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Franco Morbidelli MotoGP

« Cela ne me paraît pas juste qu’on ne donne pas une chance à des plus jeunes. » C’est par ces mots assassins qu’Aleix Espargaro a décrit la situation de Franco Morbidelli en MotoGP. Les mots sont durs, c’est vrai, mais trouvent un écho dans le paddock ainsi qu’auprès des spectateurs qui ne comprennent pas cette nouvelle signature. Encore une fois, Morbidelli retombe sur ses pattes, et pilotera pour Ducati VR46 l’année prochaine. Y a-t-il de quoi faire un scandale ? Est-ce immérité ? Une analyse s’impose.

La question est extrêmement délicate, comme tout ce qui touche au mérite. Cette notion est tellement abstraite et blessante, car basée sur une prétendue base objective, comme si quelqu’un décidait qu’on mérite ou non. Je vais essayer de faire au mieux. D’abord, analysons ce transfert du point de vue de Franco Morbidelli, et après, nous reviendrons sur ce que Ducati VR46 peut y gagner.

De plus en plus convaincant

 

Pour lui, c’est une aubaine. Ça ne fait aucun doute, l’Italien rebondit encore une fois, dans une équipe parfaitement huilée et composée de personnes qu’il connaît sur le bout des doigts. Sa situation au championnat n’explique pas vraiment ce transfert, car il est actuellement en difficulté au vu du matériel dont il bénéficie. Attention : je ne dis pas qu’il est mauvais, car ça reste un bon pilote trop souvent sous-coté à mon sens. Justement, il faut relativiser. Ces derniers temps, il revient bien, et a d’ailleurs été très bon en Autriche après cet accrochage au départ. En Allemagne, il avait été séduisant également. En somme, il fait des résultats honnêtes, notamment pour un homme qui a manqué toute la pré-saison en raison d’une grave blessure. Il pointe actuellement 12e du championnat, à égalité parfaite avec Marco Bezzecchi. Ce n’est pas mal. D’ailleurs, je l’avais mentionné en tant que « bonne surprise » à la fin de saison 2023, car il n’avait pas été ridicule en comparaison de son coéquipier Fabio Quartararo.

 

Franco Morbidelli MotoGP

Morbidelli a déjà 29 ans, mine de rien. Photo : Michelin Motorsport

 

Signer chez VR46 devrait lui permettre de conserver un bon niveau de performance, même au guidon de la Desmosedici GP24 qui sera datée d’un an. Clairement, il n’avait pas de raison de refuser, et doit profiter d’une telle occasion qui se présente, mérite ou pas – nous y reviendrons ultérieurement. En tout cas, il n’est pas illégitime.

 

Une équipe de pointe

 

Ducati VR46 a été choisie par la marque italienne comme future « équipe sœur », disposant même d’un modèle 2025 pour Fabio Di Giannantonio. Ainsi, elle deviendra de fait la deuxième équipe la plus puissante du plateau derrière la formation Ducati d’usine, en lieu et place de Pramac Racing. En voyant la situation sous cet angle, on comprend aisément que ça ne représente pas une amélioration drastique de sa situation. Dès lors, impossible de crier au scandale comme l’a fait Aleix Espargaro, qui n’aimait déjà pas beaucoup « Franky » avant même qu’on lui tende un micro.

Maintenant, était-ce un choix pertinent de la part de Rossi et de ses hommes ? Disons que ça n’était pas illogique, mais que c’est un investissement assez sûr au potentiel limité. Je m’explique. Contrairement à ce que certains avancent, Morbidelli n’est pas à la rue. Il est très régulier dans la performance, tombe rarement, a de bons rythmes en course. Ce n’est pas l’un des meilleurs, mais il fait le travail, et c’était déjà le cas chez Yamaha en 2023 – si si, je vous assure.

 

 

Ceci dit, je trouve son plafond assez limité. Pourrait-il faire mieux que son année 2020 où il avait terminé vice-champion du monde ? Après tant de blessures, je peine à le croire, d’autant qu’il n’était en réalité pas si impressionnant que ça. Sa position au championnat avait aussi été déterminée par le niveau assez faible de cette saison.

 

Est-ce mérité ?

 

Vient la question fatidique. Honnêtement, je trouve cette signature beaucoup plus logique que celle qui l’a envoyé chez Pramac Racing. Il n’était peut-être pas le meilleur disponible, certes, mais sans aucun doute le meilleur italien. Celestino Vietti, pilote VR46 en Moto2, représente un peu le dernier espoir de l’Académie depuis la défection de l’équipe de la catégorie susnommée. Mais malgré son poste chez Ajo en classe intermédiaire – et sa victoire à Spielberg, il ne convainc guère.

 

Franco Morbidelli MotoGP

Bezzecchi, que l’on pensait bien plus fort, est à égalité (avec une GP23, certes). Il est à mon sens plus décevant au vu du contexte que Morbidelli. Photo : Michelin Motorsport

 

Contrairement à d’autres, je pense que Ducati VR46 a raison de miser sur des Italiens uniquement, car cela a toujours été la philosophie de l’équipe, depuis leurs années en Moto3. Morbidelli, de plus, était le premier champion du monde estampillé VR46 après son sacre Moto2 en 2017. Rien de mal à ce qu’il soit pris maintenant, surtout que ses résultats, s’ils sont à des années-lumière de ceux de Jorge Martin, ne sont pas totalement dérisoires pour autant.

Concernant le « piston » et le poids de l’Académie de Valentino Rossi – car c’est ce dont les critiques retournent –, je ne vois pas de scandale. Morbidelli n’aurait certainement pas été pris chez Pramac s’il n’avait pas ce réseau, d’accord, mais d’autres avant Rossi ont tout fait pour faire percer des pilotes de leur pays. Pour rappel, l’équipe de Jorge Martinez « Aspar », l’une des meilleures de l’histoire en Grands Prix, a toujours fait le maximum pour faire éclore les talents espagnols, et c’est encore le cas. Et pour le coup, ce transfert chez Ducati VR46 ne devrait pas tomber sous le coup de ces discussions car il n’y a rien d’anormal stricto sensu, alors que certains pouvaient se sentir lésés lorsqu’il est passé chez Pramac. Selon moi, très subjectivement mais au vu du contexte, il ne prend la place de personne.

Je suis curieux d’avoir votre avis sur la question en commentaires ! Alors, est-ce mérité ?

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Il a encore une demi-saison pour prouver à ses détracteurs qu’ils ont tort. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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