Joan Mir, pilote officiel Honda qui vient de signer pour deux années supplémentaires, est actuellement dans une posture très délicate. Cela s’illustre notamment par une statistique peu flatteuse, qui n’a pourtant pas découragé l’autrefois prestigieuse firme japonaise de le prolonger.
À l’image de son équipe
Le début de saison de Joan Mir n’était pas décevant compte tenu du contexte, c’est un fait ; sans être transcendant non plus. Actuellement premier pilote Honda au classement, il ne devance Johann Zarco que d’une courte tête, mais bat confortablement son coéquipier Luca Marini. J’ai déjà parlé de la situation chez Honda récemment, dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici. Ainsi, concentrons-nous davantage sur cette statistique qui aurait dû mettre la puce à l’oreille de ses employeurs.
Joan Mir est le pilote qui a le plus souvent abandonné. Avec quatre résultats blancs en neuf courses dominicales, il fait pire que tous ses camarades. C’est dommage car il est le seul, chez Honda, a être entré dans le top 10 (à l’occasion d’un Sprint, mais quand même). Il pousse beaucoup plus qu’un Zarco par exemple, quitte à chuter. Ceci, à mon sens, le pénalise grandement car il se prive de temps de roulage, alors qu’il n’a rien à gagner à se battre si ardemment pour une 11e position à l’arrivée.
De plus, les chances de se blesser augmentent considérablement avec ces prises de risque inutiles à proprement parler. Rappelons que l’année dernière, il avait manqué beaucoup de courses en raison de ses blessures.
Une signature (tout aussi) décevante ?
Que penser de son renouvellement ? D’abord, traitons-le du point de vue de Joan Mir. Pour lui, cela représente une bonne occasion de poursuivre en MotoGP, et sans aucun doute pour un bon salaire. On connaît la puissance financière de Honda, ce qui ne veut pas dire qu’elle se traduira sur la piste. Ensuite, cela montre aussi qu’il n’intéressait pas tellement les autres formations sur la grille, malgré son titre mondial daté d’il y a moins de cinq ans. Tout va si vite au plus haut niveau.
Je le voyais retrouver un bon guidon, peut-être chez Gresini Racing à la place d’Alex Marquez par exemple. Il était légitime, à mon sens, pour prétendre à de telles ambitions. En lieu et place de bons résultats assurés, une prolongation chez Honda Repsol lui assure une certaine continuité pour lui qui connaît le projet depuis 2023, mais peu d’espoir. Au vu de la dynamique chez Honda, il n’y a pas de quoi se réjouir d’autant plus qu’il paraît improbable de bénéficier d’une nouvelle machine repensée à trois ans de changer de réglementation.
Un bon coup de Honda ?
Honda, comme d’habitude depuis cinq ans, ne prend aucun risque. Joan Mir n’a pas apporté grand-chose à la RC213V jusqu’à maintenant ; on pourrait presque dire qu’il y arrivait mieux l’an dernier. Bien sûr, je pense effectivement qu’il n’y avait pas beaucoup d’autres solutions sur le marché quand l’on se rappelle la galère que ça avait été, à Valence l’an dernier, pour trouver un pilote afin de remplacer Marc Marquez. Joan Mir a le ressenti d’un double champion du monde, c’est vrai, mais peut-il réellement redresser Honda avec cette philosophie, qui consiste à pousser pour glaner quelques points ici et là ? Personnellement, je trouve l’approche de Johann Zarco (et celle de Luca Marini, bien qu’il soit naturellement plus lent) beaucoup plus pertinente.
Conclusion
En somme, je trouve que c’est anecdotique au possible, pour les deux parties. Les véritables questions sont là : Que gagne Honda à conserver Joan Mir pour deux saisons supplémentaires ? Et que Joan Mir gagne-t-il à rester chez Honda deux saisons supplémentaires, si ce n’est une sortie définitive fin 2026 – dans le cas où il ne se blesse pas lourdement ?
Et vous savez quoi, je vais vous laisser y répondre pour moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Honda Repsol