La saison MotoGP vient à peine de commencer, mais déjà, un nouveau pilote hispanique au talent démesuré s’illustre en Moto3. David Alonso, pour l’équipe CFMoto Aspar, est tout simplement bluffant. Certes, il n’a pas remporté le Grand Prix d’Espagne en raison d’une chute, mais sa forme depuis Austin est juste stratosphérique. Ensemble, revenons sur les premières impressions laissées par ce début de saison dans la plus petite des catégories.
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
David Alonso, encore et toujours
Neuf. C’est le nombre de séances consécutives dominées par David Alonso. C’est rarement vu à l’échelle de l’histoire, tout simplement. À Austin, il y a trois semaines, le Colombien a totalement écrasé le week-end. Premier de la FP, de la P1, de la P2, en pole, et vainqueur du GP en menant tous les tours. Et devant avec plus de cinq secondes d’avance, s’il vous plaît.
Le pire c’est qu’il allait recommencer à Jerez. Il était premier de la FP, de la P1, de la P2, s’est emparé de la pole à la grande surprise de personne, mais a chuté lors du Grand Prix, en tête. Forcément, il le paye cher au classement général. Il est deuxième derrière un Daniel Holgado lui aussi en difficulté, mais avait l’occasion de franchement creuser l’écart.
David Alonso, casque Red Bull à l’ancienne, est imprenable. Photo : Aspar Moto3
David Alonso est absolument sensationnel. Déjà triomphant dans son année rookie l’an passé, il semble réellement un ton au dessus de tout le reste. Franchement, de mémoire d’homme, je n’avais plus vu telle domination depuis Joan Mir en 2017. Il ne fut pas rare de le voir avec une seconde pleine d’avance par tour sur un circuit aussi disputé et connu des participants que Jerez ! Même si Daniel Holgado a été meilleur au Portugal – et globalement très régulier, j’en suis à me demander si quelqu’un peut en venir à bout sur une saison complète.
Il n’a que 18 ans, beaucoup de charisme, et demeure dans l’une des meilleures équipes. Il a tout d’un futur grand, mais l’histoire reste à écrire.
Daniel Holgado fait de la résistance
Cette année, je ne trouve pas la vitesse de Daniel Holgado, pilote Red Bull GasGas Tech3, particulièrement impressionnante. Il est très fort, comme sur le début de saison 2023, mais semble parfois trop loin de la tête pour se démarquer clairement en tant que favori au titre. Son principal point faible ? Les qualifications. Parfois, il est trop loin, quand il ne commet pas des erreurs qui lui coûtent des places au départ. Contrairement à David Alonso, il n’est pas doté d’une explosivité incroyable, et donc, peut rester englué dans le mauvais groupe. D’une certaine manière, on peut dire que les qualifs’ ratées (la Catalogne et les Pays-Bas, notamment) lui avaient coûté sa place parmi les candidats au titre 2023.
Daniel Holgado n’est certainement pas moins fort que l’an dernier. Photo : Tech3
Cette année, c’est un peu la même chose, mais force est de constater qu’il est résilient et appliqué. En peine le samedi à Jerez, il est passé à côté des pièges pour prendre une septième position sur la ligne ; elle ne paye pas de mine, mais lui permet d’arriver au Mans, sur la terre de Tech3, en concurrent plus que sérieux. Il avait été bluffant dans la Sarthe il y a un an ; lui aussi avait mené tous les tours. Avec une victoire et deux podiums avant cette petite baisse de forme en Andalousie, il confirme sa place parmi les meilleurs même s’il s’est déjà fait battre par Alonso au Qatar à l’issue d’un duel qui n’aura duré qu’un virage – manque de pot pour Holgado, c’était le dernier.
Une saison moins disputée par les outsiders ?
Il y a quelques temps, je revenais sur le changement de physionomie des courses en Moto3. Jerez n’a pas dérogé à la règle, avec un petit groupe qui s’est échappé, sans plus. La composition de la tête est souvent la même, mais pour autant, il est difficile de souligner le très bon début de saison d’autres larrons que David Alonso et Daniel Holgado.
Disons qu’il y a une belle marche entre les deux susnommés et le reste. Le vainqueur, Collin Veijer, pour Liqui Moly Husqvarna Intact GP, était le premier à noter la chute d’Alonso dans son interview d’après-course, remarquant qu’elle lui avait facilitée la tâche. Le Néerlandais, dans sa deuxième saison lui aussi, est très fort mais avait timidement commencé cet exercice 2024 après une somptueuse deuxième partie de saison 2023. Elle était marquée, notamment, par une victoire au Grand Prix de Malaisie. Ce succès fait du bien, mais il est toujours bloqué à 28 points derrière Alonso après quatre manches.
José Antonio Rueda, l’homme de pointe de Red Bull KTM Ajo, a souffert d’une crise d’appendicite sur le début de saison, qui lui a coûté les USA et Jerez – avec des complications. Il pourrait bien maudire son corps à la fin de saison. Photo : Ajo
Encore une marche derrière, on retrouve les autres. Ivan Ortola (KTM MT Helmets MSi) est toujours bon, mais n’a pas encore réalisé de coups de génie comme ce fut le cas sur la saison passée. C’est dommage, car il y avait de la place pour lui sur des pistes qui lui convenaient plus que de raison, Austin et Jerez en pointe. Joel Kelso (KTM Boé Motorsports) n’est certainement pas ridicule, mais simplement présent grâce à sa régularité.
Ainsi, je pense qu’on se dirige vers un duel pour le titre, avec, peut-être, quelques incursions d’un outsider dans le top 3. Cela signifie, par le fait, que les moyennes de points risquent d’être très élevées, avec beaucoup de victoires pour les mêmes protagonistes des mêmes équipes. Le fossé entre les meilleurs et le peloton ne cesse de se creuser en Moto3, c’est une réalité. J’imagine mal une saison similaire à l’exercice 2020, par exemple, où six pilotes pouvaient constamment se montrer dangereux au général.
Avez-vous suivi le début de cette saison Moto3 ? Dites-le moi en commentaires !
Photo de couverture : Aspar Moto3
