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Enea Bastianini tard

C’est déjà trop tard pour Enea Bastianini. Alors que le guidon officiel Ducati est définitivement perdu pour «  Bestia » il a livré une très belle copie en Italie, sur les terres de son employeur, et qui plus est, pour la Fête de la République. Enea revient ainsi dans la course au titre, et plus que jamais, n’est pas à sous-estimer.

 

Ceux qu’il fallait battre

 

J’ai beaucoup écrit sur Enea Bastianini ces dernières semaines. D’abord, avant la Catalogne où je vous avertissais de son grand potentiel. Finalement, il s’est illustré, oui, mais pour d’autres raisons bien moins glorieuses. Son refus d’effectuer la pénalité et son week-end plus que moyen par ailleurs ne lui permettaient pas de soutenir la comparaison avec un excellent Jorge Martin, une fois de plus.

Même s’il n’a jamais été proche de gagner ce Grand Prix d’Italie, au moins, il a battu ceux qu’il fallait battre. C’est ma thèse concernant son début de saison. Il est bon, oui, régulier, c’est un fait, mais n’arrive pas à franchir ce palier qui lui permettrait de se rapprocher du trio Martin/Bagnaia/Marquez. Il manquait incisivité, n’arrivait pas à mettre tout bout à bout pour les vaincre, même sur une course. C’est pour ça qu’il est si bien placé au classement général, mais qu’il ne fait peur à personne, qu’on ne le considérerait presque pas comme un candidat au titre. Assurément, moins que Marc Marquez qui pourtant n’a pas beaucoup d’avance sur lui au général. La différence se fait dans les coups d’éclat, la capacité à jouer devant.

 

Enea Bastianini tard

Devant son public. Photo : Michelin Motorsport

 

Enfin, il en a été capable. Je dirais qu’il a fait sa meilleure course depuis qu’il a rejoint l’équipe d’usine, devant même sa victoire lors du Grand Prix de Malaisie 2023. Le dimanche, Bastianini m’a impressionné de par sa résilience, sa gestion des pneus et son intelligence de course. Le dépassement sur Marc Marquez était un peu forcé, d’accord – il lui rendait peut-être la monnaie de sa pièce après la manœuvre de Marc, mais celui sur Martin requérait un grand sens du combat, beaucoup de sang-froid et une confiance absolue en ses pneumatiques. Un jour seulement après s’être accroché avec le « Martinator » – j’y reviens sous peu, Bastianini a pris l’intérieur dans un virage qui nécessite de s’écarter pour ressortir le plus fort possible. Il a aussi bénéficié d’une véritable erreur de Martin, reconnue d’ailleurs et sur laquelle j’ai écrit il y a deux jours dans le volet consacré à l’Espagnol.

Deuxième sur la ligne, il complète un doublé pour l’usine. Ce qui avantage à la fois l’équipe, qui avait beaucoup misé sur sa communication, mais aussi Bagnaia, qui reprend quelques points de plus à Martin. Même s’il était déjà trop tard pour Bastianini quant à son avenir, son geste a été proprement utile.

Et surtout, en battant Marc Marquez et Jorge Martin, il s’affranchit de ceux qui lui barraient la route jusqu’à présent, de ceux qui occupaient toutes les discussions, de ceux qui l’éclipsaient. Il envoie ainsi un message fort, clair, limpide.

 

 

Il le fallait

 

Même si c’est un tour de force, il ne faut pas oublier le reste de son Grand Prix d’Italie assez standard. Mine de rien, il est encore « loin » du poleman en qualifications : à presque quatre dixièmes, et surtout, encore derrière Marc Marquez, Bagnaia et Martin, ses trois réels adversaires. Son Sprint fut convaincant, pas transcendant, et puis selon moi, sa chute n’est due qu’à sa propre erreur. Je le dis depuis le début de saison sur tous les contentieux de ce genre. Il est toujours difficile de dire si un pilote revient sur la trajectoire, ou si l’autre s’élargit.

Il y a sans doute un peu des deux, ce qui aboutit la plupart du temps à un fait de course. Mais selon moi, très subjectivement, je pense que celui qui tente une manœuvre de dépassement aux freins et qui se rate, ouvrant ainsi la porte, doit faire plus attention que celui qui veut se dédoubler. Son intention première a échoué, alors il porte plus de responsabilités s’il y a contact plus loin dans le virage, car il a eu son moment, mais n’en a pas profité. Enfin, ce n’est qu’une piste.

Qu’avez-vous pensé de la bête au Mugello ? Dites-le nous en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Trop tard, mais jamais trop beau. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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