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Pecco Bagnaia MotoGP

Deux Grands Prix. C’est le temps qu’il aura fallu à Pecco Bagnaia pour perdre 34 points face à Marc Marquez sur cette campagne MotoGP 2025. Oui, la saison est très longue et beaucoup nous rappellent qu’il ne faut pas tirer de conclusions avant d’arriver en Europe. Cependant, je pense légitimement qu’il y a déjà de quoi s’inquiéter. L’Italien est au pied du mur, il doit répondre dès la prochaine course.

 

Une question de Marquez… mais pas que

 

Depuis le Grand Prix de Thaïlande, la presse ne peut s’empêcher de comparer Pecco Bagnaia à Marc Marquez, car ils étaient les deux principaux favoris pour le titre. C’est tout ce que je ne vais pas faire dans cet article, car le drame va au-delà du simple affrontement entre les deux. Bagnaia ne peut pas rivaliser avec Marc Marquez, on l’a tous vu, par quatre fois. L’Espagnol est plus à l’aise avec la GP25, avec les médias, avec le rythme, la vitesse en qualifications… bref, partout.

 

Pecco Bagnaia MotoGP

Pecco n’y est pas. Photo : Michelin Motorsport

 

Je voulais porter votre attention sur un autre point. Pour l’appréhender, essayez d’enlever Marc Marquez de l’équation. Si le n°93 n’était pas représenté sur la grille, Bagnaia serait quand même deuxième, largement derrière Alex Marquez. Il aurait tout de même terminé derrière Franco Morbidelli en Argentine, autre pilote satellite sur GP24. Contrairement à ce que certains médias veulent vous faire croire, il n’y a aucune rivalité, en ce moment, entre Bagnaia et le grand frère Marquez ; c’est pour cette même raison que je ne crois pas au craquage psychologique. L’Italien a déjà montré qu’il était fort sur le plan mental, et à plusieurs reprises. Je croyais qu’on avait laissé cette discussion en 2021 pour être honnête.

Le fait qu’il n’arrive pas à faire mieux qu’Alex Marquez – qui, sans lui manquer de respect, n’évoluait pas dans la même galaxie que Bagnaia entre 2022 et 2024 – montre que le véritable problème de Bagnaia, c’est cette GP25, et non pas Marc Marquez. Sur le rythme, c’est correct, mais en vitesse pure, je ne le reconnais plus. Je n’ai encore pas vu cette explosivité qui le caractérise, cette vélocité foudroyante capable d’imposer un tour record en qualifications. De même, il a de gros problèmes au freinage et n’arrive plus à faire de différence sur cette phase cruciale. On l’a vu galérer face à Alex Marquez en Thaïlande comme en Argentine, pour à chaque fois sortir perdant de l’affrontement.

Il ne décrit pas encore parfaitement ce qui le gêne avec la GP25, mais on sait que de nouvelles améliorations devraient arriver aux tests de Jerez, et que ce n’est pas la première fois qu’il peine avec un nouveau modèle – cf 2022.

 

Ne réécrivons pas l’histoire

 

 

Cette analyse ainsi que l’avis de gens peu éclairés peut vous tromper, mais non, la domination de Marc Marquez ne fait pas de Pecco Bagnaia un double champion au rabais. On ne peut pas savoir ce qu’il se serait passé si Marquez ne s’était jamais blessé en 2020, mais je peux appliquer ce raisonnement à bien d’autres situations à travers l’histoire. Après tout, l’Homme est un passionné d’uchronie, mais cela n’a aucun sens : est-ce que Marquez aurait remporté ses six premiers titres s’il n’avait pas adopté le style radical qui a coûté sa chute à Jerez en 2020 ? Sans doute pas. C’est comme quand Bagnaia tombe depuis la tête, c’est le revers de la médaille.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’on ne sait pas si Marc Marquez surperforme ou sous-performe en ce moment. Seul l’avenir nous le dira. En revanche, je suis certain que Bagnaia sous-performe. Je l’ai vu s’imposer, dos au mur, à Sepang en 2022. J’ai vu Bagnaia remonter de la treizième à la première place à Mandalika en 2023. J’ai vu Bagnaia remporter onze Grands Prix en 2024, dont les trois derniers, car il n’avait plus le choix. Je l’ai vu. C’est arrivé, c’est fait, l’histoire ne pourra pas l’enlever. Et ce n’est clairement pas le pilote que nous voyons évoluer en ce moment.

 

Un retard comptable inquiétant

 

Sortons un instant de la réalité parallèle précédemment introduite, et concentrons-nous sur le classement général. Malheureusement pour lui, Marc Marquez existe. Bagnaia, qu’il s’adapte à la GP25 ou pas, qu’il progresse ou pas, accuse déjà un retard conséquent. Marc Marquez est absolument intouchable sur cette machine ; il est devenu le premier pilote à faire deux triplés consécutifs (pole, victoires en Sprint et en Grand Prix) depuis l’introduction du format court en 2023.

 

Pecco Bagnaia MotoGP

En tout cas, je pense que Pecco maximise son potentiel. C’est peut-être le seul bon point de son début de saison : quitte à ne pas pouvoir rivaliser sur le plan de la vitesse, autant ne pas forcer jusqu’à tomber. Photo : Michelin Motorsport

 

Trente-quatre points de retard, c’est énorme et le futur proche n’annonce rien de bon. Les deux prochains Grands Prix sont favorables à Marc Marquez. L’Espagnol est le roi d’Austin, et s’est déjà illustré à de maintes reprises au Qatar. Le problème, c’est que j’entends de nombreux consultants dire que l’Europe convient davantage à Bagnaia. Je ne crois pas que ce soit vrai. Jerez lui est plus favorable, oui, mais au Mans, avantage Marquez. Bagnaia ne s’y est jamais imposé en MotoGP et y a perdu énormément de points de 2022 à 2024. Silverstone, c’est 50/50. Ai-je seulement besoin de parler d’Aragon ? Pour le Mugello et Assen, d’accord, même si Marc Marquez ne s’y est jamais présenté avec une moto aussi performante depuis 2019 – ça pourrait faire très mal aux Pays-Bas. Voici à quoi ressemble la première partie de saison. Cela vous paraît-il être à l’avantage de Bagnaia dans son ensemble ? Je ne le crois pas.

 

Conclusion

 

Selon moi, la situation est plus complexe qu’elle en a l’air. Bagnaia n’est pas à son maximum pour le moment, alors que Marc Marquez marche sur l’eau – il y a peu de chances pour qu’il gagne toutes les courses de la sorte. C’est triste, car nous n’avons pas l’affrontement promis, mais la réalité se moque des sentiments : Marquez écrase son vis-à-vis, et c’est tout ce que l’histoire retiendra. Bagnaia, au pied du mur, doit rebondir dès les États-Unis. Après tout, Marc Marquez n’est pas invincible sur le COTA, et une victoire sur ses terres ferait totalement renverser la dynamique. Pecco devrait imaginer la prochaine manche comme une finale du championnat, au diable la gestion.

Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de cette analyse. Partagez-vous mon point de vue ? Dites-le-moi en commentaires !

 

Impuissant, et la machine médiatique s’en mêle déjà. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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