pub

Jack Miller MotoGP

C’était dans les tuyaux depuis quelques temps et c’est désormais officiel : Jack Miller sera pilote Yamaha-Pramac en MotoGP pour 2025, en bénéficiant même d’une YZR-M1 d’usine. Aux côtés de Miguel Oliveira, il aura pour mission de faire revenir la firme aux diapasons là où elle mérite d’être, c’est à dire tout devant. Comme j’ai pu le découvrir en ligne, cette signature fait débat : nous allons donc l’analyser car moi aussi, je suis plutôt sceptique.

 

Pourquoi ?

 

Pour la deuxième fois cette semaine : je ne comprends pas. De toutes les options possibles et imaginables, de tous les pilotes Moto2 prometteurs qui rêvent d’accéder au MotoGP, Yamaha choisit Jack Miller pour renforcer ses troupes. En se basant sur ses résultats récents, je peine à saisir la pertinence de ce choix.

D’abord, concentrons-nous sur ses deux derniers bilans. Depuis 2023, Jack Miller, pilote officiel KTM, ne progresse pas. Mais d’une manière assez inquiétante, je vous assure. Il n’a jamais été aussi bon que lors du Grand Prix d’Espagne 2023, soit la quatrième manche du championnat précédent. Il s’agit, à l’heure actuelle, de son seul podium pour la firme autrichienne en catégorie reine. Sa fin de saison était marquée par une irrégularité notoire (six résultats blancs au total), alors que Brad Binder, avec la même machine, disputait des victoires à Pecco Bagnaia et Jorge Martin. Cela s’était soldé par une 11e place au classement général. Soit.

 

Jack Miller MotoGP

Miller était très bon pour ses débuts avec KTM… puis plus rien. Photo : KTM

 

Mais en 2024, c’est encore pire. L’Australien compte déjà sept résultats blancs (!), dont quatre courses terminées hors des points. C’est colossal. Il a aussi essuyé une série de trois abandons consécutifs de l’Espagne à la Catalogne, une sorte de flight-trip des bacs à graviers. Il est le seul à qui c’est arrivé, ce qui signifie que même Joan Mir n’a pas fait pire. Plus irrégulier que jamais, il n’est trouvable qu’au 15e rang du classement avec seulement 58 points dans sa besace, contre 165 pour Brad Binder et 157 pour Pedro Acosta. Cela en fait le dernier pilote officiel d’une marque européenne, et d’assez loin, puisque Aleix Espargaro, huitième, compte 127 unités au compteur. Il est devancé par Miguel Oliveira – qui réalise une saison somme toute moyenne – mais aussi par Fabio Quartararo. Je n’ose imaginer le bilan comparatif lorsque les deux auront la même monture.

On pourrait croire que Miller contre-balance ses résultats en dents de scie par des percées épiques comme il le faisait il y a quelques années lorsqu’il évoluait sur la Ducati d’usine. En réalité, c’est tout le contraire. « Jackass » compte deux cinquièmes places en Sprint et une en Grand Prix sur les 28 départs qu’a compté cette saison jusqu’à maintenant. Le pire, c’est qu’il ne fait que décliner : son bilan est d’autant plus triste depuis le GP d’Allemagne – 16 points en quatre rendez-vous avec une moyenne de 2,25 points par course le dimanche.

 

Yamaha a-t-il appris de ses erreurs ?

 

L’un des arguments avancé par Lin Jarvis était le suivant : « Avec dix ans d’expérience en MotoGP et trois constructeurs différents, Jack sera un atout précieux pour Yamaha ». C’est une vieille rengaine, réutilisée à chaque fois qu’un pilote de plus de 28 ans se voit confier des postes à responsabilité. Là encore, c’est maigre. Non pas que je doute de l’expérience emmagasinée par Jack Miller durant toutes ces années, mais force est de constater que sa connaissance de la Ducati Desmosedici n’a pas plus aidé KTM que ça. La firme de Mattighofen était bien plus proche de la tête qu’aujourd’hui en 2023 et Miller lui-même peine à s’adapter à la RC16, de toute évidence.

 

 

Cela s’inscrit dans la philosophie de Yamaha depuis quelques temps. Les Japonais imaginent que tout va s’améliorer en recrutant des noms connus de tous. Mais c’est comme s’ils ignoraient totalement la forme la plus récente desdits pilotes. C’était déjà le cas avec Andrea Dovizioso en 2021, pour remplacer Morbidelli au sein de l’écurie Yamaha-Petronas SRT. Prolongé en 2022 chez Yamaha RNF, il avait été contrait d’abandonner sa tâche en plein milieu de saison suite à des résultats catastrophiques, ce qui est devenu l’une des retraites les plus tristes de l’histoire de notre sport. Les belles années étaient passées pour « Desmodovi » et cela me paraissait assez évident. À mon grand étonnement, Dovizioso a été rappelé pour donner son avis sur la M1 actuelle ; pire, il pourrait devenir une pierre angulaire du projet !

Les exemples ne manquent pas. Je pourrais évoquer la reprise d’un Jorge Lorenzo totalement lessivé après son année chez Honda Repsol – et qui, finalement, n’aurait pas été écouté. Cal Crutchlow fut aussi débauché. Lui qui était cramé au moment de sa retraite en 2020 dut renfiler le cuir pour remplacer Dovizioso fin 2022, bienvenue en 2012. D’ailleurs, on ne voit plus trop le Britannique : aux dernières nouvelles, il serait « physiquement épuisé », ça en dit long sur la mission.

C’est peut-être dur, mais selon moi, le recrutement de Jack Miller s’inscrit dans cette logique. Alors, oui, il retourne chez Pramac, une équipe pour laquelle il était assez performant de 2018 à 2020. Mais au-delà de l’aspect nostalgique, je peine à justifier cette décision autrement que par l’intérêt que représente sa nationalité dans le paysage MotoGP.

 

Jack Miller MotoGP

Binder n’évolue pas dans la même galaxie que Miller. Photo : KTM

 

J’aurais largement préféré voir un Augusto Fernandez titulaire et un Jack Miller en wild-card que l’inverse. Certes, Augusto galère en ce moment, mais avoir de la jeunesse et de l’explosivité peut aussi aider un projet de reconstruction. Regardez comment Pedro Acosta est vu par sa direction, lui qui s’implique déjà grandement dans le développement de sa moto et de KTM en général.

 

Conclusion

 

Vous l’aurez compris, je ne suis pas un grand fan de cette signature. Fabio Quartararo continuera à surnager, solo, en l’absence d’un coéquipier trop souvent à l’infirmerie. Mais peut-il supporter ce projet à lui seul, alors que la firme n’a fait que régresser depuis qu’il est aux commandes ? Oliveira pourrait peut-être le rejoindre au classement le temps de quelques manches, d’accord, mais ses résultats récents ne sont pas très encourageants non plus. Comme d’habitude, j’espère me tromper et ne souhaite que du bonheur à un pilote des plus sympathiques.

Je suis curieux de savoir ce que vous en pensez, alors, dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Jack Miller doit au moins bien terminer 2024, pour la forme. Photo : KTM

 

Photo de couverture : KTM

Tous les articles sur les Pilotes : Jack Miller

Tous les articles sur les Teams : KTM MotoGP