C’est l’heure du bilan. Comme chaque année depuis trois ans, Parlons MotoGP se lance dans une entreprise assez importante : dresser le bilan de chaque pilote à l’issue de la saison 2024, aujourd’hui, au tour d’un pilote qui va nous manquer, Aleix Espargaro. Une bonne partie de l’hiver durant, nous allons remonter le classement à l’envers, jusqu’à parler en détail de la campagne du champion du monde. Vous êtes prêts ? C’est parti !
Hier, nous sommes revenus sur le cas de Marco Bezzecchi ; cliquez ici pour retrouver l’article correspondant.
Une année qui ne compte pas
« Parler de la retraite, c’est y être un peu » affirmais-je, il y a un an, dans mon pronostic concernant la saison 2024 d’Aleix Espargaro. De ce fait, sachant qu’il n’était plus très loin de raccrocher le cuir, je n’attendais pas beaucoup de ce grand pilote, et c’est sous ce prisme que je vais le juger aujourd’hui.
En effet, il me paraît assez déloyal de peser de la même manière la campagne d’Aleix Espargaro et celle de Maverick Vinales, par exemple. L’un, à 35 ans, donnait l’impression de ne pas s’engager autant que les jeunes pilotes qui peuplent la grille actuelle. De plus, le déclassement du projet Aprilia à la mi-saison n’aida pas à lui redonner un ultime élan de motivation.
Compte tenu de ces paramètres, je dirais qu’il s’agit d’une saison honnête, honorable même. Elle n’est pas à comparer à celle des autres pilotes Aprilia – quoi qu’il fait largement mieux que le duo Trackhouse Racing –, mais plutôt aux dernières saisons pleines des grands de sa génération à la longévité impressionnante. Je pense à Dani Pedrosa, à Jorge Lorenzo ou à Valentino Rossi. Pour rappel, Aleix Espargaro compte 345 départs en Grands Prix, soit trois de moins à peine qu’Andrea Dovizioso, deuxième pilote au plus grand nombre de courses disputées. Il devance assez largement les Alex Barros et autres Loris Capirossi, qui, eux aussi, on connu de très longues carrières.
Si l’on s’amuse à comparer les derniers exercices de chacun, celui d’Aleix Espargaro n’est pas ridicule.
Un bilan honorable
Le grand frère Espargaro conclut sa dernière saison en tant que titulaire à la 11e position du classement général, avec 163 points dans sa besace, le tout en 18 courses. Il a encore été très régulier dans la performance, n’a figuré hors des points qu’à quatre reprises. Sa vitesse, qui n’est plus à démontrer, lui permit d’inscrire deux pole positions : une à Barcelone pour le premier Grand Prix disputé en Catalogne, et l’autre à Silverstone, à la surprise générale.
Il n’est jamais monté sur le podium au terme d’une course dominicale, mais était troisième du Sprint au Qatar ainsi qu’en Autriche. Cerise sur le gâteau, cette victoire, offerte par les dieux du MotoGP, sur le format court à Barcelone. Il s’agit assurément d’un des plus beaux moments de l’année, où Aleix Espargaro, parti depuis la pole, a démontré qu’il tenait de la légende.
Comment peut-on qualifier cette campagne de ratée ? Je ne peux pas le concevoir. Oui, elle est moins réussie sur le plan statistique, mais il faut prendre en compte ses deux GP manqués pour blessure. À son âge, il est tout de même parvenu à revenir en forme, sans doute grâce à une condition physique hors-norme.
Une légende
Après le Grand Prix de Grande-Bretagne 2023, j’avais publié un article ventant sa grandeur. Me vient donc une question, qui, je le crois, est légitime. Aleix Espargaro est-il une légende ? Après tout, il a la longévité, les victoires incroyables (son catalogue est fou, il ne compte que des succès magistraux au plus haut niveau), et cette capacité à incarner un projet. Chez Suzuki comme chez Aprilia, son aide précieuse permit aux deux marques d’atteindre les sommets, factuellement. Je pourrais parler de son caractère polarisant mais passionné, de ses décorations de casque, de ses performances sur les machines CRT de l’époque… il a le CV d’une légende.
D’ailleurs, et vous me punirez peut-être pour ces propos dans les commentaires, mais je pense réellement que l’héritage d’Aleix Espargaro en MotoGP (Aspar CRT, Forward, Suzuki, Aprilia et tout ce que j’ai mentionné avant) est plus important que celui de Dani Pedrosa. Ce n’est qu’un avis, d’accord, mais il se défend avec de solides arguments totalement objectifs.
Conclusion
Si on la compare au reste de la grille, ce n’était pas une grande campagne d’Aleix Espargaro. Il se fit battre par son coéquipier pour la deuxième fois de sa carrière en MotoGP – Vinales l’avait déjà fait en 2016 chez Suz’ – et n’intègre même pas le top 10 du classement général, ce qui n’était plus arrivé depuis 2020. Mais compte tenu du contexte, et si l’on appréhende correctement ses deux poles et cette victoire poétique en Sprint à Barcelone, il est impossible de minimiser sa performance qui vient clore une épopée longue de vingt ans.
Je suis curieux de savoir si vous partagez mon avis concernant Aleix Espargaro, alors, dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport