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Ducati choix

On s’en doutait depuis longtemps, mais c’est désormais officiel : Fermin Aldeguer sera pilote Gresini Racing l’année prochaine. Ce choix de Ducati visant à apporter du neuf en MotoGP était extrêmement hâtif, et désormais, il faudra composer avec, quoi qu’il en soit. Le problème, c’est qu’il s’est passé pas mal d’événements depuis la fin de saison dernière, quand Aldeguer enfilait les victoires comme des perles. Ce choix est-il toujours aussi pertinent à la mi-2024 ? Analyse.

 

Si proche, mais si loin

 

Alors, qu’on soit d’accord : Fermin Aldeguer est toujours très fort. Ça reste un pilote de premier plan en Moto2, et je ne remets pas en question son talent. Il a tout de même remporté deux courses cette saison, et semble doté d’une certaine forme de génie… qui s’exprime un peu trop rarement.

Pour rappel, il avait triomphé des quatre dernières manches de la saison 2023. Pedro Acosta n’avait rien pu y faire, à plusieurs secondes derrière. Logiquement, il était le favori pour 2024, mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Le châssis Boscoscuro est encore plus performant, d’accord, mais Aldeguer commet bien trop d’erreurs pour rester dans la course au titre.

 

Ducati choix

Fermin Aldeguer sait marquer les esprits. Photo : Speed Up

 

Actuellement, il pointe en sixième position du général (dernier pilote Boscoscuro au classement), à 50 points derrière Sergio Garcia, premier. C’est un gouffre. D’accord, le podium est encore à portée car les rangs sont très serrés en Moto2. Comment se fait-il ?

Aldeguer a deux problèmes majeurs. Premièrement, il est irrégulier dans la performance. Parfois, il est dans le coup, et même très convaincant comme en Allemagne. Mais sur certaines courses, il semble absent, tellement loin des leaders. Il me fait beaucoup penser à Tony Arbolino en 2022 et sur la première moitié de saison 2023. Sauf que l’Italien ne tombait pas autant. Fermin compte déjà cinq résultats blancs dont deux assez effarants, qui tranchent avec sa fin de saison passée.

À Aragon, il a tenté l’impossible sur Deniz Öncü. Impossible est le mot : il n’y avait aucune chance que ça marche, et à ce stade de la course, et même, de la saison, c’est assez inquiétant. D’où la question posée dans le paragraphe d’introduction, car nous sommes tout à fait légitimes de nous questionner sur la pertinence de le faire monter en MotoGP.

 

 

Tout va si vite

 

Ducati a pris un risque en choisissant Aldeguer, mais surtout, en le choisissant si tôt. Car depuis, bon nombre d’autres éléments se sont affirmés. Je pense bien sûr à Sergio Garcia, premier du championnat pour sa deuxième saison seulement – qui ne semble intéresser personne –, mais aussi et surtout, à Alonso Lopez. Si on me parle d’un talent brut à façonner qui se fondrait parfaitement dans l’écosystème MotoGP, je penserais immédiatement à Lopez, avant Aldeguer. D’accord, il n’a remporté qu’une course pour l’instant mais il est troisième du championnat. Il est régulier, capable de faire des coups de génie et a eu le temps de prouver qu’on pouvait compter sur lui. Comme Aleix Espargaro, je ne comprends pas qu’aucune équipe MotoGP n’ose recruter Lopez.

 

À bonne école

 

Pourra-t-il faire mieux qu’Alex Marquez, sans doute le pilote Gresini le moins performant depuis la création du team début 2022. Photo : Michelin Motorsport

 

Alors, maintenant, va-t-il réussir ? En réalité, Ducati ne court pas à sa perte, il y a beaucoup de très bons pilotes en Moto2. Ils pourront « rapidement » en changer si Aldeguer ne convient pas. Et puis, avec Bagnaia et Marquez dans l’écurie officielle, il y aura un arsenal suffisamment développé pour les victoires. Personnellement, je crois en lui. D’abord, il est très jeune, et ensuite, il est très rapide. Voici deux qualités essentielles pour percer en MotoGP, le reste passe après. Comme Lopez, d’ailleurs, je le vois taillé pour la cour des grands. Au-delà des résultats, il y a l’attitude, le charisme, la confiance. Fermin est entier, il ne fait pas de compromis et j’ai hâte de voir ce que ça peut donner.

Et puis, même si ça n’a duré que de quelques courses l’année passée, il a montré qu’il savait comment tuer toute opposition. Il est capable d’aller remporter trois, voire quatre courses d’affilées sur la fin de cette saison et se rapprocher considérablement du Top 3. Il n’était pas réaliste de l’imaginer remporter tous les Grands Prix avec sept secondes d’écart, notamment avec l’introduction de nouveaux pneus qui changent radicalement la donne. Ne peut-il pas jouer le titre s’il réajuste la mire très rapidement ? Aucun ne se détache réellement dans cette classe, les victoires sont partagées entre huit pilotes. À cœur vaillant rien d’impossible.

Gresini Racing est l’une des meilleures équipes du plateau, peut-être même la meilleure si l’on tient compte du matériel employé. Depuis son arrivée en 2022, ils ont toujours réussi à imposer leurs pilotes. Fermin sera donc à très bonne école, et qui plus est avec du matériel très performant. Clairement, il y a encore des raisons d’y croire. Si Aldeguer parvient à se canaliser et à grandir rapidement, alors je n’ai aucun doute sur sa future adaptation. C’est un 2005, plutôt du genre à pouvoir prendre deux ans de maturité en six mois.

Je suis curieux de savoir ce que vous en pensez. Le voyez-vous réussir en catégorie reine ? Dites-le moi en commentaires !

 

Ducati choix

Aldeguer en a gagné deux en 2024, et personne n’a encore fait mieux. Photo : Speed Up

 

Photo de couverture : Speed Up

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