La victoire d’Álex Rins sur l’asphalte américain a été
magnifique. Assurément un grand bol d’air frais pour Honda, qui
peine considérablement depuis 2020. Cet important succès soulève
plusieurs questions que nous allons poser dans cet article, partie
par partie.
I) Est-ce une surprise ?
Au vu de la dynamique, oui, c’est une immense surprise.
Bien que nous imaginions Álex Rins plus fort que
Joan Mir avant même le début de saison, qui
pouvait annoncer une victoire aussi tôt ? Personne.
YOUR MOTOGP WINNER!!!!!!!!!!!!!!!!! @Rins42 pic.twitter.com/1jWzkPDSKK
— LCR Team (@lcr_team) April 16, 2023
En revanche, il y avait des signes avant-coureurs qui permettaient
de peut-être entrevoir un exploit ce dimanche. Tout d’abord, la
RC213V a toujours été plutôt efficace à Austin mais de nos jours,
il est difficile d’attribuer une piste à une machine comme nous
pouvions le faire par le passé. Par contre, Álex
Rins y avait déjà triomphé en Moto3 ainsi
qu’en Moto2, chaque fois depuis la pole
position.
L’exercice des qualifications est un très bon indicateur, car
l’histoire des sports mécaniques nous l’apprend : Faire une
pole est moins improbable que gagner une course. C’est
pour cette raison qu’en règle générale, il y a plus de vainqueurs
différents sur une saison que de polemen. La performance pure se
reflète davantage sur un tour que sur vingt, quand différents faits
de course peuvent intervenir en votre faveur. Le voir
deuxième à l’issue de la Q2 était donc prometteur.
Mais bien malin étaient ceux qui pouvaient prédire une telle
démonstration une fois les feux éteints.
II) Álex Rins a-t-il déjà réussi son
pari ?
Il n’aura fallu que trois courses pour que Álex conjure le mauvais
sort. À vrai dire, sa saison est déjà réussie et cela pourrait bien
lui profiter. Nous avons remarqué quelque chose avec ce pilote :
À chaque fois qu’il gagne, c’est une surprise.
Quand on l’attend au tournant, il déçoit, comme pendant la saison
2021. Ce succès acquis prématurément pourrait ainsi lui permettre
de franchir un cap et de lui ôter de la pression plutôt que de lui
en ajouter.
Une victoire était déjà inespérée au guidon d’une moto toujours
aussi récalcitrante. Nous n’attendions rien de particulier de sa
part, et comme lors de ses cinq précédentes victoires en catégorie
reine, c’est dans ces moments qu’il est le meilleur. Cependant,
lorsqu’il était chez Suzuki, son statut de pilote officiel
lui ajoutait une pression qu’il n’a vraisemblablement
jamais su gérer au moment de réitérer.
La différence, c’est que nous n’en attendons pas plus de lui
maintenant qu’il a hissé la RC213V sur la plus haute marche du
podium. Honda aurait bien tort de lui en demander une
nouvelle. La mission est déjà terminée, et cela peut
davantage libérer Álex Rins que le
restreindre.
III) Honda de retour ?
Une victoire dans l’ère actuelle, aussi belle soit elle, ne doit
pas nous tromper. Honda est toujours au fond du
trou. Nous l’avons déjà assumé dans un précédent, un
pilote, aussi bon soit-il, ne peut influencer la performance d’une
marque entière à moyen-terme. Ça n’est jamais arrivé. Certes, il
peut faire des coups d’éclat, mais la place de la firme dans la
hiérarchie est uniquement dictée par l’ambition de celle-ci et la
qualité de son matériel.
Si l’on enlève Álex Rins, Honda réalise un weekend noir, avec aucun
autre pilote à l’arrivée. Stefan Bradl a fait son
temps, et
Joan Mir peine toujours à s’adapter à la
monture. Takaaki Nakagami, déjà auteur d’une
saison 2022 en demi-teinte, continue de traverser les années en
MotoGP sans briller, de
manière anecdotique quand il ne se fait pas remarquer pour ses
bourdes.
Ceci rejoint le point n°2 : Il serait parfaitement
injuste de demander à Álex Rins de prendre la
direction des opérations pendant les absences de Marc
Márquez. Prions pour que la firme ailée ne refasse pas la
même erreur qu’avec l’octuple champion du monde, et ne se base pas
uniquement sur les retours de Rins en ce début de saison pour faire
évoluer la machine. Déjà car sur vingt courses, il n’est
pas si fiable malgré ses étincelles, et aussi, car c’est
cette stratégie qui leur coûte tant depuis 2020.
Voici quelques points de réflexion après la délicieuse victoire
d’Álex Rins à Austin,
la première d’un pilote Honda autre que Marc Márquez depuis le
Grand Prix d’Argentine 2018. En aviez-vous relevé
d’autres ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport