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Aprilia

Sensation l’année passée et solide durant les essais hivernaux, Aprilia peine à s’installer confortablement dans le peloton de tête des nombreuses autres forces du plateau. Malgré des avancées techniques remarquables, aucune dynamique ne se crée du côté de la firme de Noale. Explications.

I) Maverick Viñales chef de file ?

Nous vous l’accordons, ce que réalise Maverick Viñales au guidon de la RS-GP est correct, même si nous allons (de nouveau) jouer les rabat-joie. Oui, l’Espagnol a montré de belles choses au Portugal et aux États-Unis dimanche dernier, avec une course solide clôturée par une 4è place à l’arrivée.

Mais nous sommes tous conscients de son potentiel, ce n’est en rien une surprise. « Top Gun » peut jouer devant depuis sa deuxième année en MotoGP, peu importe sa monture. Le problème, c’est jusqu’à quand. Et puis, n’occultons pas le raté en Argentine ainsi que le Sprint à Austin, pas flamboyant non plus alors qu’on l’attend justement sur des coups d’éclat.



Sa quatrième place au championnat est trompeuse, car les multiples absences et chutes des leaders rendent le classement difficile à lire. Ce n’est pas manquer de respect à Álex Rins que de penser qu’il n’est pas, à l’heure où ces lignes sont écrites, le 3e meilleur pilote en MotoGP.

Viñales fait du bon Viñales, dans la continuité de l’an dernier. Il prend ses marques et score de jolis points quand il le faut, même si on pourrait attendre de lui une victoire car il en a définitivement la capacité.

II) Bilan contrasté pour ses collègues

Le problème, c’est qu’aucun autre ne suit. Nous avons évoqué la belle surprise Miguel Oliveira il y a quelques jours, et croyez-le ou non : Nous pensons réellement que le Portugais a la possibilité de devenir le chef de file pour Aprilia en MotoGP. Il a clairement manqué de chance au Portugal, autant qu’il aurait adoré les conditions qu’ont subi les pilotes en Argentine. Son retour était très bon, pour ne pas dire excellent.

Les deux derniers sont des déceptions. Aleix Espargaró n’est pas dans le coup, et ce depuis le début. Pourtant, si l’on se fie à la dynamique de l’an dernier, il devrait être celui qui tire la marque vers le haut, derrière qui pourraient se réfugier les troupes. Pour l’instant, il est loin, même en ne comptant pas le Grand Prix des Amériques où il fut victime d’un problème mécanique.

 

Photo : Michelin Motorsport



Raúl Fernández fait encore moins bien. Alors, certes, il s’agit de sa deuxième année en catégorie reine mais d’ordinaire, c’est souvent lors de cette saison que cela se débloque. Nous aimerions penser qu’il ne s’agit que du début, mais nous avons comme un mauvais pressentiment. Raúl était un energizer, ce pilote qui peut dynamiser l’équipe quitte à tomber. La moto est bien née, et on l’attendait sur les Sprints mais la réalité est toute autre. Avec deux abandons en trois courses et aucun point marqué sur le format court, il pointe actuellement à la dernière place du championnat.

Nous ne sommes pas en train de dire qu’il doit déjà chercher un guidon en Superbike. Il pourra peut-être progresser sur le plan de la régularité, afin de marquer des points plus fréquemment. Mais arrivera-t-il à gagner de la vitesse pure au guidon de l’Italienne, jusqu’à rivaliser avec ses collègues sur certaines courses ? Nous en sommes moins sûrs. Espérons qu’il nous fasse mentir.

III) Une dynamique étrange

Quand l’on se penche sur les résultats uniquement, ce n’est pas si terrible. Aprilia est encore dans le coup et il reste 18 manches à disputer. Mais deux choses nous chagrinent les concernant.

Premièrement, le fait que Maverick Viñales soit régulièrement devant Aleix Espargaró est presque un problème. Maverick aura toujours de la vitesse, peu importe sa moto. Mais il l’a prouvé par le passé, il n’est pas celui sur qui on peut compter pour faire performer une marque sur la durée, ce qui est sans aucun doute l’objectif d’Aprilia.

 

En difficulté. Photo : Michelin Motorsport



Si Aleix peine alors qu’il tient le projet depuis 2017, parfois à bout de bras, alors ce n’est clairement pas bon signe. Il était le net n°1 et un basculement de la hiérarchie au profit d’un Viñales toujours volatile n’est pas l’option la plus pérenne. C’est pour cette raison que les manches européennes qui se profilent vont être très importantes, là où en général, il a tendance à être meilleur (surveillez Catalunya, Silverstone et Assen).

Deuxièmement, l’effet de surprise n’est plus là. Hormis Miguel Oliveira, Aprilia ne bénéficie plus du « facteur outsider » qui les a tant aidé l’an dernier. Désormais, la firme de Noale doit composer avec le statut de quasi-favori et cela change beaucoup dans l’approche. L’an passé, en fin de saison, on les avait vu craquer à de multiples reprises, et ce sur tous les niveaux (chutes, défaillances mécaniques et erreurs humaines). L’histoire nous l’apprend et nous ne le dirons jamais assez : il faut que le niveau d’exécution suive l’ambition. Sinon, Massimo Rivola n’aura que ses diffuseurs latéraux et S-duct pour pleurer.

Que pensez-vous d’Aprilia après trois courses ? Dites-le nous en commentaires !

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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