Dernier vainqueur de Grand Prix en date, Álex Rins est à
un tournant de sa carrière. Peut-il encore rêver de
victoires et même de titre mondial dans le futur ? Alors que la
saison 2023 approche à grands pas, nous vous présentons dix sujets
à surveiller tout au long de l’année. Cela peut concerner des
pilotes, des équipes ou d’autres thématiques, avec, à chaque fois,
un avis relativement tranché ; ici, on se mouille. Bien sûr, vous
êtes invités à dire ce que vous en pensez en commentaires.
Hier, nous sommes revenus sur le cas de l’équipe Mooney
VR46,
une analyse que vous pouvez retrouver en cliquant sur cette phrase
en surbrillance.
Inutile de nier les faits : En signant chez LCR Honda, Álex
Rins s’est exposé à un risque majeur. Très simplement, il
risque de quitter le monde des Grands Prix si jamais il ne trouve
pas de la performance au guidon de sa RC213V satellite. Étudions la
question de plus près.
Premièrement, comment se fait-il qu’un pilote de cette trempe se
retrouve dans la 10e équipe du championnat MotoGP d’après les
classements de l’an dernier ? Difficile à dire, mais nous pouvons
certifier que c’est une victime du contexte. Le renouvellement
rapide de la grille couplé au départ de Suzuki a mis en porte à
faux deux pilotes, à savoir Joan Mir et
Álex Rins. Du coup, mieux vaut rester chez
LCR plutôt que d’abandonner le MotoGP, c’est une
certitude, mais la tâche s’annonce ardue.
C’est d’autant plus difficile à avaler que Rins avait retrouvé
beaucoup de vitesse fin 2022, et pouvait largement prétendre à un
meilleur guidon, chez Gresini Racing par exemple.
C’est triste à dire, mais l’un des meilleurs pilotes de sa
génération, vainqueur de deux courses l’an passé (et de quelle
manière) et
auteur d’exploits en Grands Prix aura du mal à
retrouver le chemin des podiums.
Vous l’aurez compris, nous sommes (une nouvelle fois) très
pessimistes quant au cas Álex Rins. Nous ne doutons pas un
instant de sa volonté ni de son talent, mais le contexte joue une
nouvelle fois contre lui. L’an passé, on sentait un Álex Márquez
totalement désabusé, qui ne trouvait pas de solutions sur une
machine impossible à faire fonctionner, issu des ateliers
d’un constructeur qui manque d’ambition et d’audace depuis
plusieurs années maintenant.
Dans le cas où la Honda fonctionnetait plutôt bien (ce qui, d’après
les retours post Sepang, n’est pas gagné), nous ne voyons
pas comment Álex Rins pourrait ne serait-ce que titiller Marc
Márquez. Avant de penser à battre l’octuple champion du
monde, il faudra d’abord passer outre
Takaaki Nakagami qui même s’il reste sur une saison
moyenne, avait retrouvé un semblant de forme au guidon de la
capricieuse moto ailée.
Devant tant de difficultés, Rins va sans doute essayer de pousser
jusqu’à la chute. Son style n’est pas empreint de patience, alors
que c’est une qualité primordiale pour ce genre de challenge.
Rappelez-vous ce début de saison 2021 au guidon de la
GSX-RR. Après avoir retourné le problème dans tous les
sens, nous ne voyons presque aucune issue pour
l’Espagnol, et c’est bien triste à dire.
LCR Honda suit la dynamique vérifiée depuis la naissance des sports
mécaniques. Les écuries de bas de tableau sont toujours des écuries
de transition, en attendant de retrouver de la performance qui n’a
rien à voir avec les pilotes. Contrairement à ce que l’on
pourrait penser, jamais un pilote ne peut changer le sort d’une
équipe à moyen terme. C’est uniquement la qualité du
matériel utilisé qui dicte la place d’une formation au plus haut
niveau ; si elle retrouve une machine moyenne, alors on peut
imaginer « faire carrière » chez LCR
(comme un Cal Crutchlow en un sens). Mais avant
cela, nul doute que Álex Rins va chercher d’autres opportunités
pour rebondir.
Admettons que ce dernier réussisse son pari, c’est à dire qu’il
termine correctement placé dans le top 10 deux années consécutives,
un exploit au vu des résultats acquis par les pilotes Honda
autres que Márquez depuis 2019. D’ailleurs, ses tests de
Portimão n’ont pas été si ridicules. Dans le meilleur des cas,
donc, qui peut-il vraiment intéresser ? Fin 2024, l’Espagnol aura
déjà 29 ans et ses magnifiques succès seront loin derrière lui.
D’ici là, des jeunes loups aussi talentueux les uns que les autres
auront les faveurs des équipes officielles. Le doute n’est
pas permis quand on voit ce qui arrive du Moto2.
Nous en sommes venus à la conclusion suivante : pour poursuivre son
aventure et espérer un jour retrouver un guidon compétitif, il faut
absolument qu’il batte son ancien coéquipier Joan
Mir. Honda Repsol est une institution, et Rins a tout à
fait le profil pour intégrer la formation.
Mir était en grande difficulté en 2022, et lui,
contrairement à Rins, souffrira directement de la
comparaison avec Marc Márquez. Nous allons revenir
sur son cas singulier dans quelques jours. Quoi qu’il en soit, il y
a quelque chose à faire de ce côté là.
Sinon, les motifs d’espoirs sont maigres. Le fait
qu’un performer aussi unique qu’Álex Rins passe de la
victoire à l’un des moins bons guidons en MotoGP est un crève-cœur.
Nous souhaitons qu’il reste fort mentalement et qu’il utilise 2023
à bon escient, pour se montrer son son meilleur jour en 2024,
l’année qui va compter pour les recruteurs. Bien que nous
ne soyons pas les plus optimistes concernant son cas, espérons
qu’il nous fasse mentir et qu’il arrive à s’adapter à la
récalcitrante japonaise.
Qu’en pensez-vous ? Imaginez-vous Rins encore quelques années
en MotoGP ?
Dites-le nous en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport