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Martin Aprilia transfert

Le monde entier ne parle que de ça. Le transfert de Martin chez Aprilia est le sujet brûlant du moment, et qui n’a pas fini de faire grincer des dents quelques acteurs majeurs du paddock. Il est temps de tout aplatir, et de se poser tranquillement sur la chose. Alors, une analyse s’impose.

 

Préambule – une décision confuse

 

Je tenais à faire cette introduction pour rappeler une vérité générale. Il est impossible de savoir ce qu’il s’est réellement passé entre Ducati, Jorge Martin et Marc Marquez. Au sein de la rédaction, nous faisons du mieux que nous pouvons pour vous retranscrire les tendances du paddock, les petits bruits de couloir. C’est pour ça que cette analyse va se concentrer sur la compatibilité sportive entre les deux entités, et rien de plus. La pertinence de la signature, si vous préférez. On ne sait que deux choses, qui vont nous aider par la suite :

  1. Ducati désirait bien Jorge Martin a un moment donné. Il était, initialement, le favori pour remplacer Enea Bastianini
  2. Même s’il a pu réfléchir à la piste Aprilia auparavant, tout porte à croire – notamment les propos de Massimo Rivola – que tout est allé très vite, ce qui, d’ailleurs, est corroboré par l’annonce du transfert, qui précède celle de Marc Marquez au sein de l’équipe d’usine. Ce qui n’est plus qu’une question de temps. Martin a voulu prendre les devants, en se hâtant.

 

Martin Aprilia transfert

Le Martinator a fait trembler le MotoGP. Photo : Jorge Martin

 

Je ne juge pas ces deux éléments, mais ils vont nous être utiles.

 

I) Est-ce un bon choix ?

 

Trêve d’élucubrations. Entrons dans le vif du sujet.

Selon moi, je pense que Jorge Martin a eu une bonne idée en rejoignant Aprilia et en l’annonçant si tôt. À la découverte de l’information, je n’en étais pas si certain, mais aujourd’hui, j’en suis plus convaincu. Bien sûr, je vais expliquer pourquoi, et ce en plusieurs points pour rester concis et précis.

  • D’abord, aller chez Aprilia, c’est marquer son émancipation du giron Ducati. La situation devenait fort pénible pour Jorge Martin, qui devait constamment prouver, sans cesse, pour exister aux yeux de l’usine Ducati. Déjà en 2022, il était légitime à devenir officiel, mais la firme de Borgo Panigale a préféré Enea Bastianini – justement selon moi. Là encore, la longueur des tractations au vu des prouesses récentes du Martinator l’obligeaient à se plier à l’agenda Ducati. Plus maintenant. Désormais, il s’envole, et peut pleinement se concentrer sur le pilotage et l’évolution de sa carrière.
  • Ensuite, la moto. Jorge Martin va sur une très bonne machine, sans doute conseillée par Aleix Espargaro, l’un de ses plus proches amis dans le paddock. Je maintiens que le package Aprilia est le deuxième meilleur sur la grille après Ducati, mais que les pilotes sous-performent. Espargaro se fait vieux, et malgré tout, est encore capable de prouesses. À côté de lui, on connaît le talent intrinsèque de Maverick Vinales, mais aussi son irrégularité. Il reste un pilote qui s’est fait largement battre par Fabio Quartararo à machine égale, et je ne vois pas Martin moins fort qu’« El Diablo ».
  • Aussi, il devient pilote n°1 clairement ; le leader. J’espère que son départ motivera une envie de se surpasser, de faire encore plus grand, plus fort, et d’aller chatouiller les Ducati officielles. Aprilia avait besoin d’un grand pilote pour passer un nouveau cap, et je pense qu’ils ont trouvé en Martin cet homme providentiel. Épaulé par Vinales, un bon lieutenant, je pense qu’ils pourraient former beau duo, capable de s’imposer très régulièrement.

 

 

Ces arguments suffisent, à mon avis, à justifier un tel choix sans rentrer dans des considérations financières dont je n’ai ni les tenants et les aboutissants. En revanche, il existe quelques zones d’ombre qu’il faudra vite éclaircir, et les voici :

  • L’Aprilia RS-GP, bien qu’elle soit très bonne, est tout de même largement en dessous de la Ducati Desmosedici. Elle a de véritables points faibles, des défauts. Je pense à cet embrayage qui fait rater tous les départs à ses pilotes, même quand ils s’élancent de la pole. C’était particulièrement criant avec Aleix Espargaro en Catalogne, et le problème dure depuis plus d’un an. De ce fait, on peut légitimement se questionner sur la capacité d’évolution de la firme, et aussi, l’éthique de travail, souvent chamboulée par Espargaro. Elle se répercute parfois sur ses pilotes – le nombre d’abandons liés à la mécanique est plus important que chez toutes les autres équipes – ce qui est encore problématique en 2024.
  • Elle nécessitera une période d’adaptation, sans doute. Tous les pilotes qui l’ont découvert ont mis un petit moment avant de la comprendre, en particulier Raul Fernandez qui n’a pas la RS-GP23 tout à fait en main. Je pense aussi à Maverick Vinales, qui avait mis un an environ pour trouver de la vitesse à son guidon. Dès lors, il pourrait y avoir une première année de mise en jambes, mais à 26 ans, dans la fleur de l’âge, c’est une année de sa meilleure période en carrière qui pourrait partir en fumée.
  • Et finalement, point non négligeable ; ce n’était pas la première option. Jorge Martin voulait, de fait, aller dans une autre équipe que celle-ci, à savoir la formation d’usine Ducati. Par définition, il s’agit d’un choix secondaire, et dans l’histoire, c’est vrai qu’ils sont plus rarement payants. Mais après tout, ceci peut représenter une grande source de motivation pour le « Martinator », qui aura à cœur de prouver à ses anciens employeurs qu’ils avaient tort.

 

Martin Aprilia transfert

Aleix Espargaro n’y est pas pour rien, c’est certain. Photo : Michelin Motorsport

 

III – Conclusion

 

Pour moi, la signature de Martin chez Aprilia est une bonne nouvelle pour lui. Je reviendrai, ultérieurement, sur ce que la firme de Noale peut y gagner. Mais concernant l’Espagnol, le simple fait d’être toujours mené en bateau après une saison exemplaire comme celle qu’il vient de pondre, ajoutée à celle qu’il est en train de faire, ne permet pas d’être totalement dévoué à son objectif – et on l’a vu au Mugello. Chez Aprilia, il aura une atmosphère de travail beaucoup plus saine, et je pense réellement que de son point de vue, cela importe autant, désormais, qu’une bonne machine sur tous les circuits MotoGP.

Concernant son matériel d’ici la fin de saison, je ne pense pas qu’il diffèrera. Certains avancent qu’il ne bénéficiera pas des dernières évolutions ; et c’est peut-être vrai. Cependant, la saison est déjà bien lancée, et la GP24 marche déjà très fort. Je pense – et je peux me tromper – qu’on ne verra pas la différence sur la piste.

Même si ce n’était pas son souhait initial, cela reste une beau point de chute et je félicite ici son courage pour annoncer son départ avant, peut-être, l’officialisation d’un autre en lieu et place d’Enea Bastianini.

Qu’avez-vous pensé de sa décision ? Dites-le nous en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Il était perturbé au Mugello. Photo : Jorge Martin

 

Photo de couverture : Jorge Martin

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