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Martín Bagnaia

Le Grand Prix d’Allemagne nous a livré des enseignements aussi riches que passionnants. Hier, déjà, nous nous attardions sur ceux relatifs à Jorge Martín et Pramac Racing, dans une analyse que vous pouvez retrouver en cliquant ici. Nous poursuivons donc ce décryptage, avec, aujourd’hui, la mission de se concentrer sur Pecco Bagnaia, sans qui la bataille n’aurait pas existé.

 

Marc Bagnaia ou Pecco Márquez

 

Le niveau d’engagement de Pecco Bagnaia sur cette course était tout à fait bluffant. Toujours doté de la justesse technique qui le caractérise, il se permet de prendre des risques phénoménaux, alors qu’une nouvelle chute pourrait le mettre en danger au championnat. Oui, il y a du « Marc Márquez 2019 » dans ce « Pecco Bagnaia 2023 ». Les deux versions de ces pilotes partagent deux points communs ; la résilience dans le combat, et l’engagement absolu découlant d’une confiance sans limite.

Ce qui est d’autant plus impressionnant avec l’Italien, c’est qu’il n’a pas la fougue de Márquez, et que son côté plus cérébral en bataille ne gâche en rien le spectacle, comme cela pouvait être le cas avec Valentino Rossi par exemple, qui attendait, étudiait sa proie pour faire le dépassement le plus efficace.

 

Martín Bagnaia

Le meilleur pilote actuel, même à la deuxième place. Photo : Michelin Motorsport

 

Ici, Pecco Bagnaia a tenté, jusqu’à toucher son vis-à-vis. Ses phases de freinage sont toujours aussi hallucinantes (revoyez la prise des freins au virage n°1 après qu’il soit passé en tête, en caméra embarqué avec le « Martinator »), et surtout, sa capacité à gagner du terrain/prendre de l’avance en peu de temps est surréaliste. Sans même parler de tous les mouvements sur sa machine – notamment dans le virage n°8, où Brad Binder a chuté. Après la touchette à l’entame du dernier tour, il est quand même parvenu à rentrer de nouveau sur son adversaire en moins d’un demi-tour, une belle illustration du momentum que nous avons détaillé l’an passé.

Alors, oui, on pouvait l’avoir déjà constaté en 2022 quand celui-ci croisait le fer avec Enea Bastianini, à Misano par exemple, course très similaire avec celle-ci. Mais le contexte est totalement différent ; ici, il défendait sa position au championnat, il n’était plus le challenger, mais le favori. Avant le début de saison, cela représentait une interrogation : Comment Bagnaia gérera-t-il le fait de mener au championnat ? Le Grand Prix d’Allemagne nous a donné la réponse.

 

La chance du champion

 

Ce point découle directement du précédent. L’avantage d’une telle attaque dans la défaite est simple ; la dynamique ne change pas, Pecco est toujours favori, ce qui n’aurait pas été le cas s’il avait terminé à 2,4 secondes comme samedi. Mais pour autant, pendant ce week-end, nous avons noté un autre élément qui est caractéristique des plus grands champions : la chance.

C’est assez rare pour le dire, mais Bagnaia a été chanceux au Sachsenring, et à deux reprises. D’abord, en qualification, avec ce très bon tour qui aurait pu être battu si ce n’était pour des drapeaux jaunes. Comme par miracle, il passe entre les gouttes pour rafler la mise. Puis, pendant la course, lorsque sa roue avant s’est pris dans la Desmosedici de Jorge Martín. Alors que cela aurait pu se finir par terre, pour lui ou les deux, Bagnaia est resté sur ses roues, ne perdant que quelques dixièmes.

Plus que de la chance, Pecco semblait toujours au bon endroit, au bon moment, dans les bonnes circonstances. C’est un phénomène qui se manifeste avec les très grands, dans tous les sports, où toutes les planètes semblent alignées pour eux. On a comme l’impression qu’il ne peut rien leur arriver, car ils se mettent dans des dispositions optimales. C’est particulièrement vérifiable en Formule 1, où pendant des années, tout semblait jouer en faveur de Lewis Hamilton, et maintenant, c’est le cas de Max Verstappen. Bien sûr, c’est à chaque fois à mettre au crédit du pilote, qui provoque ces moments chanceux qui font la différence.

 

Martín Bagnaia

Moins d’un dixième. Photo : Ducati Corse

 

Avant le Sachsenring, nous n’avions jamais observé ceci avec Bagnaia et c’est désormais chose faite.

 

Le spectacle MotoGP

 

Ce dernier point est plus général. Nous avons particulièrement apprécié la bataille pour la victoire, car selon moi, l’auteur de cet article, un duel, loin devant les autres, est ce que le MotoGP peut nous proposer de plus fort, de plus intense, de plus vivant.

Tout rentre en compte dans la beauté d’un sport, même des facteurs a priori secondaires. Voir les deux pilotes les plus rapides du moment s’affronter a quelque chose de grand. En plus, avec deux des meilleures machines de l’histoire des Grands Prix, sur un circuit à l’ancienne, bourré de charme, avec sa végétation et son dénivelé caractéristique, sans oublier ses vibreurs noir, sang et or qui rendent tellement bien à l’écran.

Cela va plus loin encore ; voir deux décorations remarquables, une rouge, une violette et blanche, avec, sur l’une d’elles, Jorge Martín, portant un casque à la décoration évocatrice et tellement belle. C’est très subjectif, mais tous ces détails rentrent en comptent, et forment, une fois réunis, un produit magnifique.

Oui, il s’agit de deux Ducati, une fois de plus. Mais peut-on s’en plaindre ? N’ayons pas la mémoire courte ; quand Valentino Rossi s’imposait avec plus de dix secondes d’avance il y a moins de vingt ans, beaucoup, dont moi, auraient payé pour avoir un Tohru Ukawa, son coéquipier chez Honda, au même niveau. Doucement, nous nous rapprochons du « MotoGP parfait », tel que désiré par DORNA depuis 2016 et l’introduction de l’ECU unique.

Et nous en sommes ravis.

C’est tout pour cette – longue – analyse scindée en deux. Qu’avez-vous pensé de la dimension spectaculaire que revêtit le Grand Prix d’Allemagne 2023 ? Vous a t-elle convaincu ? Dites-le nous en commentaires !

 

Bataille de titans. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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