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Honda MotoGP

Ce n’est pas un, ni deux, mais trois rookies qui sont pour l’instant confirmés en MotoGP en vue de l’an prochain ! Honda décide de faire confiance à son académie en sélectionnant Somkiat Chantra pour remplacer Takaaki Nakagami chez LCR. Il deviendra ainsi le premier Thaïlandais à courir en MotoGP, un sacré accomplissement pour un pays passionné. Que penser de ce transfert ? Est-ce risqué ? Qu’est ce que le MotoGP peut y gagner ? Une analyse s’impose.

 

Une signature surprise

 

Pas grand monde ne le voyait venir. C’est vrai que certains attendaient un Japonais pour remplacer Nakagami, mais Ai Ogura, qui avait quitté l’équipe incubatrice Honda Team Asia en Moto2, n’était plus disponible. D’ailleurs, Ogura rejoindra Aprilia Trackhouse en 2025. Mais alors, pourquoi Chantra ? Eh bien, tout cela part d’une situation assez inextricable.

Ces dernières années, Takaaki Nakagami stagnait. Il n’arrivait pas à faire progresser la Honda RC213V, et peinait au classement. Depuis 2022, au moins, j’attendais son remplacement. Mais contre toute attente, il est bien meilleur en 2024 qu’il ne l’a été récemment. Depuis Aragon, il est tout simplement le meilleur pilote de la marque ailée en MotoGP, devant Johann Zarco et Joan Mir, sans parler de Luca Marini. Je pense que personne ne l’avait vu venir.

 

 

Mais à déjà 32 ans, Takaaki se faisait vieux. Dès lors, il a déclaré vouloir retourner au Japon, mettant ainsi fin à une épopée de sept ans au plus haut niveau. Il testera pour le HRC sur l’archipel, mais nous y reviendrons ultérieurement. Il fallait donc lui trouver un remplaçant, et quoi de plus naturel que de miser sur un pilote du Team Asia en Moto2, pour lequel le plus grand constructeur mondial investit tant.

L’Indonésien Mario Aji végétant dans les tréfonds du classement Moto2, il ne restait plus que Somkiat Chantra, actuellement 11e et sans podium cette saison. C’est un peu surprenant, mais finalement logique.

 

Une nationalité qui pèse lourd

 

La Thaïlande est assurément un facteur décisif dans cette signature. Le pays est très motorisé, comme tous ses voisins, et nul ne pourrait ignorer la ferveur qui anime la contrée quand le MotoGP se déplace à Buriram. D’ailleurs, le circuit accueillera la première manche du championnat en 2025 et 2026, un symbole ô combien important.

Le MotoGP, en quête d’expansion, en profitera grandement, ça ne fait aucun doute. Si ses ambitions de se développer au Kazakhstan et en Inde ne se passent pas comme prévu, avoir un pilote Thaïlandais dans ses rangs est idéal pour la stratégie économique.

 

Honda MotoGP

Chantra est singulier, et ça, c’est un avantage. Photo : Honda Team Asia

 

Mais le talent, dans tout ça ?

 

Tout cela ne nous dit pas si oui ou non, Somkiat Chantra a des chances de s’en sortir. C’est un bon pilote, qui a été capable, par le passé, de s’imposer à deux reprises en Moto2. Le souvenir du Grand Prix du Japon 2023, dominé de la tête et des épaules, est encore frais dans mon esprit. Côté points positifs, impossible de passer à côté de son attitude, de sa belle gueule. Chantra, un peu comme Aron Canet, semble taillé pour le MotoGP. Il a déjà 25 ans, et son charisme joue en sa faveur car il est corroboré par son pilotage, très mature dans l’esprit. Somkiat sait s’imposer avec la manière, il est de ces pilotes qui marquent les esprits quand il performe.

Mais tout n’est pas rose. Premièrement, sa forme du moment pose question. Alors qu’il était assez véloce en 2023 – exercice achevé sixième –, il n’est toujours pas monté sur la boîte en 2024. Sa régularité est problématique : Chantra est capable de finir cinquième une manche, puis onzième celle d’après. Il faut ajouter à cela son nombre de chutes colossal depuis qu’il est en Moto2, ce qui a entraîné quelques blessures. Certes, il s’est calmé récemment mais traîne en catégorie intermédiaire depuis 2019, ce qui en fait l’un des plus anciens encore en activité. Le problème, c’est que ces abandons ne servent pas une vitesse particulièrement impressionnante. En 91 départs, il n’a enregistré que deux pole positions et trois meilleurs tours en course.

Ne vous y trompez pas : ce n’est pas un pilote du calibre de Fermin Aldeguer ou même, d’Ai Ogura. Peut-être réussira-t-il, mais statistiquement, si on ne brille pas en Moto2, les chances de triompher en MotoGP sont extrêmement minces.

 

Nakagami pour essayer ?

 

Honda MotoGP

Un sourire qui peut l’emmener loin. Photo : Honda Team Asia

 

C’est ce que je ne comprends pas dans cette affaire. D’accord, j’entends que Nakagami veuille partir en retraite, car lui aussi doit en avoir marre de simplement essayer de ne pas tomber tous les week-ends. Mais pourquoi le faire tester, absolument ? Le Japonais, plus encore que Stefan Bradl, a été acteur de cette descente aux enfers de Honda depuis 2020. De toute évidence, la firme n’a fait que régresser depuis. En plus, ce n’est pas comme s’il avait connu d’autres expériences sur d’autres machines. Autant le choix de recruter Aleix Espargaro pour développer sur le continent européen est compréhensible, autant je peine à saisir celui de Nakagami.

 

Conclusion

 

En toute honnêteté, et ça me fait mal de le dire, tout cela ne me dit rien qui vaille. Pour Somkiat Chantra ainsi que pour Takaaki Nakagami et son nouveau rôle. Chantra va se confronter à l’une des pires motos modernes, que même Joan Mir, loin d’être un manche, n’arrive toujours pas à faire fonctionner au bout d’une saison et demi. Objectivement, il n’a rien prouvé en Moto2. La transition risque d’être brutale, alors attention aux chutes qui peuvent être lourdes de conséquences dans une année rookie.

Après, il n’y avait pas d’autres asiatiques disponibles, donc ce choix fait sens, dirons-nous. Ayumu Sasaki est pour l’instant lié à Yamaha, et n’y arrive pas encore en Moto2. Ils auraient pu tenter de recruter Taiyo Furusato depuis le Moto3 ; un Japonais prometteur qui évolue dans l’équipe Honda Team Asia, mais ça aurait été inconscient de le faire monter si jeune.

Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de cette signature, alors, dites-le moi en commentaires !

 

Combinaison Kushitani, c’est rarissime. Photo : Honda Team Asia

 

Photo de couverture : HRC

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