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Jorge Martin MotoGP

Le Grand Prix MotoGP d’Indonésie est terminé : Jorge Martin s’est imposé et apparaît comme le grand vainqueur de cette manche aux yeux de tous. La course n’était pas des plus folles, d’accord, mais son lot d’enseignements n’en est pas moins intéressant. Penchons-nous, si vous le voulez bien, sur l’analyse de cette manche et de la performance de ses principaux protagonistes. Vous êtes prêts ? C’est parti !

 

Jorge Martin, un vrai triomphe ?

 

Nous avons tous constaté la domination du « Martinator » sur un Grand Prix dont il semblait avoir la clé dès le samedi matin. Mais en réalité, est-il le grand vainqueur de cette manche ? Je ne le pense pas, et ce pour plusieurs raisons assez subtiles que je vais tenter d’expliquer dans les paragraphes suivants.

Premièrement, le bilan comptable. Face à Pecco Bagnaia, la stratégie de Martin était simple : attaquer, le plus possible. Cela s’est vu lors des qualifications – où nous avons retrouvé ce Martin foudroyant que nous connaissons tous –, mais aussi lors du Sprint avec ce départ d’outre-tombe. Clairement, il était supérieur à l’Italien ; c’était déjà le cas l’an dernier. Bagnaia n’a jamais vu le jour, il était loin, incapable de répondre. Il l’a lui-même reconnu à l’issue du Sprint, une épreuve qu’il a pourtant remportée.

 

Jorge Martin MotoGP

Pecco Bagnaia n’a pas été ridicule. Il se savait moins fort et cette fois, a roulé de manière très conservatrice, notamment sur les derniers tours du Sprint. Photo : Michelin Motorsport

 

Et pourtant, Martin est arrivé avec 24 points d’avance et repart avec 21. Cela signifie que Bagnaia a été meilleur à l’échelle du week-end. J’ai la ferme impression que Martin, pour asseoir son commandement, devait écraser cette manche. Il en avait la capacité, mais n’a pas capitalisé sur une nette domination : ce paramètre peut faire très mal. Tomber en tête quand personne ne s’attend à vous voir à cette position, c’est une chose, mais tomber en tête quand vous dominez presque « facilement » la concurrence, c’en est une autre. Il a gagné, oui, mais pour pas grand-chose. La dynamique n’est pas plus en sa faveur qu’en arrivant sur le sol indonésien, Bagnaia n’a pas moins de confiance, et pire, il s’est même rapproché.

Deuxièmement, son langage corporel à l’arrivée. Jorge Martin est assez expressif, et vous savez que j’aime me pencher sur cet aspect assez négligé de ce côté de l’Atlantique. La célébration de Jorge Martin était assez… énergique, tournons-le ainsi. Il est impossible, pour moi, de savoir ce qu’il y avait dans sa tête, mais ses gestes rageurs (casse de sa bulle et signe à la limite de l’obscène dans le parc fermé) trahissaient une sorte d’esprit vengeur. Martin donnait l’impression d’avoir gagné le titre, d’être libéré, d’avoir pris une sorte de revanche sur le destin. Sa révérence face au virage qui l’avait fait tomber la veille m’a convaincu. Si l’on se fie à l’histoire des sports, ce n’est pas nécessairement une bonne chose.

 

 

C’est typiquement ce genre de célébration qui mène à un excès de confiance, surtout que les mathématiques ne justifiaient pas un tel engouement. On y trouve une corrélation avec le sentiment de toute puissance, d’invincibilité. Ça n’est que mon avis, bien sûr, et nous verrons se cela se confirme dans les prochaines semaines. Cela me mène à mon troisième et dernier point, à savoir ses contradictions. La semaine passée, battu par Bastianini, il affirmait penser au titre, ce qui est assez rare pour être noté. D’ailleurs, il s’était rapidement excusé pour son coup d’humeur à l’arrivée. Mais lors du Grand Prix suivant, le voilà qui tombe en Sprint, en arrivant, apparemment, bien trop rapidement dans ce fameux virage. Puis, le dimanche, il célèbre comme s’il tenait sa vengance.

Je ne dis pas qu’il perdra ce titre mondial en raison de ces agissements, je dis simplement que ce n’est sans doute pas l’approche la plus efficace face à un compétiteur de la trempe de Pecco Bagnaia. Lui reste froid en toutes circonstances, aiguisé, toujours prêt à mordre. Chaque fois outsider, et chaque fois véloce. En s’attribuant le rôle du leader incontesté comme il l’a fait dans le parc fermé, je doute que Martin se soit ôté de la pression. N’était-ce pas lui qui invoquait la difficulté mentale que représentait sa situation après sa chute le samedi ?

Tout ceci me pousse à dire que Bagnaia aura encore des chances de se refaire et qu’il serait idiot de l’enterrer après ce week-end.

 

Jorge Martin MotoGP

L’abandon de Marc Marquez a sûrement signé la fin de ses espoirs de titre mondial. Photo : MotoGP

 

Miraculé ?

 

Justement, parlons-en. Selon moi, ce Grand Prix de Bagnaia était l’un des mieux payés de cette année. Ça peut paraître étrange, car il n’a jamais été aussi rapide que son rival, mais c’est justement ce qui me fait dire ça. Il parvient à rafler 32 points en n’étant jamais le n°1. Même Enea Bastianini était plus dangereux que lui sur le pur plan du rythme. Ce type de rendez-vous où il n’est pas le plus fort mais où il réussit quand même à gratter un grand nombre de points représente peut-être son salut. C’était déjà le cas en Allemagne, par exemple. Il a maximisé son potentiel, couru de manière très intelligente, en plus de bénéficier de cette « chance du champion », comme si tout allait en son sens (les chutes de Martin et Bastianini devant lui, par exemple). Dans cette logique, je m’attendais presque à ce que Pedro Acosta soit déclassé, mais ça n’est pas arrivé.

 

La kryptonite de Ducati

 

Pour finir, un point rapide sur Pedro Acosta. Encore une fois, il a été excellent. Sa maturité transparaît dans les interviews qu’il donne, c’est assez bluffant pour son âge. Je pense qu’il est en passe de devenir le vrai n°1 chez KTM, celui qui donne la direction, celui qu’on écoute. D’ailleurs, c’est le cas au classement après l’atroce week-end de Brad Binder.

 

La deuxième force du plateau, après Ducati, ce n’est pas KTM ou Aprilia. C’est Pedro Acosta. Photo : Michelin Motorsport

 

À mesure que les semaines s’égrènent, il semblerait que ni Aprilia, ni KTM ne puisse challenger Ducati. La firme italienne est trop loin ; désormais, seul Pedro Acosta peut y faire quelque chose. Les chances de victoire de la firme autrichienne, sur la fin de saison, reposent presque entièrement sur les épaules d’un gamin de 20 ans. C’est à la fois beau et triste.

Demain, je reviendrai sur la bataille pour la troisième place du championnat entre Enea Bastianini et Marc Marquez. Rendez-vous à 20 h 30, donc, pour un nouvel épisode de Parlons MotoGP.

Qu’avez-vous pensé de la réaction de Jorge Martin après la course ? Vous indique-t-elle quelque chose ? À vous de me répondre en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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