C’est l’heure du bilan. Comme chaque année depuis trois ans, Parlons MotoGP se lance dans une entreprise assez importante : dresser le bilan de chaque pilote à l’issue de la saison 2024, aujourd’hui, au tour de Franco Morbidelli, un véritable survivant. Une bonne partie de l’hiver durant, nous allons remonter le classement à l’envers, jusqu’à parler en détail de la campagne du champion du monde. Vous êtes prêts ? C’est parti !
Hier, nous sommes revenus sur le cas de Fabio Di Giannantonio ; cliquez ici pour retrouver l’article correspondant.
Depuis les ténèbres
Le cas de Franco Morbidelli est assez difficile à juger, et je dois reconnaître que jusqu’à maintenant, aucun pilote ne m’avait posé autant de problèmes. Il est possible de qualifier sa saison de réussie comme de ratée, avec, à chaque fois, de solides arguments que je vais essayer d’étayer ici.
D’un côté, c’est une indéniable réussite. Je tiens à rappeler qu’avant le début de saison, Franco Morbidelli s’était lourdement blessé à Portimao, le contraignant à faire un séjour à l’hosto d’une part, et, de l’autre, à manquer le reste des essais hivernaux avec sa nouvelle monture. Débarqué de chez Yamaha, il n’a pas eu le temps de s’adapter à la Ducati Desmosedici GP24, et malgré quelques Grands Prix totalement ratés en début de saison, il finit tout de même neuvième du classement général avec 173 points, à égalité avec Alex Marquez huitième.
Sans même parler de ses progrès indéniables, il a réalisé de belles performances toute l’année durant. Il compte un top 3 en Sprint, acquis dans son jardin à Misano, ainsi que plusieurs quatrièmes et cinquièmes places. Une fois qu’il avait la GP24 en main, il était assez rapide comme l’atteste sa deuxième place en qualifications à l’occasion du Grand Prix de Saint-Marin.
Vu sous cet angle, et compte tenu de sa chute au Portugal avant le début de l’année, on ne peut pas dire que c’est une saison ratée. Il a beaucoup progressé ; c’est sans doute le pilote avec le plus grand écart de niveau entre le premier et le dernier Grand Prix.
Une autre vision
En revanche, il est parfaitement possible d’argumenter l’opposé. Oui, Morbidelli s’est blessé avant que ça ne commence, mais c’est aussi le jeu, ça arrive à d’autres. Et puis, il était quand même apte à prendre le départ des premières courses. Ce qui fait mal, au moment de faire le bilan, c’est l’écart entre lui et les autres pilotes sur Desmosedici GP24, d’une part, et, surtout, l’écart entre lui et son coéquipier Jorge Martin, champion du monde. Morbidelli prend 335 points dans la vue par le « Martinator », soit plus que le total de Brad Binder. Ça fait mal, et la comparaison n’est qu’à peine plus douce quand on l’oppose à Bagnaia et Bastianini.
Fabio Di Giannantonio et Alex Marquez, qui n’ont pas connu des saisons exceptionnelles pour différentes raisons, ont tous deux mieux réussi que « Franky » (au nombre de points marqués par course), malgré des motos datées d’un an et assez largement inférieures, surtout sur la fin. Et puis, sans parler des chiffres qui peuvent parfois être trompeurs, Morbidelli, avec ces quelques cinquièmes places, n’a jamais été en mesure d’aller s’imposer, ni même de décrocher un podium dominical. On n’a jamais vu d’exploits individuels signés de son poignet droit. Il était loin, et forcément, rapporté au matériel, ça passe encore moins.
Conclusion
Je pense honnêtement qu’il y a un peu de vérité dans chacun des points précédemment détaillés. Sa saison n’était pas si terrible tant sur le plan statistique que de la progression réelle, mais impossible de la qualifier de réussie au vu de l’écart gigantesque qui le sépare des autres pilotes dotés du même matériel. Ce n’est pas facile de débuter une saison sans avoir pu essayer la moto avant, je le conçois, mais aux deux-tiers de l’année, il semblait l’avoir pleinement en main. Disons-le autrement : je pense qu’il n’aurait pas pu, de toute façon, accrocher Marc Marquez, Bagnaia et consort en disputant les tests de Sepang. Il était à son maximum, et son plafond n’est sûrement pas si haut que ça en raison de problèmes divers – notamment un nombre de chute au mauvais moment élevé, cinq abandons le dimanche pour seulement quinze erreurs au total.
Est-il une déception pour autant ? Personnellement, je n’en attendais pas beaucoup, et il était illusoire de le voir se bagarrer avec Pecco et Jorge Martin de toute façon. De ce fait, je dirais, pour conclure, qu’il vient de vivre une saison moyenne, sans plus. Pas exécrable, mais loin d’être excellente.
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Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport