Jack Miller occupe une place qui en fait rêver plus d’un sur la grille MotoGP. Même s’il est vrai que le package KTM semble en-dessous de ce que l’on en attendait au vu de la saison 2023, l’Australien peine à lancer son année. Après cinq courses, le bilan est assez grave, même en comparaison avec Brad Binder, qui lui aussi connaît des heures assez difficiles depuis la septième place du classement général. Alors que les rumeurs de transfert vont bon train, Jack Miller pourrait-il conserver sa place ?
Ça part mal
Je vais être on ne peut plus clair : après cinq Grands Prix, ce qui est un échantillon significatif, il effectue son pire début de saison en MotoGP depuis 2016. En tant qu’officiel KTM, et alors que Pedro Acosta éblouit la planète motocycliste, c’est un peu étrange. Miller n’est toujours pas monté sur le podium, et compte comme meilleurs résultats deux cinquièmes places au Portugal, mais là encore, à pondérer en raison de l’élimination de Marc Marquez, Pecco Bagnaia et Maverick Vinales sur la fin de la course dominicale. Il faut aussi souligner que c’est l’un de ses circuits favoris. L’année passée, pour ses débuts avec KTM – et lors de son premier GP chez les orange, il avait scoré une magnifique quatrième place à l’occasion du Sprint.
Sur les autres épreuves, c’est beaucoup moins brillant. Trois apparitions dans le top 9 lors des Sprints en cinq courses, et déjà trois finish hors des points le dimanche, dont deux abandons sur les deux dernières épreuves. Pour le premier GP, il dut rentrer au stand en raison d’un problème moteur. Mais même en excluant cette défaillance, sa position au championnat fait froid dans le dos.
Il pointe en 13e place du général, soit deux rangs de moins que l’an dernier. Il est à déjà 43 points de Binder, alors qu’honnêtement, le Sud-Africain n’est pas si bien placé. On pourrait se dire, effectivement, que c’est à relativiser en raison des performances moyennes de son coéquipier depuis le Qatar. Mais ce n’est pas le cas.
Une petite statistique avancée peut nous aider. En 2023, Binder avait marqué 40,2 % de tous les points disponibles, soit 293 unités sur 728. Cette saison, il est à 36,2 %, ce qui est correct mais en-dessous de ses totaux précédents. Miller, l’an passé, en avait scoré 22,4 %. Cette saison, il est à 13 %. La différence, en points de pourcentage, est plus élevée en 2024 qu’en 2023.
A tough weekend for the Orange Squad but we made of it what we could.
Time to rest, regroup and turn our attention towards round 6 in two weeks. 👊#KTM #ReadyToRace #FrenchGP 🇫🇷 pic.twitter.com/fKJAlxHayj
— Red Bull KTM Factory Racing (@KTM_Racing) May 12, 2024
Le troisième homme
La présence de Pedro Acosta fait mal aux deux officiels, et heureusement pour Miller, atténue la gifle. Car Binder, présent dans l’équipe depuis 2020, est aussi moins fort. Mais quand on se penche sur ses déclarations, ça n’a rien de rassurant. À l’issue du Grand Prix de France, qu’il avait pourtant remporté en 2021 dans des conditions particulières, il se disait sans solutions, comme face à un mur. Le rôle d’un pilote d’usine est aussi celui de dicter une direction à suivre, d’imposer une vision, d’emmener les troupes au combat. Clairement, au vu de ses résultats, Miller ne semble pas en position de force pour dicter quoi que ce soit chez KTM.
Alors, certes, il a quelques belles percées. Ses qualifications ont parfois été réussies. Parfois ratées, aussi, comme à Jerez. Mais toujours est-il que l’heure des transferts approche à grands pas. Pour rappel, 19 pilotes verront leur contrat arriver à terme une fois le Grand Prix de Valence achevé. Miller fait partie de ce groupe, contrairement à son coéquipier.
Peut-il rester chez KTM ? Selon moi, non. Je ne me base pas simplement sur ses résultats en ce début de saison, mais plutôt, sur sa régression depuis plus d’un an. C’est quand même mystérieux qu’un pilote réalise quelques unes de ses meilleures performances lorsqu’il vient de découvrir la machine, et qu’il s’essouffle par la suite. Même si KTM stagne un peu, quitte à passer derrière Aprilia dans la hiérarchie, je persiste à dire que cette marque pourrait inquiéter Ducati à moyen-terme. Mais avec Miller, j’ai plus de doutes.
Sans grande surprise, je vois Pedro Acosta rejoindre Brad Binder en 2025. Mais que faire de Miller ? A-t-il la priorité sur un Maverick Vinales, un Alex Marquez, ou un Joan Mir pour rebondir, par exemple, chez Gresini Racing ? Pas pour moi, très subjectivement. Des rumeurs circulent selon lesquelles la présence d’un Australien sur la grille serait « bénéfique » (comprenez, nécessaire) pour la DORNA. Peut-être que ce paramètre indépendant à son talent le sauvera, car son charisme se fait de plus en plus discret, comme si l’on était habitué au personnage. Qu’il ne surprenait plus, qu’il ne nous faisait plus autant rigoler qu’avant. Il doit absolument se ressaisir pour conserver une chance de jouir d’un bon guidon par la suite. Sans aucun doute, les Grands Prix qui se profilent seront déterminants.
Que pensez-vous du cas Jack Miller ? Dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo : Michelin Motorsport