Il y a des tonnes de choses à dire sur ce Grand Prix
d’Argentine. Nous aurions pu débuter en parlant de la première
victoire en carrière de Marco Bezzecchi, de la belle performance de
Johann Zarco ou encore de la première pole position d’Álex Márquez
en catégorie reine. Mais finalement, au vu du contexte, tout cela
n’était pas si improbable comme on a pu le lire ici et là. Même
pour
Brad Binder. Bien que son exploit soit sensationnel, le
Sud-Africain fait sûrement partie des trois à cinq meilleurs
pilotes MotoGP,
comme vous nous le disions en fin de saison dernière. Mais un
seul homme a réellement surpris tout le monde : Franco
Morbidelli. Analyse en plusieurs points.
I) Un retour d’outre-tombe
Malgré les statistiques que l’on voit passer sur internet, il faut
bien se rendre compte de la situation dans laquelle se trouve
Franco Morbidelli. Sa saison 2021 – même avant
son absence – avait été catastrophique, mais toujours meilleure que
2022. L’an passé, « Franky » n’a jamais fait mieux que 7e en
Indonésie, sous la pluie. Il s’agissait là de l’une de ses deux
seules entrées dans le top 10, quand son coéquipier jouait le
titre.
Après coup, nous pouvons affirmer qu’il s’agit du pire exercice
pour un officiel Yamaha depuis 2002, mais peut-être, au vu du
contexte, la pire performance d’un pilote officiel tout court
depuis 2002. Certes, d’autres rivalisent à l’image de Jorge
Lorenzo en 2019, sans compter les heures sombres de la
carrière de Sete Gibernau chez Ducati. Mais les
blessures sont des facteurs importants, et dans ce cas précis,
l’Italien n’avait juste pas la vitesse.
A happy and rejuvenated @FrankyMorbido12 💪
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) April 2, 2023
The Italian leaves Termas with a P4 and a significant confidence boost 😎#ArgentinaGP 🇦🇷 pic.twitter.com/6iuoTc8eET
Le Grand Prix d’ouverture de la saison 2023 n’était pas plus
prometteur. Franco Morbidelli a essuyé un
commentaire dur mais juste de la part de son coéquipier
Fabio Quartararo, stipulant qu’il ne
« faisait pas le job ».
Aujourd’hui, nous devons rendre hommage à Franco
Morbidelli, peu importe ce qui va suivre. En effet,
revenir d’un tel état demande une force mentale phénoménale, sans
commune mesure. Ceci est plus impressionnant que ses seules 4e
places. À vrai dire, les retours comme celui qu’il vient de faire,
aussi courts soient-ils, sont rarissimes. À l’étude de l’histoire
des sports, aller contre la dynamique est très difficile.
II) Est-il de retour ?
Nous ne le pensons pas, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement,
nous imaginons que la logique sportive est tout simplement trop
forte pour aller contre. Il faudrait se référer à des comeback
légendaires pour établir un point de comparaison et avec tout le
respect que nous devons au vice-champion du monde 2020,
nous ne l’imaginons pas de cette caste.
Deuxièmement, parce que Franco Morbidelli a
toujours été bon sur le mouillé. Son pilotage lui permet de
relativement bien figurer dans ces conditions, et c’est d’ailleurs
ce qui l’avait sauvé à Mandalika l’an passé.
Finalement, parce que l’Autódromo Termas de Río
Hondo n’est que peu représentatif. En général, on arrive à
définir une hiérarchie à partir de Jerez et plus globalement, des
premières manches disputées sur le sol Européen. Cela est dû à de
nombreux facteurs, mais surtout car le profil du tracé est
relativement atypique de nos jours, avec peu de possibilités de
dépassement. Cal Crutchlow y avait remporté la
victoire dans des conditions difficiles, et même sur le sec, on se
souvient du succès de Maverick Viñales pour son
arrivée chez Yamaha. Les exemples sont nombreux (Mattia
Pasini en Moto2 en 2018, suivi par Lorenzo
Baldassarri en 2019 et Celestino Vietti
dans la même catégorie).
Cela n’enlève rien à son héroïsme, mais factuellement, il est
difficile de se fier à cette piste pour établir des conclusions.
Vous l’aurez compris, nous sommes toujours assez pessimistes
concernant Franco Morbidelli, d’autant plus que même dans son
prime, soit sa meilleure période en carrière (2017-2020), la
régularité dans la performance était l’un de ses défauts.
Pas sûr qu’il soit gommé au guidon de la YZR M1 cuvée
2023.
Conclusion :
Au delà de sa triple 4e place (qualifications, Sprint et course),
c’est surtout l’exploit mental qu’il faut relever.
Averti par son équipe et désormais par son coéquipier, Franco a
broyé du noir pendant plus d’un an et demi pour enfin réapparaître
sur le devant de la scène. Même si cela ne dure pas, nous
devons lui tirer notre chapeau.
Qu’avez-vous pensé de son weekend ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport