Cette rubrique est déjà revenue sur l’importance modérée de la régularité – telle qu’on la connaît, soit celle à laquelle on fait le plus souvent allusion – dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici. Pour autant, il est essentiel d’essayer de marquer le plus de points sur tous les Grands Prix, pas besoin d’être un grand mathématicien pour comprendre cela. La prise de risque augmente d’année en année, et ceux qui se spécialisent dans l’art de ne pas chuter se font rares. Voici un bilan analysé des pilotes qui ont scoré lors de chaque course dominicale.
Le Sprint, un exercice différent ?
Pour cet article, j’exclus volontairement les Sprints de l’équation. Non pas que je pense qu’ils soient fondamentalement différents des courses du dimanche, mais simplement, il sera plus simple de comparer les totaux de l’exercice 2023 avec ceux des années antérieures. Et puis, statistiquement, la probabilité d’une chute est largement augmentée si l’on met deux courses au lieu d’une par week-end.
Enea Bastianini, bon mais pas assez
Je ne vais pas trop m’épancher sur le sujet, car « Bestia » fera l’objet d’une analyse complète demain. Mais pour autant, je peux affirmer qu’il fait, pour l’instant, une très bonne saison. Si l’on exclut Bagnaia, Marquez et Martin, trois extra-terrestres qui banalisent l’exceptionnel, alors il n’est point à délaisser et devrait même avoir son mot à dire dans la conversation qui anime les réunions chez Ducati en ce moment.
Pour l’instant, il a toujours été très fort le dimanche, avec deux podiums, et aucun autre finish hors du top 5. En revanche, le samedi, ça pêche un peu avec une seule arrivée dans les cinq premiers. Clairement, Enea Bastianini reste dangereux mais il lui manque quelques éléments, sur lesquels je reviendrai demain même heure.
Brad Binder, comme en 2022 ?
A-t-il retrouvé sa régularité qui l’avait porté il y a deux ans de cela ? Avant le Grand Prix de Catalogne, Brad Binder n’est toujours pas tombé le dimanche. Là encore, on pourrait croire qu’il est bien placé mais ce n’est absolument pas le cas. Ses résultats assez douteux le samedi – aucune arrivée dans les points lors d’un Sprint depuis le Qatar – le pénalisent, mais à vrai dire, ils se répercutent aussi sur le plus long format. Depuis Losail, Binder galère, connaît toutes les peines du monde à pénétrer dans un top 5 qui lui tendait autrefois les bras.
Sans doute le package KTM est-il moins fort que ce que l’on était en droit d’attendre, mais il faut noter le nombre d’erreurs assez conséquent toujours commises par l’officiel sud-africain. Il retrouve sa forme de 2022, davantage marquée par une régularité dans la performance que par la vitesse pure. Et ce n’est pas forcément bon signe au vu des résultats. En 7e place du classement, difficile de ne pas être déçu, surtout qu’il lui faudrait déjà un miracle, après cinq courses seulement, pour jouer le titre mondial : ses 62 unités de retard en attestent.
Fabio Di Giannantonio, entre deux eaux
Vient le cas « Diggia », pas le plus facile à analyser. D’un côté, sa régularité paye puisqu’elle lui offre une place dans le top 10 du classement général, devant même son coéquipier Marco Bezzecchi. Mais de l’autre, sa géniale fin d’année 2023 était basée sur une vélocité et une capacité d’élimination rarement vue ces dernières années. Lui non plus n’est encore pas tombé le dimanche, mais peine le samedi, avec quelques erreurs et une seule entrée dans les points sur cinq Sprints. Il progresse quelque peu comme nous l’a montré sa course du Mans, et la machine ne résiste pas qu’à lui. C’est pour cela que je reste optimiste quant à son profil.
A step forward every weekend ⚡️🐺#FrenchGP@FabioDiggia49 #PertaminaEnduroVR46RacingTeam #MotoGP #Diggia49 #VR46 pic.twitter.com/IxOB7tqD7U
— Pertamina Enduro VR46 Racing Team (@VR46RacingTeam) May 13, 2024
Luca Marini, en eaux troubles
Bon d’accord, je triche un peu. Luca Marini n’a toujours pas ouvert son compteurs de points, donc il n’a normalement pas sa place dans cet article. Ceci dit, il n’est jamais tombé le dimanche et son cas est assez intéressant. Je pense qu’il mérite une petite mention. Prenez une grande respiration, nous plongeons dans les tréfonds du classement. À la 23e position – sur 22 titulaires, un exploit – on retrouve Luca Marini, l’élève de la VR46 désormais chez Honda Repsol. Le bilan est terrible, sombre, catastrophique et tout à la fois. J’attendais beaucoup de lui, même si je savais que les progrès se feraient attendre. Mais certainement pas si loin, à parfois plus d’une seconde des meilleurs sur un tour. La situation est déjà grave. Il ne montre que très peu de progression. Moins encore que Joan Mir l’an dernier, qui, à défaut de finir les courses, trouvait tout de même un peu de vitesse au guidon de la RC213V.
Luca Marini, conservateur au possible et très régulier en carrière, n’est toujours pas tombé lors d’un Grand Prix. Il semblerait qu’il s’applique à finir les courses pour ramener les bonnes informations aux ingénieurs de la marque ailée, et je ne peux que saluer cette démarche si elle est pleinement volontaire. Je continue à croire en son potentiel car c’est un bon pilote, il l’a déjà prouvé. Il n’a encore marqué aucun point, mais sur le moyen-terme, sa stratégie pourrait s’avérer payante s’il persiste.
Ce qu’on remarque à l’étude de ces pilotes, c’est qu’aucun ne fait un début de saison canon. Ça veut dire quelque chose.
2024, l’hécatombe ?
Est-ce que les pilotes ont plus souvent chuté en 2024 qu’en 2023 et 2022 ? Pas nécessairement. L’année passée, à ce stade, trois pilotes n’étaient jamais tombé le dimanche – et j’exclus volontairement Brad Binder, par terre en Argentine car percuté par Nakagami mais finisher loin derrière. Cette saison, ils sont quatre. La différence n’est donc pas significative. En revanche, en 2022, ils étaient sept. Le MotoGP a-t-il encore augmenté de niveau pour voir autant de pilotes se donner de la sorte ? Est-ce dû à un autre paramètre ? Peut-être cette statistique intéressante fera l’objet d’un nouvel article un peu plus tard.
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Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport