Sensation l’année passée et solide durant les essais
hivernaux, Aprilia peine à s’installer confortablement dans le
peloton de tête des nombreuses autres forces du plateau. Malgré des
avancées techniques remarquables, aucune dynamique ne se crée du
côté de la firme de Noale. Explications.
I) Maverick Viñales chef de file ?
Nous vous l’accordons, ce que réalise Maverick
Viñales au guidon de la RS-GP est correct, même si nous
allons (de nouveau) jouer les rabat-joie. Oui, l’Espagnol a montré
de belles choses au Portugal et aux États-Unis dimanche dernier,
avec une course solide clôturée par une 4è place à l’arrivée.
Mais nous sommes tous conscients de son potentiel, ce n’est en rien
une surprise. « Top Gun » peut jouer
devant depuis sa deuxième année en MotoGP, peu importe sa monture.
Le problème, c’est jusqu’à quand. Et puis, n’occultons pas le raté
en Argentine ainsi que le Sprint à Austin, pas flamboyant non plus
alors qu’on l’attend justement sur des coups d’éclat.
💥 @AleixEspargaro also didn't make it to the end of the first lap!
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) April 16, 2023
He lost the front at Turn 12! 😢#AmericasGP 🇺🇸 pic.twitter.com/7mrKlE8It0
Sa quatrième place au championnat est trompeuse, car les multiples
absences et chutes des leaders rendent le classement difficile à
lire. Ce n’est pas manquer de respect à
Álex Rins que de penser qu’il n’est pas, à
l’heure où ces lignes sont écrites, le 3e meilleur pilote en
MotoGP.
Viñales fait du bon Viñales, dans
la continuité de l’an dernier. Il prend ses marques et score de
jolis points quand il le faut, même si on pourrait attendre de lui
une victoire car il en a définitivement la capacité.
II) Bilan contrasté pour ses collègues
Le problème, c’est qu’aucun autre ne suit. Nous avons évoqué la
belle surprise
Miguel Oliveira il y a quelques jours, et croyez-le ou
non : Nous pensons réellement que le Portugais a la possibilité de
devenir le chef de file pour Aprilia en MotoGP. Il a clairement
manqué de chance au Portugal, autant qu’il aurait adoré les
conditions qu’ont subi les pilotes en Argentine. Son retour
était très bon, pour ne pas dire excellent.
Les deux derniers sont des déceptions. Aleix
Espargaró n’est pas dans le coup, et ce depuis le début.
Pourtant, si l’on se fie à la dynamique de l’an dernier, il devrait
être celui qui tire la marque vers le haut, derrière qui pourraient
se réfugier les troupes. Pour l’instant, il est loin, même en ne
comptant pas le Grand Prix des Amériques où il fut victime d’un
problème mécanique.
Raúl Fernández fait encore moins bien. Alors,
certes, il s’agit de sa deuxième année en catégorie reine mais
d’ordinaire, c’est souvent lors de cette saison que cela se
débloque. Nous aimerions penser qu’il ne s’agit que du début, mais
nous avons comme un mauvais pressentiment. Raúl était un
energizer, ce pilote qui peut dynamiser l’équipe quitte à
tomber. La moto est bien née, et on l’attendait sur les
Sprints mais la réalité est toute autre. Avec deux
abandons en trois courses et aucun point marqué sur le format
court, il pointe actuellement à la dernière place du
championnat.
Nous ne sommes pas en train de dire qu’il doit déjà chercher un
guidon en Superbike. Il pourra peut-être progresser sur le plan de
la régularité, afin de marquer des points plus fréquemment.
Mais arrivera-t-il à gagner de la vitesse pure au guidon de
l’Italienne, jusqu’à rivaliser avec ses collègues sur certaines
courses ? Nous en sommes moins sûrs. Espérons
qu’il nous fasse mentir.
III) Une dynamique étrange
Quand l’on se penche sur les résultats uniquement, ce n’est pas si
terrible. Aprilia est encore dans le coup et il reste 18 manches à
disputer. Mais deux choses nous chagrinent les
concernant.
Premièrement, le fait que Maverick Viñales soit régulièrement
devant Aleix Espargaró est presque un problème. Maverick aura
toujours de la vitesse, peu importe sa moto.
Mais il l’a prouvé par le passé, il n’est pas celui
sur qui on peut compter pour faire performer une marque sur la
durée, ce qui est sans aucun doute l’objectif d’Aprilia.
Si Aleix peine alors qu’il tient le projet depuis
2017, parfois à bout de bras, alors ce n’est clairement pas bon
signe. Il était le net n°1 et un basculement de la hiérarchie au
profit d’un Viñales toujours volatile n’est pas
l’option la plus pérenne. C’est pour cette raison que les manches
européennes qui se profilent vont être très importantes, là où en
général, il a tendance à être meilleur (surveillez
Catalunya, Silverstone et
Assen).
Deuxièmement, l’effet de surprise n’est plus là. Hormis Miguel
Oliveira, Aprilia ne bénéficie plus du « facteur
outsider » qui les a tant aidé l’an dernier.
Désormais, la firme de Noale doit composer avec le statut de
quasi-favori et cela change beaucoup dans l’approche. L’an passé,
en fin de saison, on les avait vu craquer à de multiples reprises,
et ce sur tous les niveaux (chutes, défaillances mécaniques et
erreurs humaines). L’histoire nous l’apprend et nous ne le dirons
jamais assez : il faut que le niveau d’exécution suive l’ambition.
Sinon, Massimo Rivola n’aura que ses diffuseurs
latéraux et
S-duct pour pleurer.
Que pensez-vous d’Aprilia après trois courses ?
Dites-le nous en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport