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Nous poursuivons notre rétrospective de la saison de chaque pilote, du dernier jusqu’à Pecco Bagnaia. Pour apprécier la performance de nos héros, regarder leur place au général ne suffit pas. Ainsi, nous allons nous pencher sur les dynamiques, le contexte, les qualifications, l’attente que le pilote en question suscitait pour juger sa campagne. Hier, c’était la saison de Enea Bastianini qui était à l’honneur. Vous pouvez retrouver l’article correspondant en cliquant sur cette phrase en surbrillance.

Pour rappel, cet avis reste subjectif, et ne reflète que la pensée de son auteur.

I) Résultat amer

Avant de nous pencher sur le pourquoi du comment, nous devons d’abord évoquer la physionomie complète de la campagne du Français. Et quoi que l’on en dise, le résultat est plus qu’amer. En théorie, mener de 91 points à mi-saison assure du titre. Par ailleurs, aucun pilote dans l’histoire ne s’était fait autant remonter en si peu de manches.

Pourtant, Bagnaia fut sacré champion. Le pire, c’est qu’au vu de la toute fin de saison, ce n’était même pas si serré à cause d’un fait de course singulier. En 2006 par exemple, le titre fut porté à Valence en grande partie à cause de l’incident entre Dani Pedrosa et Nicky Hayden au Portugal. Certes, Fabio est parti à la faute, mais nous avons davantage assisté à une lente remontée de Pecco, qui, course après course, se rapprochait inlassablement de son objectif. Au final, le « décideur » de Valence était assez anecdotique, le plus gros était fait.

 

Difficile d’affirmer que c’est une « bonne saison » au vu de la dynamique, même si ce n’est pas si terrible dans l’absolu. Photo : Michelin Motorsport


C’est pour cette raison que la défaite est sans doute difficile à accepter pour le clan français, à juste titre. L’on dénombre au moins trois occasions où Quartararo aurait pu tuer le championnat, ou a minima inverser l’élan. Nous allons reparler du contexte ultérieurement, car oui, Fabio bénéficie de circonstances atténuantes. Mais il ne faut pas faire preuve de mauvaise foi pour autant. Il est impossible d’affirmer que la victoire de Portimão est uniquement l’œuvre de son génie, tandis que la YZR-M1 est seule responsable du désastre de Buriram. C’est un package et les deux entités portent leur part de responsabilité dans le bon ou le mauvais.

De plus, des arguments logiques appuient cette théorie et permettent de déceler les moments ou l’un peinait plus que l’autre, mais à chaque fois, les deux sont impliqués. De toute évidence, à Losail, Silverstone et Misano, c’est plus la Yamaha qui n’arrivait pas à suivre ses concurrentes. En revanche, les courses de Assen, de Spielberg, de Buriram ou de Phillip Island sont plus à mettre sur le dos du français.

II) Yamaha pas au niveau

Comme nous l’avions précisé dans un précédent article, Quartararo n’était pas seul « contre huit Ducati ». Ce mythe a la dent dure mais n’est absolument pas fondé. En revanche, il est vrai que Fabio était seul, tout court. Avoir un tel pilote dans son écurie et proposer une machine qui, contre toute logique, semblait parfois inférieure à celle de 2021, dépasse l’entendement. Avoir un coéquipier fort n’est pas nécessaire pour performer, surtout quand vous êtes clairement le chef de file, contrairement à ce qu’affirment de nombreux observateurs. Mais avoir une machine aiguisée est essentiel, et c’est ce que n’a pas réussi à proposer Yamaha cette année.

De ce point de vue, Fabio peut nourrir encore plus de regrets car la fenêtre de tir était optimale. Ducati peinait beaucoup dès l’entame et finalement, Bagnaia ne fut titré qu’avec 13,2 points par course de moyenne. Nous ne pouvons pas anticiper l’avenir, mais au vu de la forme stellaire de Pecco en deuxième partie de saison et l’avance accumulée par la firme de Borgo Panigale sur la même période, il y a de fortes chances pour que ce soit encore plus difficile l’an prochain.

 

À partir de ce long lap à Silverstone, Quarta a perdu pied pour de bon. Le tournant de la saison ? Photo : Michelin Motorsport

 

III) Ce n’est pas si grave

Il faut relativiser. Rappelez-vous des premiers Grands Prix et de la méforme de Yamaha. Finalement, si l’on avait dit à Quartararo qu’il finirait deuxième au Qatar, le Français aurait sans doute signé des deux mains. Vous l’aurez compris, c’est la manière qui nous laisse sur notre faim car encore une fois, dans un contexte particulier et avec un adversaire fort mais irrégulier, il y avait réellement quelque chose à faire. Quartararo n’en sort pas moins grand. L’histoire ne retient pas que les vainqueurs contrairement à un adage populaire éculé. Fabio fait un beau deuxième dans l’esprit « seul contre tous », bien que nous ne sommes pas les plus grands partisans de cette théorie. « El Diablo » profite toujours de qualités ahurissantes, mais il faudrait se pencher sur la question de la résistance à la pression, qui a coûté cher en 2022.

Conclusion :

Le résultat est à la fois inespéré, et décevant. Inespéré car Yamaha n’aurait jamais dû figurer dans le top 3 du championnat si nous sommes réalistes. Il aura fallu un grand Fabio pour maintenir à flot la firme aux diapasons, mais cette dernière doit comprendre qu’elle ne peut compter uniquement sur des coups de génie de ses pilotes. D’ailleurs, il s’agit de la 19e saison consécutive avec au moins un pilote Yamaha sur le podium au championnat. Décevant, car normalement, 91 points d’avance à 10 courses de la fin, c’est irrattrapable. Il est tout de même difficile d’ignorer des contre-performances qui ne sont pas dignes de son rang, les Pays-Bas et la Thaïlande en tête.

Attention, car Ducati pourrait bien frapper encore plus fort l’an prochain et l’histoire nous l’apprend : il ne faut pas gâcher des occasions comme celles-ci, où le titre est à portée. Bien sûr, il n’en reste pas moins un formidable pilote et nul doute que lui et son mental de champion vont encore progresser pour les saisons à venir.

Qu’avez vous pensé de sa campagne ? Dites-le nous en commentaires !

 

« Against all odds ». Photo : Michelin Motorsport

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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