué. C’est passé sous les radars, mais tous les pilotes titulaires
chez Honda Repsol sont Espagnols depuis la retraite de
Casey Stoner en 2012. Une dynamique se
dessine, et qui, soit dit en passant, n’est pas très rassurante en
plus de ne pas porter ses fruits (de fait). Hormis cela, oui, nous
décelons beaucoup de talent en Joan Mir. Double
champion du monde, il a des qualités non négligeables à l’image de
sa régularité dans la performance comme sa combativité. Mais
globalement, et avec tout notre respect pour ce très bon pilote, il
semble que son titre de 2020 a tendance à tromper les
observateurs.
Aujourd’hui,
Joan Mir ne fait plus partie des têtes d’affiche et c’est
triste à dire. Vous comprenez déjà que nous sommes très
pessimistes quant à sa campagne 2023, en espérant qu’il nous fasse
mentir. Tout d’abord, il manque cruellement de vitesse. Dans l’ère
actuelle, il est très difficile de subsister sans faire de coups
d’éclat, et ce ne sera pas une surprise, mais nous ne le voyons pas
particulièrement brillant lors des sprints.
Toujours aucune pole en MotoGP, du jamais vu pour un
champion du monde, avec un seul meilleur tour en course.
Une seule victoire à Valence en 2020 et voilà toutes
les grosses performances de Joan Mir en catégorie reine.
Attention : nous ne sommes pas en train de dire qu’il ne
mérite pas sa place, et d’ailleurs, nous avions loué sa saison 2021
empreinte de réalisme. Mais nous ne pouvons pas ignorer ses
points faibles.
En plus de son déficit de vélocité, il y a peu de chances que
Joan Mir soit celui qui tire vers le haut
Honda Repsol. L’équipe peine considérablement
depuis trois saisons et semble à court de solutions. La
GSX-RR pourtant plus polyvalente depuis 2019-2020
n’a pas tant progressé avec Mir et Rins aux manettes. Alors qu’on
attendait beaucoup de performance en 2022, le soufflé est retombé
et pire encore : le seul pilote rapide à son guidon était
Álex Rins en fin d’année.
Évoquons aussi les blessures, qui, bien entendu, ne sont pas
totalement de son fait. Joan Mir n’a connu que deux saisons pleines
sur quatre, et revient seulement d’une longue absence. Sur une
RC213V récalcitrante, attention à ne pas pousser jusqu’à la chute
pour essayer tant bien que mal de la faire fonctionner,
soit le même avertissement formulé à l’égard de
Rins. Comme son ancien coéquipier, Mir est un pilote qui
ose, prend des risques et tombe souvent : une raison de plus
d’être sceptique.
Cerise sur le gâteau, il devra essayer de faire bonne figure face à
Marc Márquez, sauf si ce dernier est encore en
proie au mauvais sort. La comparaison peut faire très mal s’il
n’est pas tout de suite dans le coup, c’est une certitude.
Nous ne sommes pas en train de dire que Mir a eu tort
d’accepter le challenge. Malgré les déboires, Honda Repsol
reste une institution, sans doute la plus grande équipe de
l’histoire des Grands Prix motos (le débat serait intéressant).
On ne refuse pas l’écurie Honda. Selon nous, c’est
le choix de la marque ailée qui est discutable. Mir n’incarne pas
de profil particulier qui pourrait « sauver » la
formation à moyen terme. Joan devra se raccrocher à la dernière
manche de la saison 2022, Valence, qu’il avait terminée en 6e
position. C’est maigre, mais cela peut représenter un bon
point de départ après une campagne plus que
laborieuse.
Si l’on veut un pilote capable d’apporter de la stabilité, de la
sérénité et l’expérience récente d’une bonne machine en clair n°2,
pourquoi ne pas tout faire pour s’offrir Jack
Miller? Si l’on préfère un pilote explosif qui peut
dynamiter l’équipe, une sorte de choix à double tranchant, pourquoi
ne pas sélectionner Álex Rins, qui, malgré une
saison 2021 en dedans, reste tout de même le plus sensationnel du
duo Suzuki. Si l’on désire faire un choix audacieux, alors il est
temps de tout donner pour Pedro Acosta ou
Ai Ogura. Quitte à se tromper, autant essayer de
faire percer un possible talent générationnel avant qu’il ne
préfère une Ducati. C’est un gros risque, certes, mais
n’est-ce pas ce dont Honda Repsol a besoin au moment
T ?
Joan Mir ne ressemble à aucun des archétypes précédemment
détaillés. Face à eux, il représente un choix plus
conservateur. Concernant le futur de l’Espagnol, nous ne sommes pas
tant inquiets. Il est rare de quitter le MotoGP en sortant d’une
équipe d’usine, d’autant plus qu’il est encore jeune. En
revanche, il doit tout de même se méfier d’Álex Rins qui pourrait,
en cas d’adaptation plus rapide, prétendre à sa place au sein de
l’équipe officielle.
Comment voyez-vous 2023 pour Joan Mir ? Pensez-vous
que c’est une bonne pioche pour Honda Repsol ? Dites-le nous
en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport