Au cas où vous ne l’aviez pas remarqué, le MotoGP se rend à Aragon ce week-end. Que d’enthousiasme. En effet, je n’ai pas vu grand monde s’en émouvoir sur les réseaux sociaux, que ce soit à l’annonce du calendrier 2024 ou bien lors de ces derniers jours. Pas plus que personne n’avait remarqué son absence en 2023. J’ai la ferme impression qu’il est un peu sous-coté, mais il y a des raisons à cela. Une petite analyse subjective s’impose. Elle ne reflète que mon avis, alors, n’hésitez pas à me dire le vôtre en commentaires !
Au milieu de nulle part
Nous serons tous d’accord : ce n’est pas qu’Aragon est un mauvais circuit, loin de là, mais c’est juste qu’il est assez anecdotique. Mais pourquoi ? Premièrement, je pense que le cadre joue beaucoup. Ce n’est pas tirer dans les pattes de nos amis espagnols que de dire qu’il est situé au beau milieu de nulle part, à 105 kilomètres de Saragosse, et 240 de Barcelone. Non loin d’Alcañiz, une petite bourgade de 15 000 habitants, le Motorland Aragon est en plein désert. Quand on compare aux cartes postales que sont Phillip Island, le Mugello ou Misano, ça ne pèse pas lourd, je suis d’accord.
Un circuit de test
Vient ensuite la piste en elle-même. Le tracé est assez intéressant, très technique et anti-horaire, par-dessus le marché. Il y a un peu de dénivelé, mais un seul beau spot photo, ce mur derrière les virages n°12 et n°13. Quand on le regarde depuis le ciel, on reconnaît aisément la patte de son créateur, le fameux Hermann Tilke dont j’ai déjà parlé dans un article que je vous invite à lire en cliquant ici. Tous les éléments d’un « Tilkedrome » y sont réunis, et nul doute que cette création a contribué à la réputation mitigée de l’ingénieur allemand.
Ce circuit est idéal pour faire des tests ; c’est ce qu’avait dit son président à l’ouverture en 2009. D’ailleurs, beaucoup de disciplines viennent y essayer des prototypes, des deux-roues jusqu’aux monstres du Championnat du monde d’endurance automobile FIA WEC. C’est ici, par exemple, que sont réalisés des tests de dizaines d’heures de long en vue des 24 Heures du Mans. Je trouve qu’il ressemble au Paul Ricard en ce sens : comme l’antre varoise vouée aux essais, Aragon a une longue ligne droite, une multitude de configurations, et des longues courbes très rapides.
Un spectacle qui s’est fait attendre
Bon, tout ça, c’est bien beau, mais ça n’explique pas pourquoi il ne nous a pas manqué. À peu de choses près, le paragraphe ci-dessus aurait pu décrire le circuit de Barcelone, mais pourtant, lui parvient à délaisser son image de « circuit d’essai » le temps d’un week-end de MotoGP. Pour appréhender l’absence d’engouement à son propos, il est nécessaire de se pencher sur les courses, l’action en piste.
Selon moi, ce n’est pas la Bérézina, mais pas loin. Depuis 2010, nous avons eu quelques belles manches, mais rien de transcendant. J’ai l’impression que les plus belles joutes sont les plus récentes. En 2021, déjà, Pecco Bagnaia et Marc Marquez nous avaient offert un récital, à l’avantage de l’Italien. Puis, un an plus tard, Bagnaia remettait ça, cette fois contre Enea Bastianini alors chez Gresini Racing. Dans la lignée de celle de Misano, cette bataille était juste épique. C’était du grand art.
Nous sommes donc sur une bonne dynamique, après de trop nombreuses années à devoir se contenter d’un spectacle moyen, principalement caractérisé par des envolées lointaines et hâtives. Le public, lui n’est pas tant au rendez-vous ; la position géographique du circuit ne l’aide guère. En 2022, l’organisation comptabilisait 86 803 spectateurs sur les trois jours, soit moins que Phillip Island ou Silverstone, et plus de deux fois moins qu’au Mans. Il faut dire que les Espagnols ont quatre Grands Prix sur leur territoire. Ce chiffre serait sans doute plus élevé si ce n’était pas le cas.
Trop c’est trop ?
Au moins, sa présence limite la casse causée par le retrait du Kazakhstan et de l’Inde. Mais en réalité, c’est peut-être le circuit espagnol de trop. J’ai du mal à comprendre que la France n’ait qu’un Grand Prix, alors que Le Mans réunit autant de personne que Catalunya et Aragon combinés chaque année. Enfin, il doit sans doute y avoir des soucis politiques, car si je n’ai pas de doute sur une chose, c’est bien la différence de culture sportive entre la France et l’Espagne.
Un temps, une rotation entre les quatre grands tracés espagnols était avancée, mais Aragon est tellement moins iconique que Jerez et Valence que ça n’aurait pas vraiment de sens. Même Barcelone offre un bien meilleur spectacle, sans aucun doute.
Conclusion
Voilà pourquoi Aragon est moins attendu, et que personne ne parle de son retour au calendrier avec des étoiles plein les yeux. Espérons simplement avoir de belles courses, comme c’est le cas depuis quelques années. À ne rien en attendre, on pourrait être surpris !
Que pensez-vous du tracé d’Aragon ? Dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport