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Pecco Bagnaia Assen

Le MotoGP est un sport simple. Vingt-deux pilotes courent en même temps, enfin, quand ils sont en forme, et à la fin, c’est Pecco Bagnaia qui gagne. Cet aphorisme du footballer anglais Gary Lineker qui, à l’origine, concernait l’Allemagne et sa redoutable Mannschaft, peut parfaitement s’appliquer à notre sport depuis le Grand Prix des Pays-Bas… 2022. En effet, cela fait désormais un an, ou plutôt, un an de courses d’Assen à Assen, que l’Italien domine assez largement les débats. Retour sur une énième démonstration, avec, en prime, une petite prise de conscience du phénomène que l’on est en train de voir évoluer. Bien sûr, au cours de l’été, nous reviendrons sur le début de saison époustouflant de Marco Bezzecchi, poleman et vainqueur lors du Sprint.

 

La maîtrise de Pecco Bagnaia

 

La course en était presque ennuyante. Une fois de plus, il a réalisé un très bon départ, et une fois de plus, il n’a jamais été rattrapé, que ce soit par Brad Binder ou Marco Bezzecchi. Depuis le temps, nous avons compris son style : des victoires « à la Lorenzo », et c’était particulièrement visible avant-hier. En effet, même si nous n’avons plus le détail des temps au tour affichés comme avant, nous pouvons constater une régularité exemplaire une fois en tête, sans qu’il ne pousse davantage pour creuser un écart. Là où Casey Stoner, Valentino Rossi et même Fabio Quartararo pouvaient gagner avec plus de six, sept secondes, Pecco Bagnaia – comme Jorge Lorenzo sur la deuxième partie de sa carrière – se contente de deux secondes, voire d’une.

 

Pecco Bagnaia Assen

Dans l’arène. Photo : Michelin Motorsport

 

Rien de nouveau là dedans, nous avons déjà loué son intelligence de course hors normes à de nombreuses reprises. À vrai dire, après chacune de ses performances, même quand il s’agit d’une défaite comme au Sachsenring. Au-delà de ça, qu’est ce qui le rend si intouchable ? Sa capacité d’adaptation, et sa maîtrise du rythme.

Depuis plusieurs courses, nous suivons ce paramètre, et c’est le bon moment pour l’expliquer. Jamais, dans l’histoire récente, n’avions-nous vu telle mainmise sur sa propre performance.

Nous l’avons étudié pendant le Sprint ; Pecco peut se rapprocher, mais aussi relâcher sans jamais perdre le contact, sans doute afin de faire baisser la température – et la pression – de sa gomme avant. Ce fut le cas au Portugal, mais aussi en Allemagne. A une seconde pleine derrière le leader, il reste un danger. On sait qu’en deux tours, environ, l’Italien peut rentrer sur son vis-à-vis. C’est tout à fait bluffant.

 

 

Une telle compréhension de la physionomie de la course lui permet de se retenir lors des Sprints, et d’être significativement meilleur pendant la joute principale. À de nombreuses reprises (Argentine, France, Allemagne, Pays-Bas), nous l’avons vu lâcher du lest le samedi après-midi, et se montrer bien plus redoutable le dimanche, ce qui cause aussi des chutes car l’engagement est plus important.

Pecco Bagnaia profite du format court pour assurer de gros points au championnat, et ose plus lors du Grand Prix. Pourtant, il est très difficile, à ce niveau de compétition, de se dire qu’il faut couper, qu’il faut en garder sous le pied ; lui y parvient comme nul autre. Ceci le rend intouchable à l’échelle d’une saison, ou presque.

Car cela est couplé à une capacité d’adaptation hors du commun. Depuis l’introduction de l’ECU unique en 2016, seul Marc Márquez parvenait à être rapide, partout, dans toutes les conditions. Valentino Rossi, maître de la régularité, Jorge Lorenzo, Andrea Dovizioso ou même Fabio Quartararo, dans leurs meilleures saisons au cours de cette période, connaissaient des trous d’air, des 8e places, des weekend « sans ». Avec Pecco, ça n’existe pas. Rendez-vous seulement compte : Depuis Le Grand Prix d’Espagne 2022, il a été dans le coup pour jouer la victoire ou le podium à 29 reprises en 31 courses avec les Sprints, que cela se solde par une chute ou non. Il n’a réalisé que deux contre-performances, à savoir : Motegi l’an dernier, ainsi qu’à Valence, où il termina 9e alors qu’il jouait le titre avec un aileron en moins.

 

Pecco Bagnaia Assen

Un coup Binder, un coup Bezzecchi, un coup Martín, mais toujours, Bagnaia. Photo : Michelin Motorsport

 

Cette saison, à chaque fois que les feux s’éteignent, il est devant, qu’il chute après, ou non. C’est trop pour la concurrence, qu’elle soit constituée de Marco Bezzecchi, Jorge Martín ou Brad Binder. Eux ne peuvent pas maintenir une telle régularité dans la performance.

 

Déjà MotoGP Legend ?

 

En prenant sa 15e victoire en MotoGP, Pecco Bagnaia égale Andrea Dovizioso au palmarès, qui vient d’être intronisé MotoGP Legend par la FIM. Drôle de légende selon nous, même si le hall of fame à la sauce MotoGP nous fait parfois rire jaune. Qu’on le veuille ou non, il faut parler de Pecco Bagnaia comme de l’un des grands pilotes de son temps.

Parmi les italiens, seuls Valentino Rossi et Giacomo Agostini ont plus souvent triomphé que lui en catégorie reine, et il faudra attendre quelques années pour qu’il les atteigne. En termes de poles dans la plus prestigieuse des catégories, Pecco Bagnaia pointe à 15 également, soit une unité de moins que Fabio Quartararo. En 2023, sans jamais hausser la voix, il tourne à 24 points de moyenne quand il franchit la ligne le dimanche, une statistique « Doohanesque ».

Rajoutons à cela un titre MotoGP (peut-être un deuxième sous peu), un titre Moto2, et n’avons-nous pas une légende aussi ? Pas selon nous, mais selon les critères de la DORNA, assurément.

Qu’avez-vous pensé de sa performance au chœur de la mythique cathédrale d’Assen ? Dites-le nous en commentaires !

 

Le Maestro. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Pecco Bagnaia Assen Michelin Motorsport

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