Le MotoGP est une discipline spectaculaire, qui apporte de la joie à tous ; mais parfois, il est nécessaire d’évoquer des sujets graves. Aujourd’hui, nous allons donc nous pencher sur la décision de déplacer le dernier Grand Prix de la saison à Barcelone, en raison des inondations qui ont frappé Valence. Mine de rien, il s’agit d’une des affaires les plus importantes de ces dernières années, alors, il est légitime qu’on l’évoque dans cette chronique qui n’a jamais eu vocation à uniquement traiter des questions relatives aux performances des pilotes.
Avant de débuter, je tiens tout de même à repréciser qu’il s’agit uniquement de mon avis. Parlons MotoGP est une rubrique unique qui vise à partager un point de vue argumenté, et qui ne s’est jamais considérée comme objective. Vous trouverez, sur ce site, un bon nombre d’articles qui traitent la question de la manière la plus neutre possible ; d’ailleurs, vous pouvez en retrouver un autre sur le même sujet en cliquant ici.
Ensuite, je voudrais exprimer ma plus sincère solidarité à la population valencienne, touchée en plein cœur par une véritable catastrophe climatique.
Un MotoGP digne
Si vous avez suivi de près le Grand Prix de Malaisie, vous savez que de nombreux pilotes étaient contre une finale à Valence. Pecco Bagnaia et Marc Marquez, particulièrement, s’opposaient fermement à l’organisation d’une course au milieu des débris, car cela serait revenu, après coup, à courir sur les cadavres. J’ai particulièrement apprécié la sortie de Pecco, qui a même menacé de ne pas courir à Valence quitte à perdre son titre mondial.
Selon moi, non seulement tenir la dernière course de l’année à Valence n’aurait eu aucun sens, mais en plus, cela m’aurait pas mal dégoûté du MotoGP. Alors, même si les plus grands décisionnaires du sport motocycliste voulaient d’abord maintenir ce Grand Prix en vie, je tiens quand même à les féliciter pour avoir pris une décision assez rapidement (d’après moi), alors qu’une autre épreuve décisive se déroulait à l’autre bout du monde. Globalement, tout le monde a été très digne à Sepang. L’accent très espagnol du championnat MotoGP a forcément joué un rôle dans l’ampleur des hommages (comme le précisait Aleix Espargaro), mais c’était beau. L’image de Jorge Martin et Pecco Bagnaia tenant le drapeau de la Communauté Valencienne sur le podium restera, c’est certain.
Maintenant, ne fallait-il pas tout simplement annuler le dernier Grand Prix de la saison ? La question est tout à fait légitime, et chacun aura son avis. Selon moi, l’idée de maintenir une finale en Espagne est un bon choix. Je vais tenter de vous expliquer pourquoi.
Que penser de la tenue de la finale ?
Premièrement, car je ne comprends pas trop ceux qui refusent d’entendre parler d’une course en Espagne, surtout à Barcelone, mais qui en veulent une ailleurs. Je précise simplement que je reviendrai ultérieurement sur les inondations qui sont actuellement en cours en Catalogne. Ici, j’évoque simplement la décision en elle-même.
D’abord, car il n’y a guère meilleur endroit pour rendre un hommage vibrant à Valence. J’imagine qu’une large partie des fonds que généreront cette course seront reversés aux familles des victimes ou à d’autres associations, et c’est là une bonne chose. Le MotoGP, dans un week-end comme celui-ci, pourrait attirer l’attention sur la situation en Espagne tout en réalisant un Grand Prix des plus dignes, ce qui doit rester le maître-mot. Selon moi, cette sensibilisation ne peut pas être une mauvaise chose, bien au contraire, surtout que les populations locales se sont senties abandonnées par leur propre gouvernement. Je crois en un sport qui unit, qui célèbre, qui divertit, et tout à la fois.
Après tout, qu’est ce qu’une finale à Sepang ou au Qatar apporterait de plus ? Je peine à saisir ceux qui voulaient totalement exclure l’Espagne des débats. Si le circuit de Barcelone a accepté, c’est que l’aspect logistique ne représente pas un problème et ne met en danger la vie de personne. Pourquoi vouloir maintenir un dernier Grand Prix, mais loin ? Ne serait-ce pas invisibiliser davantage le malheur qui frappe l’Espagne ? Ne serait-ce pas faire passer au second plan cette tragédie qui doit rester dans tous les esprits, qui doit nous envahir afin que l’on s’en rende compte ? D’après moi, il n’y a pas meilleur moyen que de la jouer à Catalunya et je sais que les pilotes feront en sorte qu’on ne l’oublie pas.
Finalement, et ce sera mon dernier argument, la proximité culturelle et géographique entre Barcelone et Valence. Moins de 400 kilomètres séparent les deux cités, et encore moins séparent les deux provinces. Historiquement, elles sont liées, partagent les couleurs des monarques d’Aragon. Existe-il meilleur endroit pour rendre un hommage ? Existe-t-il une enceinte plus digne qui touche autant de pilotes – car la majorité des Espagnols en Grands Prix sont Catalans ? Personnellement, et ce n’est là que mon avis, je préfère largement que l’histoire aille dans ce sens plutôt que vers des pays trop lointains. Parfois, il faut se confronter directement à l’histoire de la plus noble des manières, pour apporter un soutien direct et passionné, et aider, à sa manière.
Barcelone aussi touchée
Le problème est que la Catalogne est à son tour touchée par des inondations. À l’heure où ces lignes sont écrites, l’agence météorologique espagnole (AEMET) reste en alerte concernant la Province, notamment sur le littoral. Que faire si dame Nature déclenche de nouveau sa colère en Catalogne d’ici deux semaines ? Selon moi, il faudra alors annuler le Grand Prix et ne pas forcer le destin. D’après mes propos précédents qui mêlaient cohérence, éthique et histoire, Aragon pourrait aussi faire l’affaire mais ça serait sans doute la décision de trop. Barcelone a été trouvée dans l’urgence du moment, car il fallait agir, répondre, ne pas se laisser abattre. Mais changer encore et encore les plans serait plutôt contre-productif. Une finale à Misano, à Portimao ou au Qatar n’aurait pas plus de sens, et ne servirait en rien la cause.
Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de cette situation, et de ma réflexion concernant celle-ci. Alors, dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport