Pecco Bagnaia et Marc Marquez sont partis à la faute lors du Grand Prix du Portugal ; Depuis hier, « Parlons MotoGP » revient sur cet incident impliquant deux forces légendaires du championnat du monde, et qui, bien entendu, fait couler beaucoup d’encre. Hier, j’évoquais en détail les faits et la responsabilité de chacun. Je vous invite à retrouver ledit article en cliquant ici, car sa lecture vous aidera à comprendre mon raisonnement. Aujourd’hui, je voudrais revenir sur un autre point, plus important encore, et qui me permet d’aborder un concept que je juge assez éculé. Vous êtes prêts ? C’est parti !
Une question d’ego ?
Voici une rengaine qui s’installe dans le paysage médiatique depuis avant-hier. Pecco Bagnaia aurait eu un soudain excès d’ego, qui l’aurait poussé à recouper la trajectoire pour ne pas laisser passer Marc Marquez, parce que c’est Marc Marquez. Ou, inversement, que Marquez, « par ego », n’aurait rien voulu lâcher face à Bagnaia car il est l’un des hommes du moment. Laissez-moi vous dire que je n’y crois pas une seconde, et ce pour plusieurs raisons.
Premièrement, je me demande si Bagnaia sait ce qu’est l’ego. Il en a, comme tous les champions, mais jamais il n’eut la moindre once de prétention mal placée sur la machine depuis qu’il est en MotoGP. C’est un pilote qui dépasse toujours proprement, assurément l’un des meilleurs dans le domaine. Il y a peu, nous lui reprochions son manque de caractère ! La théorie ne tient pas pour son cas, selon moi. Idem pour Marquez, même s’il a déjà fait mauvais usage de son ego. Ne me dites pas qu’il ne l’aurait pas tenté sur n’importe quel pilote comme il le fait depuis plus de dix ans ! Je pense que Bagnaia aurait agi de la même manière si c’était Bastianini, Martin ou tout autre prétendant au titre par pure réflexion logique, et que Marquez, souvent empreint d’imprévisibilité, de génie et de maladresse au moment de dépasser (parfois des trois en même temps), n’aurait rien changé si cela avait été Acosta, Binder ou Aleix Espargaro. Là où certains y voient l’égo des champions, j’y vois une possibilité raisonnée de glaner quelques points supplémentaires.
Deuxièmement, je pense que cette histoire d’ego est un bon argument quand la simplicité de la réalité ne satisfait pas. Tout se passe en une demi-seconde, à peine. Les deux s’étaient déjà échangé des places, vigoureusement. Rappelez-vous ce très beau Grand Prix d’Aragon 2022, où Bagnaia l’avait brillamment emporté. À ce stade, on parle de millimètres, plus que d’une histoire poétique. Bagnaia s’est il dit : « allez, vu que c’est Marc Marquez, je sors huit centimètres trop large » ? Cela se joue à tellement peu de choses pour un si petit contact, tellement faible qu’il ne fut pas réprimandé, que je ne vois pas ce que l’ego vient faire là-dedans. Les deux sont des monstres, ils ont déjà essuyé des centaines de batailles de ce style. Le réel, plus nuancé, froid et prosaïque, ne fait pas le poids face aux théories lyriques.
A tough one to swallow for @marcmarquez93 ⚠️
A weekend of missed opportunities ends as his crash with @PeccoBagnaia is now under investigation #PortugueseGP 🇵🇹 pic.twitter.com/bLbLsmac0Z
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) March 24, 2024
Troisièmement, de mon humble avis, l’ego est aussi uniquement invoqué parce qu’il s’agit de Pecco Bagnaia, protégé de Valentino Rossi, et de Marc Marquez. Forcément, on se rappelle, parfois avec nostalgie, ces batailles d’anthologie. Mais n’essayons pas de les transposer à tout bout de champ. Comme dit plus haut, je ne pense pas un seul instant qu’un des deux hommes aurait agi différemment si l’autre n’était pas lui. Vous pensez sans doute que je divague, que je tourniole, que je m’enferre dans mon raisonnement. Mais pourquoi personne n’a jamais parlé de problème d’ego quand Bagnaia et Maverick Vinales se sont éliminés au Mans l’an passé ? Une fois de plus, le tort était partagé. J’aimerais bien qu’il existe une rivalité entre les deux, mais il n’en est rien.
Conclusion
L’incident implique de si grandes forces qu’on veut y trouver une explication. Mais en réalité, il s’agit d’un simple fait de course, sans plus, comme il en arrive des dizaines chaque année. La direction de course ne s’est pas laissée influencer par les théories nébuleuses, et j’en suis d’ailleurs très content. Les deux perdent gros, très gros même, et aucun n’est à mettre au pilori.
J’attends vos retours en commentaires ! Dites-moi ce que vous avez pensé de cet accrochage, mais aussi de cet article ! Bien sûr, comme souvent, essayons de rester courtois et respectueux afin que l’échange demeure agréable pour tout le monde.
Photo de couverture : Michelin Motorsport