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Ducati Enea Bastianini

Je n’ai pas compris. Enea Bastianini, en compétition pour le deuxième guidon d’usine Ducati vient de faire un week-end cataclysmique à Barcelone. Je ne me rappelais pas avoir vu ça en MotoGP, mais une chose est sûre : cela a considérablement aidé son employeur à se faire une idée plus précise.

 

Ça partait mal

 

Le semaine passée, j’avais publié un article le concernant, où j’affirmais qu’il était l’un des éléments à suivre à Montmelo. D’abord parce que c’est là que sa saison 2023 avait pris un deuxième mauvais tournant, et parce qu’il se devait de performer pour montrer qu’il était, lui aussi, légitime à se battre aux côtés de Pecco Bagnaia l’an prochain. Il ne m’a pas donné tort, car il fallait le voir pour le croire… mais pas dans le bon sens du terme.

« Logiquement » qualifié en Q2 à l’issue de la Practice, il a contre-performé. À la 11e place de la séance, il ne devançait qu’un décevant Maverick Vinales, soit la dernière Desmosedici GP24 sur la grille. Oui, derrière même Franco Morbidelli. À ce niveau, l’écart est édifiant. Il prend plus de six dixièmes sur un tour par Bagnaia, et quatre par Jorge Martin qui n’a eu, en définitive, qu’un seul essai.

 

Ducati Enea Bastianini

Un homme n’a pas manqué le rendez-vous. Photo : Michelin Motorsport

 

Son problème ? L’asphalte, comme beaucoup d’autres pilotes. Heureusement, en Sprint, c’était un peu mieux – sans être transcendant non plus. Il termine cinquième sur le format court, avec, tout de même, trois chutes devant lui et pas des moindres. Il n’a pas été en mesure d’aller chercher Jorge Martin, quatrième, alors qu’il essayait de ne pas tomber. On ne peut pas lui en vouloir car il est vrai que les conditions étaient piégeuses.

Jusqu’ici, ça ressemblait à une qualification ratée, rien de plus. Ça arrive. Mais ce qui a suivi était fou.

 

Un Grand Prix dans les annales

 

Lors de la course, Enea Bastianini n’a existé qu’à travers son indiscipline. La réalisation internationale est tellement concentrée sur la tête et Pedro Acosta cette année qu’on ne l’a pour ainsi dire jamais vu avant son accrochage avec Alex Marquez. Celui qui lui a coûté un premier long lap. Aucune réaction de la part de l’Italien.

La pénalité, selon moi, est dure mais justifiée au vu du règlement. Un pilote qui coupe un virage doit laisser repasser son vis-à-vis et perdre du temps volontairement, sinon, c’est la saction. Bastianini a coupé la première chicane, mais semblait en mesure de tourner quand même. Le dépassement d’Alex Marquez était « Marquez-esque », mais dans les règles. Dès lors, c’était beaucoup moins injuste, à mon sens, que la pénalité écopée par Di Giannantonio au Mans, entre autres exemples.

 

 

Il a sciemment refusé de l’effectuer. Trois tours plus tard, un long lap est ajouté à son compte pour refus, comme le stipule la règle. Et puis trois tours plus tard, c’est le ride-through. Là aussi, ignoré. Incroyable.

Au final, il dut avaler une pénalité de trente-deux secondes. Trente-deux. Mais selon moi, cela n’est que la traduction d’une situation plus grave encore. Il y a un peu plus d’une semaine, j’avais publié un article concernant la rupture entre les pilotes et la direction de course. Dans la conclusion, j’écrivais ceci : « Spencer et ses équipes n’ont plus de légitimité. Que pourrait-il arriver de pire [que Zarco qui insulte « Fast Freddie » ] ? Selon moi, qu’un pilote se voit attribuer deux long laps, et ne les effectue pas, pour protester. » Je n’ai pas eu à imaginer longtemps. Ceci montre que la légitimité de la direction de course est totalement entamée, voire, n’existe plus. Un pilote est capable de refuser une sanction, le tout en étant supporté par son équipe (!) Davide Tardozzi himself a tenté d’aller s’expliquer au panel ! Qu’aurait fait une direction dure, et juste ? Un drapeau noir, et c’est ce dont avait écopé Alex Rins à Misano en 2015, lorsqu’il n’avait pas respecté les ordres.

 

Ducati Enea Bastianini

Bastianini aura un match retour au Mugello, chez Ducati. Peut-il le faire ? Photo : Michelin Motorsport

 

Le choix est fait

 

Honnêtement, et même si j’adore Bastianini, je n’imagine pas un seul instant qu’il sera à la même place en 2025. Sa course de Barcelone est une catastrophe, même pas rattrapée par ses déclarations à l’arrivée : « j’aurais certainement pu me battre pour le podium » affirmait celui qui n’arrivait pas à se détacher d’Alex Marquez, septième à six secondes de la troisième place. Il est bon sur les fins de courses, d’accord, mais c’est à peine présomptueux, surtout après avoir bafoué plus ou moins toutes les règles établies par Freddie Spencer et ses hommes en l’espace de neuf tours.

La situation au classement général n’est pas beaucoup plus glorieuse. Il était très régulier depuis le début de l’année – faute de pouvoir aller plus vite. Et le problème des réguliers, c’est qu’il ne leur faut qu’une manche ratée pour sortir d’une course au titre. Il est désormais quatrième du général à 20 points de Marc Marquez troisième, et 61 de Jorge Martin, son rival pour le guidon tant convoité. Au vu de l’énorme performance de Marc Marquez en Catalogne, le constat est sans appel.

« Bestia » doit davantage se méfier de Maverick Vinales, cinquième à sept points derrière et toujours capable de belles performances même s’il est vrai qu’il est passé à côté de son week-end à Barcelone. Ducati profitera certainement de cette longue pause d’un mois entre le Grand Prix d’Italie et Assen pour annoncer son remplaçant. Alors le Mugello constitue, selon moi, sa dernière chance de s’illustrer. Si et seulement si le choix n’est pas déjà fait.

Qu’avez-vous pensé du comportement d’Enea Bastianini en Catalogne ? Dites-le nous en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Avec Aldeguer signé, Pramac lorgnerait plus sur Marquez ou Bastianini ? Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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