Marc Márquez Gresini

Enfin ! Une semaine après l’annonce, Parlons MotoGP se penche sur le sujet. C’était attendu ; Marc Márquez pilotera chez Gresini Racing l’an prochain, et lui aussi goûtera, comme son frère, aux joies de la Ducati Desmosedici. Depuis, la sphère MotoGP s’est enflammée. Alors, pourquoi pas nous joindre à la bataille dès aujourd’hui ? Analysons ensemble quelques points que peu ont soulevé concernant cette signature.

 

Marc Márquez champion du monde chez Gresini ?

 

J’ai recensé énormément d’avis très tranchés sur son choix d’équipe, et majoritairement, tous sont très positifs. Gresini a gagné le gros lot ; une équipe importante au vu du passé mais résolument familiale accueille l’un des plus grands de tous les temps, à un âge pas tant avancé. C’est du jamais vu dans l’histoire. Marc Márquez, lui, y trouve son compte car il sera sur une machine que l’on sait déjà compétitive, chose qu’il attend désespérément depuis son retour en 2021. Par ailleurs, nous avons longuement parlé du départ de l’octuple champion du monde de chez Honda dans un autre article que vous pouvez retrouver en cliquant ici.

 

Marc Márquez Gresini

Il y rejoindra son frère, qui a sans doute joué un grand rôle dans ce choix. Photo : Michelin Motorsport

 

De ce fait, il était difficile pour moi d’établir des enseignements, ou plus largement, de décrypter son choix car il semble tout à fait logique. Cependant, cela n’explique pas la réaction de beaucoup d’observateurs, parfois, même, de journalistes aguerris. Je vais être clair, et concis ; certains l’imaginent déjà en train de jouer le titre mondial.

Ainsi, j’aimerais, aujourd’hui, me positionner sur cette question : « Est-il réaliste d’en attendre autant ? » même si je conteste pas son génie. Pour moi, non, et je vais expliquer pourquoi en détail.

 

La grille a évolué

 

On voit tous que Marc Márquez est encore très fort. Sur l’une des pires machines de l’histoire de notre sport, il parvient à monter sur le podium au Japon, et même, à partir depuis la pole position au Portugal. Les coups d’éclats sont une chose, la course au titre, une autre. Selon moi, le niveau de la grille a évolué en deux temps bien distincts par rapport à ses années de domination. En 2021, d’abord, avec l’éclosion d’un nouveau Fabio Quartararo et d’un très bon – voire excellent – Pecco Bagnaia sur la fin de saison, et en 2022, avec la naissance du phénomène Enea Bastianini et l’affirmation de Jorge Martín sur les dernières courses.

Je pense que Marc Márquez, aussi grand qu’il soit ou qu’il fut, n’a jamais connu telle adversité depuis 2016. Pecco Bagnaia, le « Martinator » ou même Fabio Quartararo quand il est dans un bon jour sont des meilleurs pilotes que ne l’était Andrea Dovizioso en 2017 ou 2019. Et même si cette affirmation est subjective, contestable, le nombre de très bons pilotes n’a rien à voir.

 

 

Pour rappel, en 2019, un Fabio rookie sur une machine largement désavantagée a posé plus de problèmes à Márquez qu’un Dovizioso déjà double vice-champion du monde en titre. Je n’ai aucun doute sur le fait que cette fameuse « génération 2019 » soit aujourd’hui bien plus forte. Sans même parler de Pecco Bagnaia, je pense que Marc Márquez n’a jamais eu affaire à un pilote aussi rapide et explosif que Jorge Martín depuis au moins 2015. À armes égales, ou presque, je n’imagine pas un instant qu’il le domine de la tête et des épaules pour prendre sa place dans la hiérarchie.

 

La grille s’est « ducatisée »

 

La Desmosedici est meilleure que la RC213V, cela ne fait aucun doute. Mais beaucoup semblent omettre un détail loin d’être anodin ; la dévotion d’une marque. Chez Honda, Márquez était le n°1. Chez Ducati, il ne sera que le n°4 dans le meilleur des cas. Être pilote satellite implique aussi de subir la loi du constructeur, ses axes de développement, ses ambitions. Ducati n’avait pas besoin de lui pour empiler les titres.

 

Marc Márquez Gresini

Il n’a pas connu un beau week-end à Mandalika, avec deux chutes durant les deux courses. Photo : Michelin Motorsport

 

Pouvez-vous me donner une bonne raison pour laquelle Ducati favoriserait Marc Márquez plutôt que Bagnaia ou Bastianini dans une lutte pour un titre mondial ? Gresini est un client plus lambda sans attache historique avec Ducati (au contraire de Pramac), et du point de vue de la communication, rien n’est plus fort qu’un Italien qui gagne sur la moto rouge. Ça ne serait pas étonnant que la Desmosedici GP23 employée par Gresini Racing soit moins affûtée que ne l’était, par exemple, celle d’Enea Bastianini en 2022.

 

Qu’en attendre ?

 

Pour moi, tout repose sur son talent. À quel point Marc Márquez va-t-il s’engager ? L’idée d’un titre mondial, même si elle trotte toujours dans sa tête, est utopique. S’il se décide à pousser sur chaque séance, à jouer des coudes et à trop vouloir en faire, alors il ne sera jamais dangereux au général. En revanche, il peut réellement tirer un grand avantage d’une autre approche, celle qu’il avait lui-même embrassée fin 2022.

Aller vite, mais garder une marge de sécurité. S’il est en confiance et que sa vitesse naturelle lui permet de régulièrement jouer le top 5, le tout avec quelques victoires et de bonnes qualifications pour éviter le grabuge des premiers virages, alors il pourrait être l’invité surprise d’une course au titre. Les moyennes de points nécessaires pour être sacrées sont de plus en plus basses car les pilotes de plus en plus rapides, et donc, chutent plus. Je pense que Pecco, Jorge et même Enea (en se basant sur la saison 2022) sont des pilotes « plus actuels » mais aucun ne possède la capacité d’aller vite sans tomber que Márquez a démontré en 2019.

 

Conclusion

 

En clair, s’il décide de se lâcher totalement au guidon de la Desmosedici, de jouer les acrobates et de pousser jusqu’à la chute comme il nous a habitué depuis son retour en 2021, il n’y a aucune raison d’espérer quoi que ce soit, d’autant plus que Ducati n’hésitera pas à mettre le holà s’il est trop dangereux pour la marque. En revanche, si au contraire, il adopte une attitude plus discrète et intelligente, alors il pourrait profiter d’une situation exceptionnelle pour jouer tout devant au général. Mais en a-t-il réellement envie ? Seul lui détient la réponse.

Et vous, qu’attendez-vous de Marc Márquez chez Gresini ? Dites-le nous en commentaires !

 

Ne veut-il pas s’amuser de nouveau, tout simplement ? Photo : Michelin Motorsport

 

Photo cde couverture : Michelin Motorsport

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